La mémoire des Tunisiens, surtout celle des décennies et siècles à venir, retiendra la date du 17 octobre 2012, comme étant celle d'un peuple soumis, ou en voie de l'être à nouveau après une Révolution lumineuse, qui a osé engager une bataille décisive, la « mère des batailles » pour instaurer une démocratie aux normes universelles en Tunisie, durable et irréversible à travers une grève générale de la presse, la première dans son histoire depuis l'apparition de l'imprimerie ! Il est, quand même, pénible de constater le manque de chance de ce peuple admirable de civilité et de culture millénaire, fondateur de Carthage, de Kairouan, de Mahdia et de Tunis, toutes capitales de brillantes civilisations, qui, à chaque fois, et si près du but n'arrive pas à bâtir un modèle de système politique qui rompt définitivement avec l'absolutisme et la dictature. Une fois c'est la personnalisation à l'excès du pouvoir qui a donné au lendemain de l'indépendance en 1956, un système de Parti-Etat autour du patriarche Bourguiba. Une fois c'est le totalitarisme corrompu de Ben Ali qui s'est approprié l'Etat, ses institutions et son économie. Une fois, c'est le retour à un système médiéval avec comme support la religion, qui nous vient d'ailleurs et qui n'a rien à voir avec celle qui a moulu et sculpté notre identité depuis la fondation de Kairouan en l'an 50 de l'Hégire (670 de l'ère chrétienne)... et la suite viendra... ! Toujours les mêmes dérapages avec des régimes ascendants qui prennent le pouvoir et veulent le pérenniser pour l'éternité... ! Ou, alors, pourquoi un militant islamiste, ancien détenu politique et exilé à Londres, choisi parmi les cent personnalités les plus influentes de la terre par une grande revue américaine, comme M. Rached Ghannouchi, pourquoi veut-il contrôler l'armée, la police, l'administration et la presse etc... ? Pourquoi ? Si ce n'est pas nous conduire à ce qu'il considère la cité des fins, le « Paradis », contre notre propre gré, et contre le gré d'un peuple musulman qui n'a jamais eu de problèmes majeurs avec son Islam et qu'il a hérité de ses ancêtres ! Les Islamistes idéologues et politiques comme le patron de la Nahdha, ont-ils plus d'autorité scientifique et religieuse que les maîtres incontestables de la grande Zitouna et à leur tête feu Cheikh Tahar Ben Achour ! Toutes ces manœuvres autour de l'identité et de la religion ont fait plus de mal à la Nahdha et à sa crédibilité politique, que toutes les oppositions réunies y compris celle qu'elle considère à tort comme un ennemi irréductible : Nida Tounès. La thèse développée par le parti dominant au pouvoir et ses alliés du CPR et de Ettakatol comme quoi, ce dernier parti aurait pour objectif de remettre en selle l'ancien régime ne tient pas la route et ne convainc plus personne parce que tout simplement il y a une énorme désinformation autour de la problématique de « l'ancien régime ». Qui veut en fait rétablir l'ancien régime. Ceux qui luttent, aujourd'hui, contre le nouvel hégémonisme politique, qui organisent le dialogue national avec l'UGTT et qui font la grève des médias pour rompre définitivement avec la « presse de propagande » ou ceux qui veulent réinventer et remettre à niveau l'absolutisme en mettant les bâtons dans les roues de toute action pour la démocratie et la liberté. A vous de juger. Si le gouvernement avait mis de côté le dossier si « passionnel » de l'identité pour s'occuper du développement, et rien que du développement il n'aurait pas eu toutes ces contestations malheureusement éreintantes et fatigantes pour tout le monde. Si l'Assemblée Constituante n'avait pas perdu autant de temps à bloquer des textes tout à fait évidents sur les droits universels, la liberté de la presse, l'égalité des sexes et la non pénalisation de l'atteinte au sacré, on serait déjà à corriger la dernière monture de la Constitution. Le pouvoir exécutif et législatif confondus par le régime d'assemblée avec une majorité, tantôt bloquante, tantôt prétorienne, a essayé par tous les moyens de faire durer une transition de plus en plus rejetée par les citoyennes et les citoyens de ce pays. Les gens veulent un gouvernement stable, capable de travailler dans la sérénité et des pouvoirs séparés entre l'exécutif, le législatif le judiciaire et la société civile. Ils veulent que la Tunisie se remette au travail et que l'économie revienne à la croissance. Pour cela, arrêtons les manipulations et la ruse. Le Tunisien, du Nord au Sud, d'Est en Ouest, est « diplômé », toutes catégories « docteur » en science politique et plus personne ne peut l'embobiner ! Encore une fois, le conseil de l'Empereur Moaâwiya à son fils El Yazid : « Mon fils, pour gouverner et réussir... la ruse, c'est de ne pas en user » ! Alors, de grâce... Messieurs les politiques... Mettez la ruse au placard »... On ne peut pas refuser le dialogue et le consensus le 16 octobre et déclarer, le remettre en marche le 18 octobre ! C'est cela... la ruse et ça ne passe plus !