Premier et seul pays ayant effectué, dans l'antiquité, des échanges commerciaux avec les pays d'Afrique subsaharienne, grâce à la célèbre mission carthaginoise conduite par Hannon et grande plate-forme du commerce caravanier trans-saharien, au moyen âge, la Tunisie cherche à renouer avec ces traditions séculaires en décidant de développer comme il se doit ses relations commerciales avec les pays africains.
Dans cet esprit, à l'initiative du ministère des Affaires étrangères et du ministère du commerce et de l'artisanat, un séminaire d'information sur la promotion des exportations des biens et services tunisiens à destination des pays africains s'est tenu, récemment, au Centre de promotion des exportations (CEPEX), à Tunis, avec la participation d'une dizaine d'ambassadeurs tunisiens accrédités dans divers pays africains et de plusieurs cadres du ministère du commerce et de l'artisanat et des organismes et structures de soutien au commerce extérieur qui en relèvent dont le CEPEX, outre un grand nombre d'hommes d'affaires et d'exportateurs tunisiens opérant dans l'aire maghrébine et africaine.
Doubler le volume des exportations vers l'Afrique en cinq ans
En effet, il s'agit d'impulser les exportations tunisiennes vers les pays maghrébins et les pays africains subsahariens. Or, au moment où l'Afrique en pleine reconstruction politique, économique et sociale et toujours aussi forte des ses énormes richesses naturelles suscite un intérêt croissant chez les grands pays, la part des Etats africains dans le commerce extérieur de la Tunisie est restée très faible, représentant à peine 0,8% de l'ensemble de nos échanges commerciaux avec l'extérieur et 1,2% de nos exportations, malgré l'augmentation de 28% enregistrée par leur volume, en 2006. Un plan d'action quinquennal a été, donc, arrêté par le ministère du commerce et de l'artisanat en vue de doubler le volume des exportations tunisiennes vers les pays africains et le porter à 2,4% du volume global des exportations tunisiennes à l'orée de 2011. C'est que la zone maghrébine ne draine encore que 8% des exportations tunisiennes, contre 77% pour l'Union Européenne. Toutefois, dans ce tableau, la Libye occupe une place exceptionnelle et a été citée en exemple, car la Libye est le cinquième client de la Tunisie , dans le monde, après la France , l'Italie, l'Allemagne et l'Espagne. A eux seuls, ces cinq pays attirent 74% des exportations tunisiennes. Dans ces conditions, bien que paraissant modeste dans l'absolu, l'objectif de doubler le volume des exportations tunisiennes vers les pays africains en le portant à 2,4% du volume global des exportations est ambitieux.
Savoir mettre à profit le Capital d'estime
Cependant, en ouvrant le séminaire, le ministre du commerce et de l'artisanat, Mondher Zénaidi, et le secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères chargé du Maghreb et de l'Afrique, Raouf Basti, se sont montrés optimistes, disant compter beaucoup sur la bonne réputation dont jouit la Tunisie auprès de l'ensemble des pays africains pour atteindre ce but. Le plan d'action arrêté à cet effet entend d'ailleurs valoriser ce capital d'estime dont se prévaut la Tunisie en Afrique, puisqu'il accorde une bonne place à l'action des représentations diplomatiques et aux opérations à caractère promotionnel. D'après ses grandes lignes révélées par le ministre du commerce et de l'artisanat, ce plan a aussi le mérite d'être global et de ne négliger aucune action propre à contribuer à la promotion des produits tunisiens en biens et services dans les pays africains. Pour garantir l'efficacité voulue à ce programme d'actions, une première tranche de 10 à 12 pays va être ciblée en priorité durant les cinq prochaines années, à raison de deux pays par an, et comprenant des partenaires traditionnels comme le Sénégal, le Mali, ainsi que de nouveaux marchés comme l'Angola, le Congo, la Côte d'Ivoire, la Guinée équatoriale, le Cameroun, le Tchad, Serra Leone, le Niger et autres pays. Un intérêt particulier sera prêté à l'amélioration du cadre juridique régissant les relations commerciales avec les pays africains. La Tunisie a conclu 16 accords avec les pays africains mais il s'agit d'accords ordinaires ne prévoyant aucun avantage préférentiel. Or, les pays africains sont pour la plupart rassemblés actuellement dans des groupements régionaux et il va falloir renouveler ces accords dans des cadres vastes et sur des bases plus avantageuses pour la Tunisie. Un autre axe du plan consiste à promouvoir, en même temps, les importations tunisiennes à partir des pays africains.
2008, année de l'Afrique Le Salon international des Services à l'Exportation (SISE) que la Tunisie organise tous les deux ans avec la participation des pays africains peut, aussi, jouer un rôle plus actif dans ce domaine. La prochaine édition prévue pour 2008 pourrait être une occasion pour abriter une conférence des ministres africains chargés du commerce. Dans ce contexte, l'Organisation patronale tunisienne, l'Union tunisienne du commerce et de l'artisanat (UTICA) a décidé de faire de l'année 2008, l'année de l'Afrique en invitant près de 300 opérateurs et hommes d'affaires africains à effectuer une visite d'exploration en Tunisie pour nouer des contacts d'affaires avec leurs homologues tunisiens. Une commission de suivi a été, d'ores et déjà, créée, au sein du ministère du commerce et de l'artisanat pour veiller à la mise en application du plan de promotion des exportations tunisiennes vers les pays africains qui constituent un marché de 720 millions d'habitants et devraient réaliser, d'après les prévisions, durant les prochaines années, des taux de croissance record estimés à près de 6,5%.