Cela s'est passé sans incidents, ce qui veut dire que, par ricochet, des consignes précises ont été données dans ce sens. Mais l'UGTT qui croyait mener le bal, dédaigneusement distante vis-à-vis des deux autres syndicats, n'a pu accaparé l'exclusivité de l'événement parce que le parasitage politicien a investi la déferlante humaine et que les milices donnaient l'impression de s'être charitablement abstenu, de réagir, se limitant à dresser le rituel bouclier devant le ministère de l'Intérieur. C'est, sans doute, la première fois depuis Hached que le 1er mai se déploie avec une telle capacité mobilisatrice comme hier. Mais, le côté hétéroclite de la marée humaine faisait que la partition programmée par l'UGTT aura tout bonnement tourné à la cacophonie dès lors que le leitmotiv revendicatif autour de l'emploi – c'est l'essence même du 1er mai – s'est noyé dans une certaine tendance à communiquer politiquement de la part des partis politiques. Est-ce, peut-être là que le pamphlet de Houssine Abbassi à l'endroit du gouvernement tout autant qu'à celui de l'opposition, se justifie dans une certaine mesure. Car tout un chacun sait que la question du chômage est reléguée aux calendes grecques par un gouvernement en pleine ivresse du pouvoir, déversant ses délectations jaculatoires, mais cultivant aussi de la paranoïa pour peu qu'il est interpellé sur son aliénation dévote à Ennahdha. Le même reproche, mais asymétrique peut-être, adressé à l'opposition, paranoïaque elle aussi, mais qui a tendance à faire dans la victimisation. Quels plans, donc, pour le chômage ? Que prévoit-on pour 1 million de chômeurs ? La réponse ne viendra pas du 1er mai. Mais personne n'est, pour l'heure, capable d'avancer ne serait-ce qu'une ébauche de solution. Regardez le manège quotidien à la Constituante et vous comprendrez à quel point les questions marginales qu'on traite abusivement dans l'hémicycle ont tendance à flouer les repères gouvernementaux que Hamadi Jebali n'arrive toujours pas à identifier puisque l'endoctrinement de certains parmi ses conseillers, tout dévoués au Guide suprême, Cheikh Rached, amputent l'action gouvernementale de son fondement premier : la bonne gouvernance. La situation économique est intenable et son corollaire reste le chômage, source patente d'explosion sociale. Encore heureux que l'UGTT et l'UTICA aient transcendé leur conflit « congénital ». Mais le gouvernement doit s'y mettre et il est temps que Hamadi Jebali s'entoure de véritables économistes. Et qu'il apprenne à gouverner plutôt que de subir et ensuite distiller les théories sur les médias, sur l'information publique, sur la diabolisation des chefs d'entreprise, parce que les Nahdhaouis se sont portés candidats à la sainteté. Raouf KHALSI mowatin tmc tmc