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Censure au pays de Voltaire
Signe des Temps ?
Publié dans Le Temps le 11 - 02 - 2012

«Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.» Voltaire. L'humoriste français Stéphane Guillon vient de voir l'affiche de son prochain spectacle retirée du métro parisien, collée quelques heures avant d'être arrachée. Le titre, «En mai 2012, Stéphane Guillon s'en va aussi», est illustré par l'image de l'humoriste faisant la révérence au milieu de la scène, allusion au départ possible du président Nicolas Sarkozy à l'issue des élections du 6 mai 2012.
C'est la régie publicitaire de la RATP, Métrobus (groupe Publicis) qui a pris la décision de retrait : «Cette campagne a été retoquée au niveau de l'accroche. Notre direction juridique a estimé que cela n'entrait pas le cadre de notre convention avec la RATP. Nous devons nous abstenir de toute communication à caractère politique ou religieux, surtout en période électorale».
Stéphane Guillon crie aussitôt à la censure, relayé par nombre de commentateurs qui lient cette décision à la campagne présidentielle et rappellent que l'humoriste a déjà été évincé de France Inter, radio du service publique où il tenait une chronique régulière, après plusieurs papiers au ton caustique et provoquant à l'égard des politiques et notamment de Nicolas Sarkozy. Cette décision de la direction de France Inter avait provoqué un débat sur le respect de la liberté d'expression et l'indépendance du service public en France par rapport au gouvernement et relancé la question de la nomination des responsables du service audiovisuel public par le président de la République.
Le président de Métrobus, Gérard Unger, a défendu sur Europe 1 Midi cette décision : «Nous sommes en période électorale, la RATP est un service public soumis à la règle de neutralité. On ne peut pas imposer un avis au public. Il y a un problème d'équilibre, tout le monde devrait en prendre pour son grade.»
Seulement, cette idée est critiquée par l'humoriste qui considère que « l'affiche n'est pas agressive. Elle renvoie effectivement au fait qu'après mai 2012 j'arrête ce spectacle. Sur les murs du métro, on peut voir actuellement des publicités pour le théâtre des Deux-Ânes avec une affiche qui représente le président et son épouse. Il s'est forcément passé quelque chose entre le moment où la RATP a d'abord décidé de procéder à l'affichage puis de me censurer. Bien évidemment, nous ne nous y sommes pas pris au dernier moment pour lancer cette campagne dans le métro ! Qui se sent morveux se mouche.»
Deux syndicats de la RATP, Sud et le SAT, ex-UNSA, qui ont dénoncé des dysfonctionnements au sein du CE de la Régie, sont venus à la rescousse de l'humoriste. Ils ont décidé de distribuer les affiches dans le métro aux 55 000 salariés de la Régie et de les apposer sur les panneaux syndicaux.
Dans les milieux syndicaux, la tendance est à la contestation de cette décision. «La raison invoquée par la direction pour censurer Guillon est totalement fallacieuse. La RATP relaie dans notre revue de presse interne uniquement la politique gouvernementale. Même quand la Cour des comptes a révélé les turpitudes du CE et la passivité de la direction, on a eu droit à la parole du gouvernement sur les mesures à prendre», explique Mourad Ghazli, du SAT-RATP, sous le coup d'une procédure de licenciement pour «abus de liberté d'expression».
Stéphane Guillon, qui vient d'être récompensé par le trophée du meilleur «one man show» de la 7e cérémonie des Globes de Cristal, prix décerné lundi 6 février par la presse française dans douze catégories artistiques et culturelles, vient de recevoir un appui de taille : la société d'affichage JC Decaux.
JC Decaux a confirmé, via les attachées de presse de l'humoriste de l'agence 96B, après validation par son comité d'éthique, la diffusion de l'affiche du spectacle de Stéphane Guillon dans son intégralité et sur tous ses supports urbains, infirmant par là l'argument invoqué par Métrobus selon lequel le titre du spectacle de Stéphane Guillon serait trop politique.

Ces affiches qui fâchent

A la suite de la censure de l'affiche de Stéphane Guillon, d'autres affiches, de film cette fois-ci, ont été retirées des espaces publics. Celles du film Les infidèles, joué par Jean Dujardin qui a reçu récemment un Golden globe du meilleur acteur et une nomination aux Oscars dans la même catégorie et une affiche du film Millenium, interprété par Daniel Craig.
Le lancement du film Les infidèles, dont le sujet porte sur l'adultère et les infidélités, a mobilisé, fait peu commun, quatre affiches différentes dont deux ont été jugées choquantes et sexistes et ont été ainsi retirées. L'affiche de Millénium montrant une femme à la poitrine nue, d'abord interdite aux Etats-Unis, a été remplacée en France par une autre. Au-delà de ces faits anecdotiques, il y a une tendance liberticide rampante qui s'installe dans la culture française et qui tend à revenir sur certaines « avancées » de la modernité, renforcée par la culture soixante-huitarde. Depuis les affaires des œuvres littéraires classiques du XIX° siècle comme Le Rouge et le Noir de Stendhal ou Madame Bovary de Flaubert qui mettent en scène l'adultère des femmes, voilà que le XXI° siècle rechigne à montrer l'adultère de la gente masculine.

La cigarette à l'affiche

Outre les affiches qui tombent sous le coup de la censure pour leur caractère trop violent, trop sadique ou trop pervers, qui illustrent les films de science fiction, d'horreur ou certains films policiers, une tendance nouvelle s'installe particulièrement en France : censurer la cigarette à l'écran.
C'est le cas du film sur la vie de Serge Gainsbourg, «Gainsbourg vie héroïque», sorti en 2010, dont l'affiche a dû être aussi être modifiée pour y supprimer la cigarette. Mais on y laissa la fumée sortir de la bouche de l'acteur. Tant qu'on ne voit plus la cigarette, la publication est permise.
En 2009, l'affiche de «Coco avant Chanel» montre Audrey Tautou cigarette à la main. L'affiche qui, dans un premier temps avait réussi à sortir, a été obligatoirement changée pour laisser la place à une autre jugée plus acceptable.
Mais, la censure, même contrôlée dans un système démocratique, peut verser dans le ridicule. Lors de l'exposition de Tati à la Cinémathèque française, on alla même jusqu'à trafiquer une image du film substituant la fameuse pipe de Tati par…un moulin à vent ! Ce comble du ridicule amena les députés à réviser un aspect de la loi Evin concernant la promotion du film pour permettre aux affiches de laisser apparaître les cigarettes.

Contre la violence

Certains thèmes de films jugés trop violents sont très contrôlés dans leur phase de promotion. Des affiches sont retirées, d'autres sont retouchées pour cadrer avec les directives légales auxquelles doivent se soumettre les annonceurs. Mais parfois, un excès de contrôle se transforme en affaire…politique.
En 2005, lors de la sortie de «The Road to Guantanamo», un film «choc» qui traite des prisonniers de l'armée américaine de l'ile cubaine de Guantanamo, l'affiche du film où On voit un prisonnier de l'armée américaine pendu par les bras, cagoule sur le visage, a fortement choqué, rappelant les tortures de la prison d'Abou Ghrib par l'armée américaine. Elle a dû être changée pour « alléger » son effet.
Cette tendance liberticide qui s'installe en France est confortée par les différentes enquêtes d'opinion qui montrent une évolution marquée vers un comportement plus « moral », plus conservateur du public français qui n'accepte plus facilement d'anciennes attitudes. Evolution qui accompagne manifestement le vieillissement de la population. On est loin de la fameuse parole de Voltaire mise en exergue.


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