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L'Islam tunisien et la Révolution: La tactique du «faire avec» et la stratégie absente
La chronique de Youssef SEDDIK
Publié dans Le Temps le 10 - 02 - 2012

J'ai eu le plaisir et même l'honneur d'être invité ces jours derniers par les représentants au sommet d'un parti de l'opposition pour réfléchir avec d'autres invités, militants et penseurs indépendants, sur ce nouveau et vieux casse-tête à la fois qu'est l'Islam politique. Toutefois, je ressentais une gêne vague et diffuse au cours de cette réunion et même après.
Ce que je vais ici expliquer et tenter de dissiper. Ce n'est pas tant les tours de tables successifs qui m'embarrassaient où chacun me paraissait partir d'une idée acquise, établie et qu'il essayait de justifier, de consolider contre l'idée d'en-face. Ce n'est pas tant les convictions et les « quant à soi » qui me donnaient l'impression d'une rencontre inutile et forcément inféconde que la disparité de la culture et les références de chacun pour argumenter et persuader. Le moment le plus problématique pour moi était cette intervention fort bien construite d'un universitaire se présentant comme un militant du PDP et qui a soutenu que le moment n'était pas celui de « l'élite » du Savoir sur l'Islam mais plutôt d'une tentative de récupération de la question religieuse pour l'arracher à l'adversaire, Ennahdha en l'occurrence. L'intervenant a poursuivi en préconisant que l'opposition devrait accueillir en son sein des imams pour polémiquer avec succès et, peut être, gagner la bataille contre les salafistes et autres partisans de l'institution de la chari'a comme fondement de la vie politique. En conclusion, ce même orateur a cité un échange entre Diderot et la tsarine Catherine II de Russie, renvoyant l'illustre penseur à ses calepins et ses fiches de l'Encyclopédie pour lui lancer que, elle , gravait ses actes et ses décisions « sur la peau dure » de l'Histoire. C'était un moment crucial, pour moi qui me décidait à considérer vaines de tels conciliabules et de continuer à préférer la place de Diderot et de détester celle de l'impératrice dont le seul dessein était de garder son statut de despote et son sceptre d'autocrate.
Pour revenir au contexte de cette rencontre, j'indique que pour nous gens de « l'élite » comme nous a désignés ce militant du PDP qui m'a fait l'honneur de me citer avec M.Arkoun, M.Charfi, M.Jaiet, cette question de l'Islam et son incrustation dans le débat et le vécu politique a toujours fait partie de notre « boulot » à la fois comme chercheurs et comme citoyens. A aucun moment quand nous travaillions sur le personnage historique du prophète muhammad, sur la Grande Discorde (al-Fitna al-Kobra) sur la recollection du coran révélé devenu Muçhaf ou alors plus proche de nous sur la pensée et l'action de Muhammad Iqbal du mouvement de la Renaissance animée par Afghani et Abduh, à aucun moment nous n'oublions de projeter ce Savoir apparemment trop théorique pour les paresseux, sur l'actualité et sur l'histoire immédiate. Nous étions et nous sommes toujours ces « intellectuels organiques » dont a parlé Antonio Gramsci, sauf que nos politiciens arabes et tunisiens n'ont jamais pu se doter de cette vision stratégique qui puise de la pensée de quoi alimenter l'action ponctuelle et la tactique militante.
Jugez plutôt : Lors de mon court passage à Paris en ce moment, j'ai rencontré plein de Tunisiens et Tunisiennes jeunes et moins jeunes qui m'ont révélé la profondeur de la crise politico-intellectuelle dans laquelle ont sombré nos laïcs et progressistes d'hier. Ceux-là que la seule mention du mot « Islam » irritait ou même dégoûtait quand elle intervenait dans une discussion politique. Désenchantés et désemparés par l'ampleur de la victoire islamiste en Tunisie et partout dans l'espace dit des « printemps » arabes, vacillant sous le coup de cet uppercut historique, ils peinent à retrouver leurs sens, voire leur bon sens, en se précipitant sur les écrits de ces penseurs de l'Islam qu'ils méprisaient jadis tout comme Catherine II de Russie, moquait l'auteur de La Religieuse et du Neveu de Rameau. Les langues ont fini par se délier et des voix sincères et « repentantes » m'ont avoué que plusieurs de mes amis de toujours, avant les élections du 23 octobre, avaient répandu partout que je m'étais « converti » à l'islamisme et que seuls mes « propos ouverts » adressés à M.Rached Ghannouchi, publiés ici même au lendemain du procès de la chaine Nessma les ont fait revenir à de meilleurs et plus justes sentiments à l'égard du citoyen que j'étais et demeure.


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