Cette fois-ci, c'est Jendoubi qui est dans le collimateur de Fethi Layouni. Cet avocat, pourtant connu sur la place pour sa correction et son sérieux, est à l'affût de porter plainte contre n'importe qui et pour le moindre motif, depuis la Révolution. Il nous rappelle par cette attitude, le fameux juge Perrin Dandin, dans les plaideurs de Racine, tellement féru de juger, qu'il finit par transformer son domicile en prétoire pour juger son propre chien ! Certes il est du droit de chacun d'ester en justice comme bon lui semble, pourvu que ce soit en vertu de la loi et des règles de la procédure. Toutes les occasions peuvent être propices à se pourvoir en justice. Du passant qui glisse sur un trottoir mal pavé jusqu'au vieillard renversé par un chauffard, cela donne matière à des procès par les victimes en demande de réparation des préjudices qu'il peuvent subir. Toutefois et selon l'adage bien connu par les juristes, pas d'intérêt pas d'action, il est important de considérer l'importance du dommage subi, afin que l'action intentée puisse aboutir. Vous me direz, aux Etats-Unis on fait des procès pour n'importe quoi. Un jeune homme dans le métro qui sourit à une adolescente peut être attaqué par la mère de cette enfant pour détournement de mineur voire pour harcèlement. Intenter des procès est une tradition aux Etats-Unis qui s'est installée depuis des décades. Les avocats agissent pour un but lucratif, plutôt que pour rétablir des droits. Là aussi, cela dépend de l'importance du dommage. L'avocat qui a intenté un procès contre une manufacture de cigarettes d'une marque bien connue, au nom de son client décédé à la suite d'un cancer des poumons. La relation de cause à effet ? Le client a été incité à fumer des cigarettes portant la marque de l'usine incriminée, qui y encourage les fumeurs par son matraquage publicitaire. Action contre « Attimsah » Mais quel dommage a été causé, suite à la diffusion de l'émission Attimsah (le crocodile par une chaîne de la place ? Vous n'envoyez pas ? Et pourtant Me Laâyouni a porté plainte contre la chaîne en question pour avoir diffusé cette émission pendant le mois de Ramadan. Mais son action n'a pas abouti, car il n'y avait aucun dommage ni aucune victime. Le même avocat avait aussi intenté une action contre deux députés de la Constituante, à savoir Ahmed Khaskhoussi et Mohamed Brahimi, action qui a été déclarée également irrecevable par le tribunal. Il avait soutenu que son recours était fondé sur le fait que la grève observée par ces deux députés était dans le but de faire pression sur la justice et neutraliser le principe de la séparation des pouvoirs. Le tribunal n'a pas statué sur le fond. Ces argument étant fondés plutôt sur des supputations, que sur des éléments tangibles. On se rappelle également de l'action de Me Laâyouni, auprès du tribunal, pour obtenir une décision sur requête, annulant la diffusion d'une certaine interview sur une chaîne de télé de la place. Cette décision a été annulée à son tour par le tribunal de Tunis. Bref, des actions présentées par l'avocat en question, qui ressemblent plutôt à des coups d'épée dans l'eau. Dernièrement Me Laâyouni a intenté une action contre l'ISIE et son président Kamel Jendoubi pour malversation. A son tour Kamel Jendoubi a intenté une action contre Me Laâyouni pour diffamation. Il a été entendu le lundi dernier, dans le cadre de cette affaire par le substitut du procureur près le tribunal de première instance de Tunis. Pour sa part Me Laâyouni estime que la procédure intentée par Jendoubi, est dans le but de détourner l'opinion publique de l'affaire de gaspillage des deniers publics, ajoutant qu'il a été chargé par le représentant du contentieux de l'Etat. C'est un crime ! Après avoir été entendu par le substitut du procureur, Kamel Jendoubi a déclaré aux médias qu'il maintenait sa plainte et qu'il comptait également agir contre tous ceux qui s'avèreraient être responsables de la fuite d'un document interne et confidentiel de la cour des comptes. Il n'a pas manqué de préciser qu'il comptait bel et bien poursuivre notamment Me Fethi Laâyouni pour avoir porté atteinte à la réputation de l'ISIE ainsi qu'à celle de son président. « C'est un crime ! », s'était-il exclamé. Plainte irrecevable, a déclaré de son côté Me Laâyouni, toute action contre un avocat en exercice devant transiger par le procureur général qui informe à son tour le bâtonnier de l'ordre national, et ce en vertu du nouveau décret-loi réglementant la profession d'avocat. Bref, des accusations mutuelles et un imbroglio de règles procédurales et juridiques qui restent à être établies. En attendant c'est une source d'inquiétudes supplémentaires pour le citoyen surtout en pareille conjoncture. Il y aura d'autres rebondissements dans cette affaire qui se présente comme un nouveau feuilleton à plusieurs épisodes et sur laquelle on reviendra sûrement.