Déclaré illégal par le tribunal de première instance de Tunis en mai 2011, le « Parti Pirate Tunisien », conscient du rôle positif qu'il a à jouer sur la scène politique tout autant que les autres partis, a interjeté appel dudit jugement. Devant la cour, son représentant légal s'est déployé à démontrer que le but du parti est de défendre les valeurs de la démocratie et de la Justice. Le PPT a été créé en 2010, et bien évidemment le visa lui a été refusé par le ministère de l'Intérieur de l'époque. Sa notoriété est due à l'arrestation de plusieurs de ses membres lors des manifestations de 2010 qui ont précédé le 14 janvier, dont Slim Amamou le célèbre blogueur qui a été choisi par le premier chef du gouvernement provisoire, pour le poste de secrétaire d'Etat à la Jeunesse et au Sport. En fait ce n'est ni un parti de gauche , ni un parti de droite, les thèses qu'il préconise pouvant appartenir à l'une ou l'autre des deux tendances. Les partis pirates ne ressemblent pas aux autres partis politiques, qui sont connus pour suivre une ligne politique déterminée. Tout ce qui est de nature à consolider la démocratie et les libertés est bon à prendre, pour un parti pirate.
Piraterie et droit à l'information
Comme son nom l'indique, un parti pirate ne recule pas devant l'accès aux informations, par tous les moyens, dont notamment par la piraterie informatique ou autres, pourvu d'accéder au meilleur moyen pour la recherche de la vérité. Ce qui est juridiquement réprouvé, car le droit à l'information, doit s'exercer dans la limite de ce qui est concédé par les lois et les règlements. Lorsque l'accès à l'information porte préjudice à autrui, il constitue une infraction réprimée par la loi. C'est en fait le dilemme pour tous les partis pirates dans le monde. A titre d'exemple, le parti pirate suédois, qui héberge entre autres Wikileaks, après avoir remporté 7,1% des voix aux élections européennes a essuyé un échec, lors des élections locales en ne remportant que 1% des voix ! Certes l'accès à l'information et à la connaissance est nécessaire, mais encore faut-il qu'il respecte les droits et libertés fondamentales, reconnus par les lois en vigueur. C'est d'ailleurs sur cette base que le recours du Parti Pirate Tunisien a été rejeté par la cour d'Appel, laquelle a confirmé le jugement de première instance, déclarant ledit parti illégal. Ahmed NEMLAGHI