À la maison de la culture Ibn Khaldoun , l'artiste Amel Hajjar expose une quarantaine d'œuvres (huile sur toile) , dont la plupart sont à touches fines, légères, mais combien propices à l'éclosion d'une peinture à composition très savante et impressionniste et qui nous semblent réalisées avec plein de sensation, d'ardeur et de prédisposition, arrivant même à susciter l'admiration des visiteurs. Presque tous les dégradés d'ocre brillants sont là, répandus dans l'œuvre d'Amel Hajjar, exprimant toute sorte de beauté, du travail élaboré éveillant l'émotion et le trouble face au désordre et à la cacophonie des espaces et de la vie.
En regardant quelques unes des œuvres de l'artiste autodidacte de son état, on pense qu'elle est en train de tracer une histoire de son environnement personnel, de son propre état d'âme mais à chaque fois d'une manière différente.
Cependant, en contemplant d'autres, on est saisi par la force de reproduction et de son pouvoir de refléter assez minutieusement le monde qui l'entoure, ses paysages sereins et son architecture calme.
L'artiste adopte donc deux démarches quelquefois paradoxales mais qui finissent par aboutir à une synthèse très élaborée. La première démarche est de l'ordre de l'orientalisme classique où le peintre restitue tout, les scènes de bédouins, l'architecture, villages, paysages classiques tracés par des chameaux...L'effet de ses travaux est de l'ordre traditionnel sans aucun apport remarquable.
L'autre démarche plus innovante est celle de soumettre la composition à une levée de formes à partir de ses périphéries en créant un mouvement qui creuse l'espace et promeut une dynamique et un mouvement graphique intense se fondant sur des vagues de clair obscur très abstrait et très poétique .
Amel a voulu démontrer qu'elle est capable de rester fidèle à ses anciennes amours « orientalisantes » mais qu'elle est capable également d'aller ailleurs et de rencontrer d'autres expériences et d'adapter des représentations artistiques les plus modernes.
Le chemin parcouru par l'artiste est réel. Il est ardu, il est cahoteux et l'artiste n'a pu parcourir qu'en payant le prix de l'effort, un prix lourd mais combien rentable aujourd'hui. Karima REFAI