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Par : Mansour Maâlla
L'Union ou l'Inconnu
Publié dans Le Temps le 06 - 06 - 2012

Le « provisoire » et « le transitoire » qui se prolongent encore sont de nature à porter un grave préjudice à l'intérêt supérieur du pays
Du 20 mars 1956, date de la proclamation de l'indépendance au 20 mars 2012, la Tunisie aura vécu 56 ans de son histoire, période dominée durant 30 ans par la présence de Bourguiba et durant environ 23 ans par la dictature de son successeur et ses conséquences. On évoquera dans les pages qui suivent l'exposé sur l'action et le comportement du héros de l'Indépendance et Premier Président de la République Tunisienne ainsi que le détail du bilan de sa gestion gouvernementale.
Cette action et ce bilan comporte des aspects positifs et d'autres qui le sont moins et qui sont mêmes négatifs. Aucun être humain n'est parfait. « Al Kamelou Lillah » : seul Dieu, Allah, est parfait. Il est cependant un fait que depuis le décès de Bourguiba, et par comparaison avec l'évolution du pays depuis cette date, ce sont plutôt les aspects positifs qui émergent, et les faiblesses qu'on a tendance à considérer comme étant moins importantes.

La comparaison est en effet en faveur du combattant suprême : l'édification de l'Etat tunisien indépendant, la promotion de l'enseignement et du système éducatif, la libération de la moitié féminine de la population par la promulgation du statut personnel, monument juridique historique, resteront les victoires les plus importantes à l'actif du premier Président de la République.

L'Etat Tunisien, malgré les assauts subis et les troubles enregistrés depuis, est toujours là : il n'y a pas encore menace de guerre civile ni de disparition ou de destruction de ses structures. Cela prouve que la construction a été bien faite. Elle a été l'œuvre de la génération de l'Indépendance et un hommage doit lui être rendu.

Cette construction a résisté aussi à l'effet dévastateur de la dictature instaurée par le successeur. Son arrivée et ses promesses ont soulevé un immense espoir de « changement ». Ce dernier n'a été qu'une grande supercherie qui a trompé le grand nombre mais qui a fini par apparaître ce qu'elle était réellement : une occupation sauvage de l'appareil d'Etat.

L'Etat tunisien, ses structures, mêmes formelles, son administration, même domestiquée, sa population, même asservie ont résisté à tous ses assauts. Aussi, la croissance économique, même ralentie, n'a pas disparu. La solvabilité du pays a pu se maintenir, l'activité a baissé sans s'effondrer. La dictature a fini par être abattue, la persécution et le pillage étant devenus insupportables. La Révolution du 14 janvier a libéré le pays et inauguré une nouvelle phase de l'histoire de la Tunisie indépendante.

Cette révolution traverse une phase difficile. La gestion de la période post-révolutionnaire durant l'année 2011 et le début de 2012 repose sur des choix inadéquats des trois premiers gouvernements « provisoires » jusqu'aux élections du 23 octobre 2011 et d'un gouvernement « transitoire », depuis, dont le sort est lié à l'épreuve d'une seconde élection législative qui doit en principe intervenir à la fin de 2012 ou au cours de 2013.

Ce « provisoire » et ce « transitoire » qui se prolonge encore est de nature à porter un grave préjudice à l'intérêt supérieur du pays. Il y a lieu d'y mettre fin le plus tôt possible pour sauver la Révolution et le pays.

On est en effet unanime pour considérer que la confusion a assez duré et que le pays est devenu un « bateau ivre » qui risque de ne point arriver à bon port. Il est superflu de faire ici la liste des perturbations et des troubles de toutes sortes qui empêchent le pays de trouver son équilibre et une stabilité lui permettant de progresser. Les rivalités et les disputes politiques dominent la vie du pays, les médias et le quotidien des citoyens. Le dialogue concernant les problèmes essentiels, qui concernent la vie et le sort des Tunisiens, est absent : il n'y a qu'à lire les journaux et suivre les débats à la Télévision pour s'en rendre compte. Au point que cela devient lassant et éloigne le grand nombre de la chose publique. L'exaspération est générale et le souhait général est d'arrêter ce jeu stérile.

Il nous faudra le courage de changer de cap et de proclamer l'union nationale

Nous sommes en effet engagés sur une fausse route et nous nous trouvons dans l'impasse. Nous avons adopté un parcours hésitant qui, malgré les élections du 23 octobre, n'a pas débouché sur une solution efficace sur le plan politique et sur le plan économique et social. La coalition gouvernementale de la « Troïka » a montré ses insuffisances et son incapacité à rassembler les Tunisiens autour d'un programme privilégiant les problèmes essentiels du pays : chômage et emploi, réforme de l'éducation, investissement et croissance de la production, développement régional, équilibre de la balance des paiements et limitation des déficits et de l'endettement, réforme financière, bancaire et fiscale.

Ces questions primordiales ne peuvent guère être traitées, cela est devenu évident, par des gouvernements « provisoires » ou « transitoires » qui ne disposent pas du temps nécessaire à cet effet et sont pontés à se préoccuper de la protection de leur potentiel électoral et de son développement en renforçant leurs moyens pour gagner les nombreuses batailles électorales qui les attendent : élections législatives, élections présidentielles éventuelles et élections municipales et régionales selon ce que dictera la future constitution. On peut se demander si la nation tunisienne ne risque pas de sortir éprouvée et meurtrie par de telles épreuves rapprochées. Il est impensable qu'on puisse l'exposer à un tel risque. Il est nécessaire, comme l'ont montré de nombreux précédents historiques, qu'après l'évènement dramatique et important comme la guerre ou la révolution ou une crise violente, l'on songe à unir ses forces en constituant un gouvernement d'union nationale permettant de réduire les divergences et de consacrer l'effort national à la sauvegarde des intérêts majeurs du pays. Cela a été le cas de la France après la deuxième guerre mondiale et de l'Allemagne avec la réunification du pays après la chute du régime communiste en Allemagne de l'Est. Il n'y avait pas de meilleure solution.

C'est cette voie que nous aurions du suivre après le 14 janvier 2012. Nous avons choisi la solution la plus faible sans participation des forces politiques existantes et avec des gestionnaires techniciens sans lien avec l'opinion.

Ainsi établis, présidence et gouvernement « provisoires » se sont surtout préoccupés de l'organisation des élections d'une assemblée constituante. La coalition gouvernementale qui en est issue est déséquilibrée et dominée par l'un de ses membres, ne pouvant donc remplir le rôle d'un gouvernement d'union nationale.

Il faut donc qu'elle laisse la place à un vrai gouvernement d'union nationale. J'ai préconisé cette solution dès le mois de Mars 2011 et à 3 reprises depuis, en novembre et décembre 2011 et en dernier en février 2012 et je m'exprime aujourd'hui à ce sujet pour la cinquième fois. Les faits me laissent penser que j'ai eu raison de le faire et que c'est en effet la solution, la seule raisonnable et efficace : le pays se stabilisera s'il voit les principaux responsables de la vie publique donner l'exemple, arrêter disputes et controverses et se mettre au travail pour résoudre les problèmes réels et urgents du pays.

Que comporte la solution de l'Union Nationale et comment peut-elle être organisée

En premier lieu, cette formation gouvernementale doit regrouper les partis politiques, les syndicats, les institutions représentatives de la société civile, les cadres expérimentés, les universitaires et les jeunes qui sont l'avenir du pays. Ce gouvernement d'union nationale est nécessaire pour mettre fin aux troubles et aux mauvaises querelles théoriques et idéologiques qui sèment le discorde et même une sorte de haine pernicieuse pouvant se traduire par une déchirure profonde de la société et une perte de nos acquis de cinquante années d'indépendance.


La deuxième décision à prendre est que le gouvernement d'union nationale ne doit être ni « provisoire » ni « transitoire ». Il doit fonctionner durant une période suffisante pour redresser l'économie et stabiliser la société : 3 ans au moins. On ne peut guère attendre des « miracles » d'un gouvernement « provisoire » ou « transitoire ». On peut espérer quelques résultats satisfaisants d'un gouvernement d'union nationale travaillant durant une période suffisante et normale. Durant cette période on doit éviter tout ce qui est de nature à troubler l'ordre public. Il faut rechercher l'apaisement et l'instauration de la confiance entre les différentes catégories de la population et avec l'extérieur. Cet apaisement ne peut être réalisé que par un dialogue serein au sein d'institutions responsables et notamment au sein d'un gouvernement d'union nationale.

Il importe également de se donner le temps pour assainir la situation actuelle du paysage politique. La prédominance de l'un des partis politiques doit être équilibrée par un groupement politique de tendance différente réunissant les autres formations politiques trop dispersés aujourd'hui. Ce rééquilibrage est nécessaire et exige du temps pour être établi. Ce succès est important pour l'avenir politique et démocratique du pays. Une démocratie réelle doit comporter une possibilité d'alternance au pouvoir, alternance absolument indispensable. Le pouvoir s'use avec le temps, la relève doit être toujours présente pour assurer la continuité de l'action gouvernementale sans perturbation. Si la situation politique reste déséquilibrée, on perpétue la prédominance d'une seule formation politique, qui avec le temps, peut se transformer en pouvoir absolu et un retour de la dictature.

L'ensemble du monde politique a donc intérêt à réussir le rééquilibrage de la scène politique. Le pays aussi en a un grand besoin. On doit s'y atteler durant la période du « gouvernement d'union nationale » pour que ce rééquilibrage puisse prendre son temps et se dérouler dans le calme. Il risque autrement de se faire dans la précipitation et l'adversité, sous la pression du temps et des évènements et d'ambitions personnelles ou partisanes démesurées.

Donner donc du temps au temps, pour préparer soigneusement un meilleur fonctionnement de la démocratie. Ce temps doit être celui du calme. Les compétitions électorales, surtout législatives ou présidentielles devront intervenir après la fin de la période de redressement et d'union nationale.

Un referendum pour adopter la solution de l'Union Nationale

La solution qu'on vient d'esquisser doit recevoir la consécration de la volonté populaire. Une fois minutieusement établie grâce à un accord négocié entre toutes les parties prenantes, accord portant sur la composition du gouvernement, ses objectifs et son programme d'action, on peut envisager un référendum pour obtenir la sanction populaire et la légitimité nécessaire à l'action que doit entreprendre le gouvernement d'union nationale. Le référendum doit également concerner une disposition relative à l'assemblée constituante, stipulant le vote à la majorité des trois quarts de toutes les décisions que l'Assemblée doit prendre et ce pour harmoniser son action avec l'idée d'union nationale qui doit animer les principales institutions de l'Etat : Assemblée et Gouvernement.

Il faudra aussi que le Referendum approuve la durée de ce gouvernement d'union nationale, trois ou quatre ans et l'ajournement de toutes sortes d'élections jusqu'à la fin de la période d'union nationale, la stabilisation du pays et le redressement économique et notamment l'établissement d'un plan convaincant de maîtrise de l'emploi et du chômage.

Ce dispositif nous évitera les querelles et les affrontements actuels provoqués par la constitution et son élaboration, les perspectives électorales et la fièvre politique qu'elles engendrent, les luttes sociales et l'instabilité qu'elles provoquent, les inconvénients de la démagogie électorale inévitable, les troubles idéologiques et religieux avec les extrémismes et les violences qu'elles engendrent, et tout ce qui, à l'heure actuelle, maintient une insécurité générale paralysant les pouvoirs publics qui craignent, s'ils devaient y mettre fin, de réduire leur audience populaire et mettre en danger leur maintien au pouvoir. Les opposants par leurs critiques chercheront à réduire les chances de ceux qui gouvernent et à améliorer leur possibilité d'accéder au pouvoir.

Les perspectives électorales et la lutte pour le pouvoir sont les premiers facteurs d'instabilité que connaît le pays depuis la Révolution. Il faut cesser d'imputer cette instabilité à la « Révolution » et à l'épanouissement de la liberté qu'elle a provoquée. La liberté n'est pas le désordre. Pour protéger la liberté et éliminer le désordre, il faut un gouvernement fort au meilleur sens du terme. L'absence et l'impuissance de l'autorité publique constatées depuis la Révolution sont le produit de la volonté de plaire aux électeurs et de ne pas perdre des voix ou de gagner le maximum de voix pour durer au pouvoir ou pour y accéder.

Les instruments de l'Etat peuvent contribuer à la consolidation du pouvoir, ce qui, à la fin, comme on l'a constaté durant cinquante ans, conduit à un pouvoir usé, affaibli, étant devenu impopulaire et dictatorial. De part sa nature, le pouvoir use, s'use et ne peut durer indéfiniment. Cette idée de durer longtemps ou définitivement pour « laïciser » ou « islamiser » ou « socialiser » le pays doit être définitivement bannie sinon on ne fera rien de bon et le pays sera en « sursis » à l'image de nombreux pays arabes et musulmans.

Cette solution de l'union nationale et d'un gouvernement de salut public semble être la meilleure issue et apparemment la seule possible. On constate en effet que les différentes parties en cause et l'opinion en général appellent à une coopération, au rapprochement, à « l'union » sans cependant suggérer une solution concrète et organisée pour y parvenir. On a essayé de donner un contenu à ce vœu qui semble général avec l'espoir qu'il fera l'objet de discussions et d'approfondissement. Il revient aux premiers responsables politiques d'appeler franchement à cette Union sans trop tergiverser car il y a urgence. On ne peut imaginer que l'on puisse éluder l'option d'unité nationale ou la refuse, ce qui serait incompréhensible. Elle doit intervenir aujourd'hui pour sauver le pays. Une fois le redressement opéré, la voie démocratique normale « du temps de paix », avec majorité opposition et alternance, pourra jouer pleinement son rôle : pas dans les conditions actuelles. Alors et alors seulement, le pays pourra bénéficier des bienfaits de la liberté et de la démocratisation. L'Union nationale est la meilleure façon de s'y préparer.


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