La diabolisation fuse de toute part et envahit l'espace politique de plus en plus infecté par la méfiance généralisée de toutes les élites et de tous les partis sans exception ! C'est dire que la confiance ne règne plus... à qui la faute et qui peut arrêter ce phénomène métastasé dans le corps de la nation toute entière ? La baguette molle du Dr. Ben Jaâfar, un peu trop « gentleman », dans ces espaces troubles de la Constituante, n'y peut rien. Malgré sa bonne volonté et son effort de sérénité, le Président de l'hémicycle du Bardo et ses troupes font du sur place depuis plus d'un an. Après le « miracle » de l'adoption de deux articles sur la loi de l'ISIE (Instance indépendante pour les élections), tout est presque à l'arrêt.. et la Constitution pourrait bien être adoptée, sur ce rythme, en l'an 2015... Inchallah ! Certains observateurs des plus avertis affirment que des élections pour 2013 sont, en effet, techniquement impossibles à voir le jour vu la nonchalance pour ne pas dire l'absence de volonté politique réelle de la Troïka de faire avancer les choses. Un ancien colonel de l'armée, (camarade sadikien) et brillant officier emprisonné et torturé lâchement du temps du dictateur Ben Ali, actuellement chef d'un parti islamiste modéré, se réclamant de la « Zitouna » et de l'Islamité tunisienne par opposition aux courants islamistes d'Orient, qui envahissent notre pays, en ce moment, il s'agit de M. Salah Hédri qui est allé jusqu'à dire sur le plateau de la T.V « El Hiwar Ettounsi », il y a deux jours, qu'il doute personnellement qu'il y ait même « Elections » ! Voilà qui nous rassure (sic) encore davantage sur le système politique en voie de construction à la Constituante ! Par conséquent, tout baigne dans le vague et personne ne croit plus à aucune certitude, d'une évolution rationnelle et paisible de la vie politique avec une « feuille de route » (quelle abominable expression !) claire, des dates fixes et surtout une loyauté plus que nécessaire, pour redonner de l'espoir à ce pays ! Alors, et à qui mieux mieux, toutes les voies, y compris celles de nos seigneurs actuels, deviennent impénétrables... tout le monde accuse tout le monde. Les partis islamistes et alliés de la périphérie du pouvoir veulent « éliminer » politiquement leurs seuls adversaires potentiels et crédibles notamment « Nida Tounès », en qui ils voient la résurrection du RCD de Ben Ali. Les partis de l'opposition démocratique accusent, à leur tour, les partis de la Nahdha et du CPR et leurs satellites de vouloir établir dans ce pays une théocratie islamiste à l'image de l'Iran et de l'Arabie Saoudite. Pourtant, la « référence » qui aurait pu unir tout le monde est bien la « Révolution ». Tout le monde s'en réclame et tout le monde s'en éloigne ! Avec quelque, objectivité, bien difficile il est vrai à mettre en œuvre, vu le magma idéologique que nous vivons, en ce moment, on pourrait suggérer une démarche intelligible et rationnelle qui consiste à remonter le temps. Je m'explique. Revenons aux sources de la Révolution du 14 janvier 2011. Deux thèmes majeurs : la liberté et la dignité. La première est soutendue par la nécessité de construire un système de démocratie classique irréversible qui empêche la résurgence de tout régime, despotique ou totalitaire comme le précédent. La seconde est soutendue par la nécessité de mieux partager les fruits de la croissance et d'axer les décennies à venir vers le développement régional intégral et complémentaire. Ainsi, la question identitaire n'était pas une exigence essentielle de la Révolution, mais au fil du temps, elle l'est devenue depuis que les élections du 23 octobre dernier, ont consacré l'émergence de la Nahdha et de l'Islamisme salafiste. Au fait, nous sommes en présence de deux « volontés »... « populaires », celle du 14 janvier, qui est celle de toute la nation, et celle du 23 octobre qui est celle de la Nahdha et de ses satellites uniquement. Du coup, le projet « nahdhaoui » certes, légitimé par les élections de la Constituante, ne représente que 40% des suffrages exprimés. Les autres 60% y sont à des degrés divers opposés, y compris au CPR et surtout à Ettakatol. Ecoutez bien, M. Mohamed Bennour, Mme Selma Mabrouk et Mme Abbou et vous comprendrez ce que « l'entre-les lignes » veut dire ! Voilà qui nous installe dans une sorte de volonté de « forcer » le pays et la Nation à adopter le modèle social et culturel projeté de la Nahdha et ses extrêmes à moyen et long termes contre la volonté d'au moins 50% des Tunisiennes et des Tunisiens. Les uns parlent même d'un détournement des objectifs véritables de la Révolution à son déclenchement, alors que les autres veulent « fortifier » la Révolution (Tahsin Atthawra) pour la protéger des poches de la contre-révolution (Jouyoub Arridda) ! Evidemment, les instruments pour arriver aux objectifs différent d'un parti à l'autre. M. Ellouze, de la Nahdha, en « bon » forgeron veut « déboulonner » les « vieux clous » alors qu'on pourrait lui rétorquer déjà que « Charité bien ordonné commence bien par soi-même ». Quant à M. Abbou, et dire qu'il était admirable du temps de Ben Ali, il veut priver un million et demi de Tunisiens de leur citoyenneté, au nom de leur ex-appartenance au RCD, sans prendre la peine de faire la différence entre les Destouriens qui ont libéré ce pays du colonialisme et qui ont construit l'Etat moderne, avec les « ripoux » de Ben Ali, d'une part, et de faire une analyse historique sérieuse, qui prouve que Ben Ali a réalisé plusieurs « hold-up », sur la Tunisie, y compris celui de « voler » le Néo-destour à ses militants authentiques. J'aimerai poser une question bien simple à Me Abbou : La Troïka avec ses trois partis, a-t-elle plus de martyrs et de prisonniers politiques que le Néo-Destour ! Je laisse la question à votre appréciation, car la réponse et connue de tous et les cimetières des martyrs (Rawdhat Achouhada) du Néo-destour se trouvent éparpillées sur toute la terre bénie de Tunisie, de Tabarka à Borj El Khadhra ! Alors, arrêtons, de grâce de nous diaboliser les uns les autres ! Ce pays a connu suffisamment de souffrances et de sacrifices de tous ses enfants, sans exception, à des périodes diverses. L'essentiel c'est d'engager un nouveau cycle et un nouveau parcours de la Nation vers une démocratie honnête et irréversible qui prend sa source dans les slogans et les cris des foules du 14 janvier 2011 et non pas des seuls échos d'une élection de transition dont on attend encore les preuves ! N'excluons personne et tendons nous la main ! Dieu l'a prescrit dans le Saint Coran : « Waâtasimou bi habli Allahi jamiaân wa la tafarrakou ».