Baisse des investissements de l'ordre de 50% La destination Tunisie table sur au moins 6,8 millions de touristes en 2013 Qu'en est-il au juste du terrain de Traak Dhiab ?
L'"opération mains propres" lancée au sein du ministère du Tourisme a abouti à l'ouverture de 56 dossiers de corruption financière et administrative liés pour la plupart à des avantages accordés illégalement à des proches de l'ancien clan au pouvoir, a annoncé, hier le ministre du Tourisme, Elyès Fakhfakh. S'exprimant au cours d'une conférence de presse tenue hier, Elyès Fakhfakh a précisé qu'une commission mise sur pied à cet effet que 25 dossiers de corruption ont été déjà transmis à la justice. Ces dossiers concernent essentiellement le non-paiement de taxes et de redevances par des personnes qui gravitaient autour de la famille Ben Ali-Trabelsi, la réalisation de projets touristiques sans autorisations préalables et des appels d'offres publics lancés en violation des dispositions légales.
31 autres dossiers de corruption financière et administrative se rapportant notamment à l'octroi des terrains touristiques à des proches de l'ancien régime des malversations dans la gestion des représentations de l'Office National du Tourisme Tunisien (ONTT) à l'étranger font également l'objet d'un suivi de la part de commission de contrôle financier relevant du Premier ministère. Concernant l'affaire relative aux procédures d'acquisition par l'actuel ministre du Sport et de la Jeunesse, Tarek Dhiab, d'un terrain sur les hauteurs de Gammarth à 33 dinars le mètre carré pour la contruction d'un complexe sportif et touristique, le ministre du Tourisme a obtenu un accord de principe pour l'achat de ce terrain auprès de l'Agence Foncière Touristique (AFT) en 1994 mais cet accord n'a jamais été mis œuvre. “En 2011, Tarek Dhiab, a de nouveau présenté une demande d'option sur le même terrain qui a été entre-temps accordée à un gendre de Ben Ali. En réponse à cette nouvelle demande, l'AFT a évalué le prix du mètre carré du terrain à 120 dinars le mètre carré, suite à quoi l'acheteur potentiel n'a pas respecté les délais légaux de présentation du dossier, en l'occurrence trois mois. Ainsi l'option sur le terrain a été levée", ajoute le ministre. Selon lui, Tarek Dhiab a par la suite saisi la justice pour contester le prix fixé par l'AFT.
Objectifs déjà atteints D'autre part, le ministre a fait savoir que l'industrie touristique a atteint ses objectifs fixés pour l'année 2012. Les entrées touristiques ont atteint 5.554 millions au 30 novembre 2012, contre 4.456 millions en 2011 et 6.487 millions en 2010. Les recettes de l'industrie touristique se sont , quant à elles, élevées à 2,949 millions de dinars durant les onze premiers mois de 2012 contre 2,235 millions en 2011. “ Nous avons presque atteint durant les seuls onze premiers mois de l'année en cours l'objectif de 6 millions de touristes que nous nous sommes fixé pour toute l'année 2012", commente M. Fakhfakh. Et d'ajouter : “on aurait pu mieux faire s'il n'y avait pas eu des annulations consécutives à l'attaque contre l'ambassade américaine et une récession économique en Europe".
La répartition des entrées par marché entre le 1er janvier et le 30 novembre 2012 fait également ressortir une nette amélioration sur la quasi-totalité des pays émetteurs de touristes vers la Tunisie. Ainsi, les entrées des touristes européens (2,87 millions ) ont augementé de 40,6% alors que celles des maghrébins (2,552 millions) ont évolué de 18,4%. De leur côté, les entrées des nord-américains (20.723) ont enregistré de 29,5%. S'agissant des perspectives 2013, le ministre a indiqué que l'état de booking pour l'été 2013 est “satisfaisant" si l'on prend en considération le fait que l'early booking est en régression face à la montée des réservations de dernière minute. “ Compte tenu de ces indicateurs positifs, la destination Tunisie table sur au moins 6,8 millions de touristes en 2013 “, a déclaré le ministre.
Investissements en forte baisse Pour ce qui est des investissements dans le secteur touristique, une chute de 50% a été constatée en 2012 en raison notamment de la situation générale dans le pays, de la réticence des banques à financer des projets touristiques et de la fin du programme de mise à niveau touristique. Le ministre a jugé , dans ce cadre, que sur un total de grands projets touristiques annoncés , une douzaine de projets sont sérieux, les autres étant des effets d'annonce. Il a aussi révélé que l'Agence Foncière touristique œuvre à aménager 14 nouvelles régions touristiques réparties sur tout le territoire. Pour donner une nouvelle impulsion à l'investissement dans le secteur touristique, le ministère de tutelle compte lancer un nouveau programme de mise à niveau des unités hôtelière durant le deuxième semestre 2013 et un appel d'offres pour le choix d'un Bureau d'étude chargé d'accompagner la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement du tourisme à l'horizon 2016.
Une unité de gestion par objectifs regroupant des représentants de l'administration et des professionnels vient d'ailleurs d'être mise en place pour veiller au suivi de l'application de la stratégie nationale de développement du tourisme à l'horizon 2016. Le ministère a également lancé des réformes visant à simplifier les procédures d'investissement dans le secteur du tourisme et à venir à bout de l'épineux problème de l'endettement excessif des hôteliers. Le ministre du tourisme a souligné, sur un autre plan, que l'endettement global des hôteliers est de l'ordre de 3,5 milliards de dinars. Les créances litigieuses s'élèvent, toutefois, à entre 600 et 800 millions de dinars. Ces créances seront confiées à une compagnie d'assets management qui devrait soit mettre en vente les unités endettées, soit changer leur vocation.