Nouvelle démonstration à ceux qui accusent toujours la presse et les télévisions d'hostilité à l'égard du gouvernement et de la Nahdha, en revenant sur les programmes d'avant-hier (22 mars 2012) à l'heure de pointe optimale c'est-à-dire, après le fatidique « 20H ». Sur Hannibal un débat avec la présence de M.Sahbi Atig qui trône à la Constituante sur la majorité nahdhaouie et d'un autre islamiste encore plus orthodoxe (mon Dieu où allons-nous), vice-président d'une association des prédicateurs et ulémas « tunisiens » auxquels s'ajoutent les « Douaâts » d'Orient bien décidés à talibaniser la Tunisie ou ce qu'il en reste, avec la bénédiction de ceux qui leur délivrent des visas en plus du tapis rouge. Puis, presque au même moment sur la Nationale « deux », un débat avec M.Lotfi Zitoun, ministre conseiller et dirigeant de la Nahdha et puis juste après Samir El Wafi (Assaraha-Raha), nous rediffuse son entretien, passionnant il est vrai, avec M.Ali Laâridh, ministre de l'Intérieur et numéro « 3 » de la Nahdha, après Cheikh Rached et Si Hamadi Jebali, Premier ministre. Nous disons cela à l'adresse de ceux qui continuent à présenter la presse nationale de « honte » (Sahafat El Aâr). Mais, alors, pourquoi ne demandent-ils pas aux dirigeants et leaders de la Nahdha de ne plus se produire sur les plateaux de la « télévision de la honte » tant qu'on y est ! Dieu pardonnez leur, ils ne savent pas ce qu'ils font ! Je ferme la parenthèse et je reviens un peu au contenu des débats précités et les conclusions qu'on peut en tirer. Premièrement, il s'avère de plus en plus que l'on est en présence d'au moins trois mouvances de la « Nahdha ». Celle des doctrinaires, celle des hommes d'appareil et celle des gestionnaires et hommes d'Etat ! Pour les doctrinaires et au vu des débats, Ennahdha est toujours, jusqu'à preuve du contraire, un mouvement politique (Madani) d'essence civile et avec un référentiel islamique. Le Cheikh Rached et Ali Laâridh auxquels s'ajoute M.Samir Dilou développent presque toujours cette vocation. C'est l'aile libérale d'Ennahdha. Les hommes d'appareil sont quant à eux plus manœuvriers et plus royalistes que les rois. Ils n'hésitent pas à brasser large pour englober et faire du pied aux Salafistes les plus engagés. Pour eux, comme pour les salafistes, la « Chariaâ » est une exigence populaire et M. Atig répète tout le temps que les musulmans de ce pays veulent être « rassurés » sur leur Islam comme si Saint Louis le Croisé était aux portes de Carthage ! Cependant M. Atig développe une thèse plus intéressante et plus légitime, en affirmant que la « modernisation » et même les courants de gauche sont responsables de l'absolutisme et de la dictature des « cinquante dernières années », comprenez que l'ère Bourguiba était aussi dictatoriale ! que les historiens et les politistes se mettent au boulot. Ils ont du pain sur la planche ! Pour notre part, nous avons déjà développé une thèse parallèle et corrigée, que M. Atig nous pardonne, en faisant valoir que le vote du 23 octobre dernier est venu sanctionner la « modernisation » mafieuse et totalitaire de Ben Ali. Là le débat est sérieux quant aux sources de l'absolutisme en Tunisie et dans le monde arabo-musulman. Qui en est responsable… Est-ce la modernité ou l'obscurantisme religieux et la décadence de l'Etat islamique médiéval comme l'a souligné pertinemment le professeur-doyen Abdelmajid Charfi sur le même plateau. J'en arrive en fin à ceux parmi les dirigeants de la Nahdha qui commencent à vivre l'épreuve du pouvoir et qui sont confrontés à la « raison d'Etat » et ses contraintes. A notre humble avis, M. Jebali , Premier ministre et Ali Laâridh sont entrain de réussir leur métamorphose. M.Jebali démontre une bonne générosité dans l'effort et il parle très peu de religion au niveau dogmatique ce qui lui donne la latitude de se présenter comme « gestionnaire » du gouvernement. Mais pour peser davantage il devrait d'abord se méfier de « ses » hommes. Machiavel dans son « Prince » disait bien qu'on « reconnaît un bon prince à son entourage ». Et puis, de donner plus le « la » aux ministères de développement. Un de ces prédécesseurs et pas n'importe lequel, feu Hédi Nouira, a mis au placard les idéologies de son parti le « destour » après Ben Salah, pour mettre au premier plan les ministères et les ministres de développement avec feu Hassen Belkhodja, Mansour Moâlla, Tijani Chelly et bien d'autres. C'est la clef de sa réussite et le pays a fait une progression gigantesque avec lui. Le Premier ministre Jebali doit broder là-dessus et à notre avis, il réussira. C'est du moins ce qu'on lui souhaite. Après tout, le pays en a besoin. Je conclus enfin avec Si Ali Laâridh, ministre de l'Intérieur. D'abord, il faut lui reconnaître d'avoir évité la « revanche » contre un corps qui lui a fait subir les pires exactions. Le dépassement de soi a toujours été la grande qualité d'un homme d'Etat et Si Ali a du mérite. Cependant, sa démonstration sur la différence entre les salafistes « non violents » et les « jihadistes » « armés » ne tient pas la route. Tous les extrémistes de gauche comme de droite, commencent par l'intolérance idéologique et dogmatique pour finir dans la rébellion « armée » ! Des brigades rouges italiennes, aux « farks » boliviens en arrivant à « El Qaïda », tous ces extrémismes ont connu le même cheminement qui veut imposer le changement politique par la violence. Pour la fin disons que le « grand oral » pour tout le monde et la grande épreuve pour la Tunisie d'aujourd'hui, c'est de prouver notre capacité réelle et irréversible de construire un Etat démocratique avec un gouvernement civil et moderniste sans porter atteinte à notre identité arabo-musulmane. Il n'y a pas de démocratie sans alternance et seule l'alternance pacifique est démocratique !