Le phénomène des constructions anarchiques continue d'être à l'ordre du jour de l'actualité insulaire et de constituer un vif sujet de discussion repris sur toutes les lèvres. Le plus récent cas en date, pas certainement le dernier au vu de la situation chaotique prévalant, vient d'être signalé à Houmt-Souk, au cœur même de la ville, au niveau de l'avenue Abdelhamid El Kadhi. Un lot insignifiant, couvrant à peine 250 m2 et situé dans une zone connue par son encombrement à ne plus en supporter davantage, vient d'être pris d'assaut pour être ensuite aplani au bulldozer, et des travaux de construction de locaux commerciaux et administratifs ont été entamés conséquemment. La municipalité a réagi en entreprenant les procédures d'usage qui ont abouti à l'émanation à la date du 01 octobre 2012 d'un arrêté de cessation immédiate des travaux, puis à un autre à la date du 05 octobre décrétant la démolition, et qui est resté malheureusement sans suite, sans aucun effet exécutoire. Le gouverneur de Médenine à qui la municipalité a fait part des tenants et des aboutissants de l'affaire, sollicitant urgemment son intervention, et au lieu de réagir à cet effet, n'a pas bougé le petit doigt pour soutenir la municipalité, ou plutôt la délégation spéciale en manque évident d'autorité, et l'aider à mettre en exécution l'arrêté de démolition.
Sans doute, l'outrage est gravissime, ne pouvant en aucun cas passer inaperçu, ni ne pas susciter l'indignation, au vu tant de la gravité de l'infraction commise que de la nuisance esthétique irrémédiable et indélébile engendrée, à même d'encombrer davantage la zone souffrant déjà d'une cacophonie immobilière combien enlaidissant. Son auteur est un citoyen de la place, interpelé par la pertinence de l'emplacement du lot, qui lui a fait venir l'eau à la bouche, et par tout le profit qu'il pourrait tirer. Comme ce lot en question abritant les travaux revient de droit à l'UGTT qui, ce nonobstant, est en dehors de toute implication dans cette affaire, certains membres du bureau local de l'organisation, incités et subjugués à leur tour par le profit à tirer par la fructification dudit terrain, ont été tentés et séduits par la proposition et ils ont fini par déposer à la date du 20 décembre 2011, certes au nom de l' organisme qu'ils sont censés dignement et méritoirement représenter, une demande de permis de bâtir inhérent à la construction d'un local commercial au rez-de-chaussée et de bureaux au premier étage, laquelle demande a été réitérée le 14 février 2012, suite à son rejet objectivement justifié initialement par la municipalité. Pourtant, ils ne sont pas sans savoir que le terrain convoité avait été aménagé depuis 2006 en un espace vert, logiquement donc intouchable et non constructible, et ce conformément au plan présenté alors à la municipalité par ce même bureau local pour se voir octroyer le 07 juillet de la même année un permis de bâtir d'un siège bancaire exploité à ce jour par la BNA. Irrité par le refus renouvelé de la commission technique de la commune de délivrer le permis de bâtir, pour des raisons techniquement et légalement fondées, ce petit promoteur, agissant imperturbablement puisque sous couvert du bureau local, a décidé de passer à l'action, bravant tous les interdits et mettant en exécution son projet.
L'affaire maintenant est sur toutes les langues à Houmt-Souk, le nom de l'UGTT également, qui se trouve malheureusement mêlée à cette sale histoire sans le savoir, impliquée sans le vouloir. De ce fait, ses détracteurs de la nouvelle heure ne peuvent trouver meilleure occasion pour en médire plaisamment, pour critiquer, envieux, l'organisation qui a fait quasiment l'unanimité en confirmant l'étendue de la réputation qu'on lui connaît, et qui occupe méritoirement, depuis la révolution, le devant de la scène ; cependant que ses inconditionnels sympathisants, O combien ils sont nombreux dans l'île, sont dans la gêne, embarrassés, dans la difficulté de convaincre le commun des hommes du contraire et de riposter aux accusations infligées à tort à leur organisation dont ils s'enorgueillissent d'être les dignes adhérents et à laquelle ils s'identifient fièrement.
En définitive, ce comportement immoral ayant abouti à cet outrage condamnable n'engage que ses auteurs, en l'occurrence certains membres du bureau local et le promoteur ; ce qui vient d'être fait illégalement en son nom n'engage en rien l'organisation syndicale qui, de tout temps, milite en faveur de l'application de la loi, de l'instauration de la paix et de la justice sociales. Ces membres se sont entêtés à persévérer dans l'erreur en dépit de la médiation de certains militants syndicalistes de la première heure, poussés par leur orgueil et craignant pour la réputation de leur organisation. Au moment où le bureau exécutif de l'UGTT brille de mille feux sur la scène nationale dans ce contexte de torpeur et de crise, se démène tous azimuts pour peser de tout son poids sur le cours des événements, au moment où partout dans le pays, les bases de l'UGTT sont sur le qui-vive pour être à la hauteur des attentes et pour représenter dignement la centrale syndicale, à Djerba, au contraire, les choses sont autrement faites : aucune initiative de taille, aucune manifestation digne de l'envergure de l'organisation, depuis les premières heures de la révolution, ne sont à l'actif des représentants syndicaux constituant le bureau local ; pourtant les occasions n'ont pas manqué pour leur permettre de marquer la scène insulaire de leur empreinte, à l'instar de ce que d'autres, ailleurs, font : le 20 mars, le 09 avril, le 1er mai, le 13 août, les représailles sur Gaza, etc..., et tout récemment encore, la journée ouverte organisée dimanche dernier 17 novembre, en présence de M.Abdelbacet Ben Hassen, président de l'Institut Arabes des Droits de l'Homme, pour faire toute la lumière publiquement sur le Pacte de Tunisie des Droits et des Libertés dont l'UGTT est un partenaire à part entière parmi d'autres. Au cours de toutes ces dates phares, symboliquement révélatrices, au lieu de faire œuvre utile et compter parmi les forces vives agissantes dans l'île, le bureau local de l'UGTT a brillé par son inertie et son absence de la scène ; mais pour braver la loi, mais pour souiller la sacro-sainte réputation de la première force syndicale dans le pays, il va loin en besogne, voire il excelle en la matière. Dommage !