En attendant que le rapport de la Cour des Comptes sur le financement de la campagne électorale pour les élections du 23 octobre, soit rendu public pour que l'opinion publique puisse savoir comment l'argent du contribuable a été utilisé et manipulé, les grandes lignes de ce rapport ont été présentées lors d'une conférence de presse. « A la date de mai dernier, seuls 38,57% de l'ensemble des listes candidates ont déposé les documents comptables de leur campagne électorale, a indiqué Abdelkader Zgolli, président de la Cour des Comptes. Ce qui veut dire que plus de 60 % des partis ou des listes indépendantes qui se sont présentés lors des élections du 23 octobre 2011 n'ont pas encore envoyé leurs rapports financiers à la Cour des Comptes concernant l'utilisation de fonds publics reçus au cours de la campagne électorale ». « Face à cette situation, la Cour des comptes s'est trouvée dans l'obligation de prendre des mesures provisoires et des sanctions financières à l'encontre de plus de 444 partis et listes candidats », a-t-il ajouté. Le financement public de la campagne électorale est estimé à 10,174 millions de dinars, dont 88% ont été débloqués au profit des listes candidates. Le président de la Cour des Comptes a révélé que les élections de la Constituante ont été entachées de plusieurs difficultés liées au cadre juridique régissant l'opération électorale. Par ailleurs, 911 listes candidates à la Constituante qui n'avaient pas obtenu les 3% de voix requises par la loi ont toutefois bénéficié de la deuxième tranche du financement public. Ces listes se trouvent dans l'obligation, selon la loi électorale, de restituer la somme de 2,977 millions de dinars. Cinq formations politiques représentées au sein de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) tardent encore à présenter leurs comptes, ni à remettre les pièces justificatives se rapportant à l'utilisation des fonds publics reçus au cours de leurs campagnes. Parmi ces cinq partis réfractaires, on dénombre le Congrès pour la République (CPR), le parti du président Moncef Marzouki. La réticence manifestée par ce parti suscite interrogation et curiosité du fait que toute sa campagne électorale se distinguait par des slogans comme la probité, la lutte contre la corruption, contre le financement douteux des partis politiques. On se rappelle les incisives attaques de Moncef Marzouki contre « l'argent politique ». Il ne manquait pas d'afficher sa fierté en avançant que la campagne électorale de son parti ait été la moins onéreuse. Porte-drapeau de la transparence, ce parti a vu un de ses ministres Mohamed Abbou, démissionner rien que parce qu'il ne pouvait traiter les dossiers de malversation au sein de la fonction publique. Abderraouf Ayadi, actuel leader du parti Wafa, était à l'époque secrétaire général du CPR. Il est bien placé pour parler de cette période. Dans une déclaration sur les ondes de ShemsFM, il fait porter la responsabilité d'un pareil manquement à Samir Ben Amor, trésorier du parti. « Sa paresse est derrière cette défaillance. Je lui ai envoyé un huissier notaire pour lui demander de me présenter les comptes. Sans résultat. Il ne voulait pas traiter avec le secrétaire général que j'étais. Il se donnait plusieurs missions. Je ne pense pas qu'il existe des défaillances dans les comptes financiers du Congrès pour la République. ». Le fait est là, personne en dehors de certains proches ne sait combien le CPR a –t-il dépensé. C'est ce qui cultivent les suspicions. « S'ils font un effort, il finiront par rassembler toutes les pièces justificatives. Pas plus. ». Abderraouf Ayadi a eu une réaction très mesurée. Est-ce par égard pour son ancien parti ?