Le sujet vaut bien qu'on y revienne, non pas seulement à son dernier épisode de samedi dernier, mais aussi et surtout aux causes de sa naissance, de son développement incessant et à la pérennité inquiétante qu'il semble avoir acquise. Traquenard, car comme des bêtes à qui ce terme, est étymologiquement destiné en général, nous nous sommes laissés prendre à chaque fois, victimes moins de notre naïveté que de notre irresponsabilité à tous les niveaux.
Ceci dit, il serait injuste d'imputer à la seule Etoile ce qui s'est passé à Sousse samedi dernier. Vous pouvez changer le nom du club, le lieu de la rencontre et vous êtes sûr d'avoir le même résultat dès que les circonstances s'y prêtent. Car le mal s'est tant implanté dans notre subconscient qu'il est devenu récurrent.
Si nous sommes incapables de l'éradiquer c'est parce qu'on s'obstine à recourir aux reflexes dépassés de condamner ou déplorer sans oser affronter nos propres démons.
Traquenard pour le Ministère de Tutelle car il l'oblige au seul choix du huis-clos qui signifie bien un échec.
Traquenard pour les Fédéraux qui veulent à tout prix éviter de mécontenter les grands clubs en jouant les Ponce-Pilate.
Traquenard pour les responsables des clubs qui craignent la vindicte des plus braillards.
Traquenard pour les entraîneurs dont le seul souci est de justifier leur échec.
Traquenard pour les joueurs qui ne font qu'offrir la victoire exclusivement à leur public et à défaut, des promesses qu'ils ne sont pas sûrs de tenir.
Traquenard, enfin, pour les médias qui consciemment ou non, jouent aux pompiers pyromanes avant d'étaler dans leurs commentaires, leur mauvaise foi.
À ce compte il est probable que les pièges que nous souhaitons éviter se prolongent.
A moins que quelques miracles se réalisent comme l'émancipation des responsables de clubs de leur sujétion à leur public. Comme la réaction des joueurs qui acceptent de regarder ceux qui les adulent pour leur dire, les yeux dans les yeux, que ce n'est pas pour eux qu'ils tentent de marquer des buts mais plus prosaïquement pour remplir leur contrat.
Comme pour certains plumitifs qui doivent se convaincre que leur notoriété dépend de leur professionnalisme et l'engagement de leur honneur.
Seule cette révolution dans nos esprits est susceptible de faire revenir cette hydre des gradins à des sentiments meilleurs.