Un quart de siècle de vie politique et Béji Caïd Essebsi annonce au bout d'une prestation télévisée époustouflante, qu'il va rempiler. Il l'a dit avec les accents du défi serein, après avoir immortalisé sa conception, sa vision de la Tunisie dans le livre d'or de l'émission. Calligraphie digne et distante, s'apparentant quelque peu au «hijazi», texte poignant interpellant les jeunes et qu'il conclut en paraphrasant l'article 1 de la Constitution.
Béji Caïd Essebsi est doté d'un charisme naturel. Il n'a pas besoin d'imiter (inconsciemment) Bourguiba, qu'il a stratégiquement évité d'évoquer sans raison ; il ne reste pas, non plus, cloisonné dans un flash back à teneur destourienne, chapitre sur lequel ses ennemis l'attaquent déjà. Peut-être, bien qu'un Mohamed Sayah renvoie aux années noires des milices destouriennes, et à 78. Peut-être, aussi, que l'UGTT s'en prévaudra pour justifier sa distance – vis-à-vis de ce nouveau parti qui, nolens, volens, déclenchera le déclic d'une dialectique, ou tout bonnement, la bipolarisation de la vie politique.
Vieux jeu, Caïd Essebsi démystifie Ennahdha, fustige le CPR et se moque de l'activisme (soudain) d'Ettakatol, ne manquant pas, au passage, de lancer des fléchettes acérées à l'endroit d'un Mustapha Ben Jaâfar, dont la métamorphose s'est, bel et bien mue, suscitant dépit et déception chez ceux, nombreux, qui croyaient en lui. Et c'est, justement, à partir de là que Caïd Essebsi établit les gradations de la légitimité électorale.
Peut-elle devenir consensuelle pour justifier la permanence de la Constituante et du gouvernement au-delà du 23 octobre ? Et qui a, d'ailleurs, décidé que ces élections se dérouleraient mars prochain ? Sinon, pour le reste, il prodigue des leçons de sciences po : entre autres, la diplomatie, talon d'Achille de ce gouvernement, et qui s'apprêterait à dépêcher un militant d'Ettakatol à notre ambassade à Paris. Un monsieur dont on dit qu'il est membre activiste du Parti Socialiste français.