Sofiene Hemissi : Une Appli Unique pour Connecter les 24 Ministères    Douanes : La Tunisie Vise 30 % de Numérisation des Procédures d'ici 2026    Le ministre de l'Economie a annoncé : Prochainement, certaines autorisations administratives seront abrogées    Arnaques en ligne en Afrique : une menace en pleine expansion    Fierté Nationale : La Tunisie Remporte 3 Médailles de Bronze aux Jeux Africains de la Jeunesse    Hommage à Amor Toumi: une vie dédiée à la pharmacie, à la santé publique et à l'action internationale    Météo en Tunisie : temps brumeux, pluies éparses la nuit    Rues sales = chiens agressifs...le doyen explique la cause    Dar Ben Abbes: Une résidence d'artistes inspirante à Téboursouk    Crise Pharmaceutique : Le Conseil des Pharmaciens Demande une Intervention Urgente du Gouvernement    Brouillard et Pluies : Alerte Météo pour Vendredi    L'huile d'olive tunisienne: de la qualité, fruit d'un savoir-faire millénaire (Album photos)    Les priorités stratégiques de la Grande Commission Tuniso-Algérienne    Sur quelles chaînes suivre le match Syrie – Maroc en direct ?    Tunis–Alger : une visite décisive pour relancer le partenariat stratégique    CAN 2025 : la liste officielle des joueurs de l'équipe nationale dévoilée    Mohamed Heni El Kadri : Pour une gouvernance moderne appuyée par la recherche économique    Hela Ben Hassine Khalladi: Lever les barrières    LEBRIDGE25 – Tunis : un événement pour connecter startups, entreprises et investisseurs    Hommage à Salem Loukil: La gestion par les valeurs... et le sourire    Météo en Tunisie : temps brumeux le matin et pluies éparses    Les actions opérationnelles pour démanteler l'économie de rente    Hajj 2026 : le coût du pèlerinage pour les tunisiens fixé par le ministère des affaires religieuses    Comment se présente la stratégie américaine de sécurité nationale 2025    Titre    Tunisie 2027 : Capitale arabe du tourisme et vitrine du patrimoine    La Chute de la Françafrique: Comment Paris a perdu son Empire Informel    Décès soudain de l'ambassadeur russe en Corée du Nord    Chrome booste le remplissage automatique : plus rapide et plus précis !    In mémorium - Hammadi Ben Saïd, un journaliste qui a honoré le métier    La photographie comme mémoire vivante: l'œil, le regard et la vérité    La résolution 2803 du Conseil de sécurité: Est-elle un prélude à une paix durable et juste à Gaza?    Un séisme de magnitude 5,8 frappe la Turquie    Le palais Ahmed bey à la Marsa célèbre le nouveau livre de Mohamed-El Aziz Ben Achour : La médina (Album photos)    Tahar Bekri: Je voudrais t'aimer monde    Hafida Ben Rejeb Latta chez les rotariens de Tunis, Carthage, la Marsa et Sousse (Album photos)    Match Tunisie vs Qatar : où regarder le match de Coupe Arabe Qatar 2025 du 07 décembre?    Entrée gratuite demain dans tous les sites historiques et musées : profitez-en !    JCC 2025, la Palestine au coeur des journées cinématographiques de Carthage : jury, hommages et engagements    Match Tunisie vs Palestine : où regarder le match de Coupe Arabe Qatar 2025 du 04 décembre?    Prix Abdelwaheb Ben Ayed de la Littérature 2025 : lauréats de la 5ème édition    La sélection tunisienne féminine de handball marque l'histoire : 1ère qualification au tour principal Mondial 2025    Des élections au Comité olympique tunisien    La Poste Tunisienne émet des timbres-poste dédiés aux plantes de Tunisie    Sonia Dahmani libre ! Le SNJT renouvèle sa demande de libération des journalistes Chadha Haj Mbarek, Mourad Zghidi et Bourhen Bssaies    Secousse tellurique en Tunisie enregistrée à Goubellat, gouvernorat de Béja    New York en alerte : décès de deux personnes suite à de fortes précipitations    Le CSS ramène un point du Bardo : Un énorme sentiment de gâchis    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



« Le Masque de l'Afrique », V.S. Naipaul et la spiritualité africaine
Littérature
Publié dans Le Temps le 20 - 01 - 2012

Dans son nouvel opus consacré à la spiritualité africaine, Naipaul renoue avec le récit de voyage, genre qui a fait la réputation de ce « maître styliste » de langue anglaise, prix Nobel de littérature 2001. Le Masque de l'Afrique est un livre original sur la nature des croyances africaines et la puissance nourricière de la pensée magique.
Sir V.S. Naipaul est considéré comme le plus grand styliste de langue anglaise. Cet écrivain d'origine indienne est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages, dont des romans, mais aussi des essais et des récits de voyage. Né à Trinidad où ses ancêtres avaient émigré au 19e siècle comme ouvriers sous contrat dans des plantations en manque de main-d'œuvre, l'homme s'est fait connaître en racontant les heurs et malheurs de son île natale, de sa communauté (hindoue) qui a réussi tant bien que mal à conserver, à quelques milliers de kilomètres de l'Inde ancestrale, ses traditions, ses croyances, ses religions.
Un essai d'anthropologie religieuse
Naipaul a aussi établi un lien profond avec l'Afrique, continent où il a mis les pieds pour la première fois en 1966 lorsqu'il fut accueilli à l'université Makerere à Kampala (Ouganda) comme écrivain résident. Depuis, il n'a cessé de sillonner les routes du continent noir, en en faisant l'une des trames majeures de ses écrits. Ainsi, l'Afrique a inspiré à Naipaul quelques-uns de ses plus beaux livres : A la courbe du fleuve (1979) et plus récemment Moitié d'une vie (2001). L'action de ces romans se situe en Afrique, non pas dans une Afrique fantôme mais dans des pays réels où les personnages évoluent au contact des hommes et des paysages - jamais réduits à leur dimension exotique comme dans tant de récits européens sur l'Afrique.
Le dernier opus africain de ce grand anglophone ne déroge guère à la règle. Le Masque de l'Afrique est un essai d'anthropologie religieuse animé par l'ambition de Naipaul de comprendre la nature de la spiritualité africaine. Il veut « remonter aux fondements », a-t-il expliqué, aux racines de cette pensée magique dont il a pu constater derrière ses manifestations ritualisées la puissance et souvent la beauté.
Il y a à la fois du film Avatar (James Cameron. 2009) et du livre Au cœur des ténèbres (Joseph Conrad. 1899) dans cet ouvrage. L'intérêt pour le mysticisme africain y cohabite avec une dénonciation du chaos et des ténèbres, dans le plus pur style conradien dont Naipaul est un grand admirateur. Pourtant Le Masque de l'Afrique qui est un magnifique récit de voyage à travers le continent noir ne manque pas d'empathie. Tout en inscrivant son livre dans la continuité d'un Conrad acerbe et désillusionné sur la capacité de l'homme de s'élever au-dessus du mal qu'il porte en lui, Naipaul ouvre son récit sur la compréhension poétique de la place du surnaturel et de l'irrationnel dans l'imaginaire contemporain africain. Il va jusqu'à faire de la magie et du Mumbo Jumbo des éléments d'une identité moderne et en devenir.
Le livre compte six chapitres, un pour chacun des six pays visités. De l'Ouganda à l'Afrique du Sud, en passant par le Nigeria, le Ghana, la Côte d'Ivoire et le Gabon. Naipaul y visite les lieux sacrés, les autels, les sanctuaires, les temples, il assiste à des sacrifices, des cérémonies. Il les décrit, les raconte, n'hésitant pas à dire l'admiration que certains de ces lieux suscite en lui, comme le sanctuaire sylvain yorouba dans l'Etat d'Osun, au Nigeria [« Le bois sacré m'a coupé le souffle »].
Une série de rencontres
Pour la signification des cérémonies, il s'appuie sur les explications fournies par les spécialistes, les « informateurs », qui l'accompagnent, mêlant les doctrines religieuses à la vie et la vision de ses interlocuteurs. C'est la technique naipaulienne par excellence où les scènes, les situations sont filtrées et éclairées par le vécu et le ressenti, mais aussi par l'histoire, la vie politique, la sociologie. Le romancier ressasse parfois ses intuitions passées portant sur l'effondrement des Etats postcoloniaux, « l'impasse de la vie instinctive », les idéologies nationalistes étriquées qui n'ont servi qu'à enrichir les Mobutu et les Museveni. Soit, un ensemble riche et pluridisciplinaire qui ne s'éloigne pas pourtant de l'ambition première de l'auteur d'explorer, de comprendre les croyances animistes qui ne sont pas théorisées par une Eglise ou dans un livre sacré, mais qui nourrissent tous les aspects de la vie contemporaine.
Ce livre se présente aussi comme une série de rencontres. Rencontres avec des hommes et femmes ordinaires et extraordinaires, qui ont permis à l'auteur de mesurer le chemin parcouru par les sociétés africaines depuis ses premiers périples à travers le continent noir dans les années 1950. Naipaul a rencontré Winnie Mandela en Afrique du Sud, Jerry Rawlings au Ghana, mais l'essentiel de son livre est construit sur des rencontres avec des gens ordinaires dont la perspicacité, l'intelligence illuminent les pages de ce livre voyage et ouvrent des perspectives inattendues sur l'Afrique en devenir où on est passé des illusions et des faux-semblants à une idée de possibilité réelle de renaissance. Une possibilité qui puise sa force, selon l'auteur, autant dans la modernité venue de l'Occident que dans la spiritualité endogène incarnée par le goût de l'Afrique pour la magie, le surnaturel et l'idée consubstantielle de dépassement de soi. (RFI)

Le Masque de l'Afrique. Aperçus de la croyance africaine, par Vidiadhar Surajprasad Naipaul. Traduit de l'anglais par Philippe Delamare. Grasset, 324 pages.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.