Grève générale très suivie, selon l'UGTT Administrations et entreprises privés ont fonctionné normalement, selon le gouverneur de Sidi Bouzid, Mohamed Néjib Mansouri Onze jeunes protestataires relâchés après plusieurs jours de détention
Une grève générale régionale a été organisée, hier, dans le gouvernorat le Sidi Bouzid par l'antenne régionale de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) pour réclamer le développement de la région et la libération de protestataires arrêtés durant les deux dernières semaines lors de manifestations. Les administrations et magasins de la ville étaient fermés dans la matinée, à l'exception de certaines administrations sensibles et établissements de santé qui assuraient un service minium, selon les syndicalistes. « La grève générale a été très suivie dans tous les secteurs et dans toutes les délégations du gouvernorat. Nous avons, toutefois, délibérément appelé les employés dans certains services vitaux et quelques administrations à assurer un service minimum surtout que la grève intervient à la veille du 27 jour du Ramadan marqué par la célébration de la nuit du destin », précise Kacem Afya, secrétaire général de l'UGTT. Et d'ajouter : « nous appelons à cette occasion les autorités centrales à revoir leur politique à Sidi Bouzid, à cesser de recourir aux solutions sécuritaire et d'accuser des partis politiques à tort et à travers de fomenter des troubles. Nous appelons aussi le pouvoir entame au plus vite un dialogue sérieux avec toutes les composantes sur de la société civile sur le développement d'une région longtemps marginalisée».
Manifestation
Au centre la ville, non loin du tribunal de première instance où s'ouvrait le procès des protestataires arrêtés suite à des récentes manifestations contre les coupures d'eau, plusieurs centaines de personnes ont manifesté pour dénoncer la récente répression policière de manifestants et réclament la libération des jeunes protestataires arrêtés lors de manifestations dispersées sans ménagement par la police à l'aide de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc.
Ils ont scandé des slogans contre les islamistes d'Ennahda, le parti qui dirige la coalition au pouvoir. «Le peuple veut la chute du régime», «Justice, malheur à toi, Ennahda a le pouvoir sur toi», «Non à la marginalisation de Sidi Bouzid », ont-ils crié notamment.
La manifestation a été aussi marquée par la présence de représentants de l'Union Tunisienne de l'Industrie , du Commerce et de l'Artisanat (UTICA, organisation patronale), de la société civile et de certains partis d'opposition, dont le Parti Républicain, Al Massar et le Réseau Dou tourna, les quels ont fait le déplacement à Sidi Bouzid en signe de solidarité avec les habitants de la région
Une contre-manifestation qui a regroupé quelques dizaines de personnes selon l'UGTT (près de 150 personnes selon les organisateurs) a été, par ailleurs, organisée par les militants et les sympathisants du mouvement islamiste Ennahdha à Sidi Bouzid.
Instrumentalisation
Le gouverneur de Sidi Bouzid, Mohamed Néjib Mansouri, a, toutefois, estimé que la grève générale n'a pas perturbé le cours normal de l'activité économique et administrative dans la région. « Toutes les administrations ont fonctionné normalement même si environ 30% des employés se sont absentés. Les entreprises privées n'ont pas été également concerné par le débrayage», a-t-il indiqué.
Le ministre des droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle et porte-parole du gouvernement a, quant à lui, noté sur les ondes de la radio privée Mosaïque FM que « la grève générale est « injustifiée », précisant, toutefois, que « les revendications des populations sont légitimes et compréhensibles». Le ministre membre du mouvement Ennahdha, a également fait savoir que « des partis politiques instrumentalisent la détresse des habitants de Sidi Bouzid à des fins politiques », sans nommer ces partis.
Vers le coup de 14 heures, le tribunal de première instance de Sidi Bouzid a libéré onze personnes parmi les protestataires arrêtés ces dernières semaines.
Berceau de la révolution tunisienne, Sidi Bouzid connaît après la fuite de Ben Ali des troubles sporadiques plus ou moins violents motivés par les lenteurs de l'amélioration des conditions économiques et sociales. Le 9 août, la police a tiré des balles en caoutchouc pour disperser des manifestants, faisant un blessé
Fin juillet, la police avait dispersé à coups de matraques et de gaz lacrymogène des dizaines de manifestants qui avaient attaqué le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid, y jetant des pneus enflammés, pour protester contre des retards de versement de salaires.