• Prestation des médias, jugée satisfaisante par 61% des Tunisiens Les sondages d'opinions sont un outil nécessaire pour le développement de la Démocratie. Ils permettent à chaque parti ou leader de jauger sa cote, sa valeur et son poids dans l'opinion publique, un test blanc en attendant l'examen crucial le jour des élections. D'ici l'échéance électorale, il pourra améliorer sa position, rectifier le tir et revoir sa communication en tirant les leçons qui s'imposent. Pour que le sondage soit crédible, il faut qu'il soit fait de façon indépendante, honnête et avec maîtrise de la technique. En attendant qu'une loi règlemente cette activité accompagnée de la mise en place d'une instance de contrôle, l'institut 3C Etudes vient de sortir les résultats de sa quatrième vague du baromètre politique lancée en janvier 2012. La confiance des Tunisiens dans les hommes politiques, leurs degrés de satisfaction quant à la prestation du gouvernement, de l'opposition, des médias et leurs intentions de vote aux élections présidentielles, étaient au centre du sondage. Des conclusions édifiantes se dégagent à la lecture des résultats de ce sondage effectué du 27 au 30 mars, sur un échantillon de 1610 personnes âgées de 18 ans et plus. Le président de la république, Moncef Marzouki fondateur Congrès pour la République caracole pour le quatrième mois consécutif en tête du peloton des acteurs politiques. En effet, 78% des Tunisiens âgés de 18 ans et plus lui accordent leur confiance. La marge qu'il prend vis-à-vis du Gouvernement et sa gestion du Palais présidentiel ouvert au peuple lui attirent la sympathie de l'opinion publique. Le chef du Gouvernement provisoire Hamadi Jébali et le président de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC), Mustapha Ben Jâafar sont ex aequo, à la deuxième place avec 66% d'opinions favorables. Malgré les critiques et reproches Hammadi Jébali et Mustapha Ben Jâafar n'ont pas connu une grande érosion de leur cote de popularité. Béji Caïd Essebsi, les talonne avec 65% avec une avance de 5%, par rapport au mois précédent. Le meeting triomphal de Monastir du 24 mars explique fortement cette avancée. Sans étiquette politique, Béji Caïd Essebsi est la seule personnalité hors « Troïka », à jouir d'une confiance si grande de la part des Tunisiens. Il n'est plus au pouvoir, mais il garde une grande influence dans l'opinion publique. Il est considéré comme une carte maîtresse pour rééquilibrer le paysage politique. Rached Ghannouchi, le suit avec 61% d'avis favorables. Samir Dilou ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitoire et porte-parole du Gouvernement récolte 52% de la confiance des Tunisiens. Meya Jéribi avec 38% d'opinions favorables est la figure d'opposition la plus appréciée des Tunisiens. Elle gagne quatre points et Ahmed Nejib Chebbi en gagne deux pour se stabiliser à 34%. Hamma Hammami, leader du Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie (PCOT) ne bénéficie que de 27% d'avis favorables. Ahmed Brahim, à l'époque président d'Ettajdid, est à 25% d'opinions positives. Les figures symboliques de l'opposition ont encore du chemin à faire et des efforts à fournir pour tirer profit des errements du Gouvernement. D'ailleurs, concernant la prestation du gouvernement et sa façon de gouverner le pays, après cinq mois d'exercice du pouvoir, 55% des Tunisiens affirment en être satisfaits. Beaucoup de Tunisiens patientent. Toutefois, cette confiance est en régression continue depuis le mois de février 2012 où elle se situait à 66%. Parallèlement, 39% des Tunisiens se déclarent mécontents par la prestation du Gouvernement. En février, ils n'étaient que 22%. 45% des Tunisiens se déclarent déçus de la gestion du pays. Il faut rappeler que ce sondage a été effectué avant les évènements du « lundi noir », le 9 avril courant et avant que le Gouvernement ne présente la version définitive de sa loi de finances complémentaire où les réponses aux attentes en termes de créations d'emplois et de lutte contre le déséquilibre régional, ne sont qu'approximatives. L'augmentation du taux d'insatisfaction des Tunisiens, doit éveiller le gouvernement et l'inciter à cesser d'être allergique à la critique et à oublier les thèses de complots ou de sabotage pour expliquer ses problèmes. Les Tunisiens sont-ils satisfaits de la prestation de l'opposition ? Attendent-ils davantage ? La satisfaction des Tunisiens quant à la prestation de l'opposition a augmenté, passant de 25% le mois de février à 29% au mois d'avril après avoir baissé à 22% au mois de mars. Toutefois, une majorité de 53% se déclare non satisfaite dont 31% «pas du tout satisfaits». C'est ce qui explique la faible confiance que les Tunisiens accordent aux principales figures de l'opposition. Gouvernement et opposition ont intérêt à revoir leur stratégie. L'opposition ne peut attirer davantage de sympathie de la part de l'opinion publique que si elle s'unit, se rapproche davantage au vécu du citoyen et devienne non seulement une force de critique, chose nécessaire, mais aussi de proposition. Le secteur de l'information, contrairement aux positions des ténors d'Ennahdha, de certains membres du gouvernement et de Rached Ghannouchi, bénéficie de la confiance de 61% des Tunisiens. Ainsi, près des deux tiers des Tunisiens sont satisfaits de la prestation des médias. D'ailleurs près de 4.500.000 Tunisiens suivent quotidiennement le Journal de la Wattanya1. C'est –ce qui explique la volonté de l'inféoder ou de le privatiser. Des erreurs existent, le secteur de l'information qui a un rôle capital dans la réussite de la transition démocratique, peut aspirer à un degré de satisfaction plus élevé, en jouant la carte de l'indépendance et du professionnalisme. Concernant les intentions de vote, si les élections présidentielles s'étaient déroulées en mars dernier, 34% des Tunisiens ne savent pas pour qui voter. Avant les élections du 23 octobre ce taux était de moitié. Moncef Marzouki, bénéficie de 20 % d'intentions de vote favorables, en baisse par rapport à janvier 2012 où ce taux était de 34%. Béji Caïd Essebsi est à 9,4% d'intentions favorables. Mustaphpa Ben Jâafar est à 6,4%, Hamadi Jébali à 5%, Rached Ghannouchi 2,4%, Ahmed Néjib Chebbi 2%, Samir Dilou 1,9%, Hamma Hammami 1,5%, Abdelfettah Mourou 1,3%. Cette image instantanée de l'opinion publique faite, fin mars dernier, ne peut répondre à toutes les questions. D'ici, le déroulement effectif des prochaines élections, la dynamique des unions- fusions, et la prestation du gouvernement changeront nécessairement beaucoup de choses. Des surprises sont attendues.