Ce n'est pas par les cérémonies et les slogans qu'on défend les droits de l'Homme. Il a fallu en effet que ceux qui ont eu le courage de rompre le silence et dénoncer les exactions et les injustices, payent de leurs vies, pour inciter ceux qui sont épris de Justice à agir dans le sens de la préservation des droits humains. Déjà à l'aube de l'Islam, le Calife Omar Ibn Al Khattab, s'est indigné contre l'esclavage en s'écriant : « A quel titre on en fait des serfs ceux que leurs mères ont mis au monde libres ? » C'était il y a plus de 14 siècles. A cette époque, ce Calife dénommé « Al Farouk » (celui qui tranche dans le sens de l'équité) pour son sens aigu de la Justice, s'est indigné contre la mentalité qui sévissait, et de cette résignation de certaines personnes devant tous les abus dont elles ont été l'objet, durant toute la période antéislamique. Le message dicté au Prophète était dans le sens de l'abolition de toutes les pratiques de servage et de domination de l'Homme sur son semblable. N'est-il pas en effet déclaré dans l'un des versets coraniques qu'il n'y aucune différence entre les humains créés par Dieu, d'homme et de femmes sauf par la piété, et le fait de ne pas nuire à autrui est la meilleure forme de piété. L'islam a été donc la religion du droit « Al hak » et ce mot désignant ce qui est juste, est également parmi les attributs de Dieu. Cependant, dans tous les pays musulmans, il a été détourné de son sens initial et réel. Al Hak signifie également en arabe la vérité. Cela à cause de ce lien naturel qu'il y a entre ce qui est juste et ce qui est vrai. Le détournement de la vérité a toujours nui à la consolidation des droits. Bien plus, dans certains régimes dictatoriaux, la vérité a été tue ou détournée, sciemment par des gouvernants qui avaient pour but de violer les droits humains. Sous l'ancien régime en Tunisie, beaucoup de vérités ont été cachées, dans l'intention délibérée de violer les droits de l'Homme. On se hâte d'accuser de trouble à l'ordre public ou de complot contre la sûreté de l'Etat, sans aucun fondement afin de violer certains droits, dont notamment le droit d'opinion et d'expression. Ceux qui dénonçaient des exactions ou des injustices, risquaient souvent- de se retrouver sur le banc des accusés. Pratiques révolues après la Révolution ? Ce n'est pas sûr, selon certains observateurs avertis et des membres de la composante sociale. Plusieurs personnes ont été accusées de trouble à l'ordre public, à la suite d'un mouvement dénonçant des injustices ou des abus quelconques. Que faire alors pour que les minorités, les personnes lésées ou marginalisées, et celles qui réclament le rétablissement de certains droits, puissent se faire entendre ? Les associations de droits de l'Homme, sont à l'affût des occasions nationales et mondiales, pour se manifester dans ce sens. Le 8 décembre c'était la journée mondiale des droits de l'Homme. Elle a été célébrée à Carthage en présence des trois présidents de la Troïka. L'intention est bonne, mais au niveau de l'action, cette journée a été marquée au palais de Carthage par certains incidents dénotant de la, pratique des deux poids deux mesures à l'égard de quelques personnes, parmi les composantes de la société civile, jugées indésirables. Bizarre, mais vrai En effet à l'entrée du Palais, elles ont été empêchées d'y pénétrer bien que leurs noms figuraient sur la liste des invités. Ce fut le cas de Zouheir Makhlouf, secrétaire général de la section tunisienne d'Amnesty International. Ce qu'il a dénoncé, qualifiant ces pratiques de contraires aux droits humains. Il a ajouté que cette attitude a été une réaction aux lettres ouvertes critiques adressées par lui à Moncef Marzouki, président de la République. De son côté, Ahmed Rahmouni, président de l'Observatoire pour l'Indépendance de la Justice, a déploré le fait que ni le syndicat ni l'association des magistrats, n'ont été conviés à cette cérémonie. Sihem Ben Sédrine, présidente du Conseil National des Libertés, qui fut quant à elle invitée, a été solidaire avec les protestataires précités, ne manquant pas d'exprimer son étonnement de cette exclusion, de ces représentants du secteur judiciaire. Comportements déplorables de certains invités ? De son côté le porte-parole de la présidence a déclaré que le représentant du bureau tunisien d'Amnesty International, a fait preuve d'un comportement déplorable, et a insulté les services de sécurité, ainsi que leurs supérieurs hiérarchiques. Ajoutant que de toutes les façons, la sécurité est habilitée à décider de laisser entrer ou pas, toute personne, quelle qu'elle soit. En tout état de cause, c'est un incident qui a malmheureusement escamoté cette journée célébrée dans les quatre coins du monde. A quoi était-il du au juste ? La vérité est toujours difficile à connaître, surtout quand il s'agit d'établir ou de défendre un droit. C'est ce qui a fait dire à Emile Zola à juste titre « La vérité et la justice sont souveraines car elles seules assurent la grandeur d'une nation »