« La concurrence fera du bien à Tunisair», déclare Abdelkrim Harouni La 5ème liberté accordée à la compagnie qatarie remonte à dix ans en arrière Les recrutements, les promotions et les nominations durant les cinq dernières années seront réexaminés
Dans cette période délicate par laquelle passe le pays, comme pour conforter un secteur qui connaît ces derniers temps quelques remous sociaux, Abdelkrim Harouni ministre du Transport a mis en relief les bonnes performances du secteur dans ses branches aériennes, maritimes et terrestres. Des accords ont été signés. D'autres sont en cours. L'Open Sky, l'accord avec la compagnie qatarie, la restructuration du ministère, le dialogue avec les syndicats étaient au centre de la conférence de presse tenue, hier par le ministre.
Un accord a été signé, dernièrement, avec la compagnie turque TAV mettant dans l'obligation cette entreprise à procéder à l'entretien de l'aéroport de Monastir et à répartir le trafic entre cet aéroport et celui d'Enfidha à égalité 50%-50%. Ce qui permettra d'éviter les sanctions et le recours à l'arbitrage. Une autre information positive est annoncée par le ministre. « Pour la première fois, le port de Radès, n'enregistre durant 60 jours, aucun bateau en rade. Ils étaient 11 et 12 à attendre l'accès au quai. Grâce à la collaboration de tous les intervenants, dispatching des navires sur les différents ports de pays, le problème de la congestion a été résolu », dit-il. Lors de sa visite en Egypte le ministre avait participé à la 25ème session du Conseil des ministres arabes du Transport. « La Tunisie tient à réhabiliter l'action arabe commune », assure le ministre. La convention arabe d'aviation civile, signée en 2004 et à laquelle la Tunisie a adhéré en 2007, doit être mise en application. Abdelkrim Harouni, déplore que l'Union européenne négocie l'Open Sky avec les pays arabes séparés. Elle a négocié avec le Maroc et la Jordanie. Une délégation tunisienne partira en Jordanie pour étudier de plus près l'expérience jordanienne en matière d'ouverture du ciel. Le 13 novembre démarreront les négociations à Bruxelles avec l'Union européenne concernant l'ouverture du ciel. Le ministre fait confiance aux compétences tunisiennes à opérer dans la concurrence et s'en sortir à bon compte. Une réunion préparatoire a eu lieu le 5 novembre avec la participation des différents ministères concernés et des trois entreprises de transport aériens Tunisair, Syphax et Nouvelair.
La dernière visite d'une délégation qatarie à Tunis a été à l'origine de plusieurs commentaires. Le ministre précise que le principe d'octroi de la 5ème liberté à la compagnie aérienne qatarie, remonte à 2002. Il s'agit de le mettre en application à travers de nouvelles négociations où les intérêts des Tunisiens seront sauvegardés. « Pour le principe nous ne refusons pas la liberté, il faudra passer par des accords entre les responsables de navigation aériennes entre les deux pays », affirme le ministre.
Concernant l'Open Sky, le ministre précise que « l'ouverture du ciel se fera avec des entreprises qui ont de grandes capacités techniques. Pour le faire il faut commencer par réformer les choses dans le pays. Tunisair, a changé de direction. Le concours est à la base de la nomination de ses représentants à l'étranger. La restructuration de la société est nécessaire. D'ici la fin de l'année 2012, elle préparera son programme de réformes et des décisions courageuses seront prises ». Le ministre rappelle que Tunisair avait transporté dans des conditions difficiles près de 3.200.000 voyageurs. Elle compte arriver à 4.000.000 d'ici la fine de l'année. Le 2 septembre, elle a effectué 229 vols en une journée. Le ministre n'a pas peur de la concurrence pour Tunisair. Il considère qu'elle la renforcera.
La question de la restructuration des services du ministère est mise à l'ordre du jour. La dernière restructuration remonte à 1991. « Elle a été suivie par une autre en 1998 qui n'a fait qu'aggraver les choses. Un problème d'interférence et de confusion des rôles et des compétences entre le ministère et les offices exerçant sous sa tutelle se pose.
Ni le ministère n'a pu exercer ces prérogatives. Ni les offices n'ont pu exercer les leurs et l'action commerciale », déplore le ministre. Une commission a été constituée sous l'autorité d'une compétence reconnue par tous, celle de Mahmoud Ben Fadhel. Elle a préparé un rapport le 30 juin, dernier. Il a été soumis à une large consultation le 1er août dernier dans laquelle le syndicat relevant de l'UGTT était présent. La fédération du transport était absente. Le rapport évoque la confusion des rôles entre la Direction Générale de l'Aviation civile relevant du ministère et l'Office de l'Aviation civile. L'office ne peut à la fois exercer son activité et la contrôler en même temps. Il ne peut être juge et partie. « La tâche de contrôle doit être organisée. Le sujet est proposé aux débats. Le syndicat dit que le Gouvernement étant provisoire n'a pas à faire de réformes de structures. C'est un argument politique et non syndical », assure le ministre. Pour répondre aux détracteurs qui disent que le ministère ne dialogue pas avec les syndicats, le ministre avance un chiffre. De janvier 2012 à nos jours, près de 100 réunions de dialogue ont été organisées. Elles ont abouti à 35 accords avec l'UGTT. Le ministre réitère sa volonté de dialogue avec les syndicats. « Parler de la restructuration, sur la base de supputations, comme la division de l'Office en deux, n'est pas digne d'un syndicat responsable. On ne peut monter ses troupes contre une réforme sans l'avoir auparavant discutée », affirme le ministre. Il rejette la participation des syndicats dans les recrutements, les nominations et les promotions.
Concernant le sit-in organisé, avant-hier, le ministre rappelle qu'une réunion avait été tenue au siège du ministère avec les syndicats et la fédération dans laquelle les représentants de l'UGTT avaient parlé de mécontentements générés par « l'intention du ministère de procéder à une restructuration qui sera néfaste au personnel ». Les deux parties devaient reprendre leurs négociations. La partie syndicale n'a pas voulu signer le PV. Et le sit-in a été organisé.
Les recrutements, les promotions et les nominations durant les cinq dernières années seront réexaminés.
«Nous poursuivrons le dialogue avec les syndicats », conclut le ministre.