Malgré la multiplication des activités politiques samedi dernier, l'Assemblée constituante civile a tenu sa réunion plénière à Tunis devant une présence massive de ses membres. Les trois objectifs à l'ordre du jour de cette réunion étaient l'adoption du règlement intérieur, l'élection du bureau de la Constituante et le lancement des travaux des commissions. Le règlement intérieur adopté, les membres présents, plus de 150 ont procédé à l'élection des membres du bureau. L'exception à la règle c'est qu'il n'y avait pas de président, secondé par un vice-président. L'option a été prise pour une co-présidence, un homme et une femme. Les deux élus sont Slaheddine Jourchi, un militant des Droits de l'Homme, islamiste, progressiste modéré et Mme Majida Boulila, une militante de Sfax, parente de la martyre Majida Boulila, décédée en 1952 en plein mouvement de Libération nationale. Deux suppléants sont élus pour seconder les deux présidents. Mohamed Bougares, originaire de Zaghouan, est un syndicaliste de l'UGTT et ancien membre actif du mouvement estudiantin. Nidhal Kéfi, qui est au début de sa vie professionnelle est une des figures apparues après la Révolution du 14 janvier. La parité totale est convenablement respectée dans la composition de ce bureau. Un échantillon de trois générations y figure. Ils appartiennent, à diverses sensibilités. Les cinq commissions ont déjà commencé leurs travaux. Mohsen Marzouk et Sana Ben Achour, initiateurs de l'idée de créer une Constituante civile, y assistent comme simples membres. C'est la preuve qu'on peut avancer une idée sans chercher à se l'approprier. On s'attend à ce que les membres du bureau, rencontrent prochainement Mustapha Ben Jaâfar, président de la Constituante, un geste de bonne volonté de nature à asseoir de bonnes relations de coopération avec les deux instances. Majida Boulila, nouvelle présidente de la Constituante civile, anime depuis 1993 un club culturel féminin à Sfax. Il s'est mué en mixité, après la Révolution pour permettant aux « hommes et femmes, tous ensemble de défendre les acquis modernistes de la société tunisienne », dit-elle. Elle considère que la Constituante civile est un espace organisé qui participe à la transition démocratique par l'apport de plusieurs membres actifs de la société civile. « Ce n'est pas un espace parallèle qui freinerait ou contrôlerait le travail de l'Assemblée Nationale Constituante », avance -t-elle. Le travail dans les régions est très important. En plus, les Tunisiens à l'étranger ou dans le pays peuvent participer à distance au travail de la Constituante à travers la Constituante virtuelle Karari.org. Le rôle astreint à la Constituante civile est « une opération d'éducation et d'initiation à la pratique démocratique ». Une pression peut être exercée sur la Constituante élue, dans certains points de la future constitution. Associer le citoyen est nouveauté singulière et pratique de laquelle il était exclu avant. « Les associations sont unies pour consacrer la participation des citoyens dans plusieurs sujets comme la Santé, le Code de Statut Personnel (CSP)… Majida Boulila étant à Sfax, va mettre sur pied une Constituante régionale. Les régions s'attelleront à transmettre le fruit de leur labeur à Tunis. Les positions prises par la Constituante civile, seront transmises à l'Assemblée Nationale Constituante élue. « Le choix d'une femme, de l'intérieur du pays comme co-présidente de la Constituante civile consacre une vision progressiste qui n'exclut pas les régions et une reconnaissance du rôle de la femme dans la société civile », affirme la nouvelle présidente. C'est avec beaucoup d'émotion qu'elle évoque sa parente Majida Boulila décédée en 1952. Elle avait milité côte à côte avec l'homme lors du mouvement de Libération Nationale. Elle avait ouvert sa maison pour l'enseignement des jeunes. Assignée à résidence surveillée à Téboursouk, elle s'éteignit décédé après avoir accouché dans de très mauvaises conditions à Sfax.