Malgré la canicule qui règne, en partant très tôt, on peut encore faire de belles promenades vers les côtes du Cap Bon. Allez, en route « à la fraîche » ! Soliman
Peu à peu, la climatisation de la voiture a rafraîchi l'atmosphère. On s'est, un peu, détendu et les conversations ont commencé. En arrivant à Soliman, on éprouve le désir d'un ...petit arrêt. Certains grincheux diront qu'il est impossible de circuler au centre-ville et préfèrent s'enfuir rapidement par le « périphérique ». Laissons la voiture et allons à pied jusqu'à la grande et antique mosquée au minaret andalou caractéristique. Des arbres, des voûtes typiques en briques, des gens aimables vous rappelleront la création de la ville sur le Henchir d'un Ottoman nommé « Soliman » au XVIIème siècle. Les Andalous, chassés d'Espagne, se sont installés à l'emplacement présumé de l'antique Gummi. Il y existe une très curieuse fontaine et les murailles du marché proche évoqueront l'existence de fortifications disparues. Vous n'avez pas le temps d'aller jusqu'à la plage aujourd'hui. Laissez cela pour plus tard et reprenez votre voyage en direction du soleil qui est déjà haut. Allez à Menzel Bou Zelfa. On peut y voir une belle zaouïa du XVIIème siècle et y revenir au printemps pour la fête des orangers. Puis choisissez. Les gens pressés se dirigeront directement vers Menzel Témime. Les flâneurs du dimanche, préfèreront bifurquer vers Beni Khalled et rouler, dans le soleil, vers Korba.
Nous l'avons présenté dans un article précédent. Construite sur le site de l'antique Curubis, ce bourg nous a semblé être, avec ses places accueillantes, ses rues commerçantes et animées, ses constructions souvent originales et harmonieuses, une des agglomérations les plus intéressantes du Cap Bon. Ici, aussi, vous pouvez revenir plus tard : les plages voisines sont très agréables et très recherchées même en fin de saison. Nous avons présenté aussi les immenses lagunes qui s'étendent le long de la côte Sud-Est du Cap Bon. Celles de Korba ont une importance internationale. Elles sont protégées par la Convention de Ramsar. Elles font l'objet d'un protocole de gestion environnemental intitulé : « Med Wet Coast Cap Bon ». Elles ont été mises en valeur et aménagées pour recevoir « intelligemment » des visiteurs. Arrêtez-vous donc un moment, au Centre écotouristique tout neuf, bien aménagé et doté d'une bonne bibliothèque, vous y serez reçu très aimablement. En hiver, la lagune abrite des centaines d'oiseaux. Un peu plus loin, on voit encore, les vestiges de la chaussée romaine qui traversait la lagune. Et vous pouvez revenir toute l'année : comme les acteurs d'une pièce de théâtre qui jouent en continu, les différentes espèces d'oiseaux se succèdent, au fil des saisons, sur les lagunes. Même en été, il y a de très nombreux oiseaux d'eau surtout à partir de la mi août : sarcelles, limicoles et échasses. Continuez, cette route vers Kélibia est magnifique. Au loin, la mer turquoise brasille. L'eau des lagunes semble de l'argent fondu. Les champs soigneusement entretenus sont verts ou bruns. A la fin de l'été, partout des guirlandes pourpres de piments, mises à sécher, décoreront les façades blanches. D'autre part, la promenade, en diagonale, à travers le Jebel Sidi Abderrahmen, depuis Menzel Bou Zelfa, directement vers Menzel Témime, n'est pas dénuée d'intérêt. En hiver, les chasseurs s'y donnent rendez-vous. Au printemps, on est tenté d'emprunter une des pistes et de s'enfoncer dans les bois pour pique-niquer. Partout des orchidées sauvages et mille autres fleurettes s'épanouissent. Les perdrix s'envolent en vrombissant. Plus tard, les tourterelles roucoulent à perdre haleine. L'été, les stridulations des cigales font vibrer l'air qui embaume la résine. Une petite route mène vers les hameaux de Fortuna et Sidi Bou Ali où l'on découvre des vestiges mégalithiques et des pistes qui mènent au sommet du Jebel et au marabout, à moitié souterrain, de Sidi Abderrahman.
Menzel Témime - El Harouri
On peut, au passage, avoir une pensée pour Sidi Salem et s'arrêter pour jeter un coup d'œil sur la grande nécropole punique. Mais notre objectif, pour aujourd'hui, est le pont sur l'Oued El Hajar, disent les cartes, Al H'jar disent certains géographes ! Comment écrire, en français, l'Oued des pierres ? Où se trouve-t-il ? C'est difficile à dire : à 7 kilomètres environ de Menzel Témime et à 5 kilomètres de Kélibia, mais de nouvelles constructions s'élèvent sans cesse le long de la route et on ne sait plus où s'arrêtent ces deux villes. Mais l'oued est important et une plaque est fixée au pont et n'importe quel agriculteur local vous dira comment aller à El Harouri. La première grande piste, à gauche, au Nord de la route, vous mène à une « ferme ». Les marcheurs laisseront là leur voiture à la garde des habitants de la ferme. La nécropole à Haouanet d'El Harouri est à 2 ou 2,5 kilomètres au Nord de la route. Les « accro » de la voiture s'y rendront avec leur véhicule par de belles pistes parfaitement carrossables ou bien en empruntant la petite route goudronnée qu'on trouve à gauche à l'entrée de Kélibia et qui indique la direction de l'Oued Khatef. Dans son opuscule sur Kerkouane, édité par Alif, le professeur M'hamed Hassine Fantar a rédigé une étude remarquable de cette nécropole. La disposition en enfilade, conforme à l'architecture libyque, des haouanet, un enclos avec un couloir d'accès aux chambres sépulcrales et un escalier pour monter à la « terrasse », des traces de décoration peinte, recouverte, hélas, par des couches de suie, des drains taillés dans le plafond des sépulcres, servant, sans doute, à l'accomplissement de rites funéraires, rendent cette nécropole très curieuse. Elle était en usage entre la fin du IVème et le début du IIème siècle avant J.C., 800 mètres à 1 kilomètre de marche séparent la nécropole principale d'un groupe de 5 haouanet situés sur la rive droite de la « branche » Est de l'oued Al H'jar. Ils sont plus ou moins remplis d'alluvions et ils ont donc fait espérer qu'ils contenaient ... des vestiges intéressants. Hélas, il y a bien longtemps que tous ces sépulcres ont été pillés : tous les tombeaux contiennent des trésors, dans tous les pays du monde, n'est-ce pas ? Le retour aux voitures est de l'ordre de 2 kilomètres. Un plan et une étude détaillée ont été publiés dans le fascicule 3 de l'Atlas préhistorique de la Tunisie, intitulé « Le Cap Bon », publié par l'Institut du Patrimoine. Et ensuite ? La région de Menzel Témime offre bien d'autres centres d'intérêt : nous reviendrons nous y promener. Kélibia, sa citadelle et les vestiges à ses pieds ne sont qu'à quelques kilomètres. De là, on pourra pousser jusqu'à Hammam El Ghezaz et le curieux sanctuaire consacré à Lella Meriem, puis aller jusqu'au cap : Ras El Melh voir le « m'zar » consacré à Sidi Mansour au ras des flots. Deux bonnes publications : «A la décopuverte du Cap Bon» par S. Aounallah et M. Fantar ainsi que «Le Cap Bon – El Watan El Qibli» par T. Ghalia présentent un intérêt certain. Et le retour ? On a vraiment l'embarras du choix : par El Haouaria, et par Tazoghrane et le marabout de Sidi Maoui, par la route de Korba. Toute la région, en toutes saisons, propose de nombreuses visites intéressantes.