« Souhaitons que ce ne soit pas le calme qui précède la tempête », déclare Me Abdessattar Ben Moussa, président de la LTDH « Nous félicitons et remercions les forces de l'ordre », affirme Mohsen Marzouk, membre dirigeant à Nida Tounès « La violence est une ligne rouge à ne pas dépasser pour le pays et pour le processus révolutionnaire », rappelle Chokri Belaïd, dirigeant au Front populaire Nida Tounès a organisé durant le dernier week-end deux meetings concluants et fort réussis, le premier eut lieu samedi à Ksar Hellal sous la présidence de Taïeb Baccouche secrétaire général du parti. Le second s'est passé dimanche à Grombalia sous la présidence de nombreux membres du bureau exécutif du parti. Les deux meetings ont connu une grande affluence populaire. A son tour le Front populaire a organisé un grand meeting aussi réussi en présence d'une forte population à Gafsa, pour commémorer le cinquième anniversaire du soulèvement du Bassin minier. Un point commun à relever à l'honneur de tous les protagonistes qui ont observé pour une fois enfin les règles de bienséance de la démocratie: l'absence de violence politique. Contrairement à ce qui s'est passé à Djerba, Sfax et ailleurs, ces réunions ont eu lieu dans le calme sans escarmouche et sans les interventions violentes des comités de protection de la Révolution. Comment expliquer ce succès ? Est-ce la fin, pour toujours, de la violence politique ? Me Abdessattar Ben Moussa, président de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH), la plus ancienne association des Droits de l'Homme en Afrique, précise dans une déclaration au Temps : « ces réunions ont réussi parce que les forces de l'ordre ont joué leur rôle. Elles ont reçu les ordres pour protéger ces réunions. C'est leur rôle, qu'il s'agisse de réunions de partis politiques ou d'associations. Il y a une prise conscience et une volonté réelle à protéger les réunions avec une forte présence des forces de sécurité. Chaque fois où les forces de sécurité sont réellement suffisantes et les ordres sont fermes et clairs, les choses se passent convenablement. Espérons que ça ne soit pas un feu de paille. Telle devrait être la donne désormais, c'est-à-dire une situation qui doit durer. Si c'était le cas par le passé, il n'y aurait pas eu de violence à Djerba et Tataouine. Souhaitons que ça ne soit pas le calme qui précède la tempête. Nous nous félicitons de l'absence de violence. Espérons que ça soit le cas pour toujours ». Mohsen Marzouk, un des dirigeants de Nida Tounès, un parti qui a été la cible privilégiée des attaques violentes des comités de protection de la Révolution, est convaincu, que « la décision politique a été prise au niveau du ministère de l'Intérieur pour protéger les réunions, chose faite dans les meilleures conditions, avec une présence des forces de l'ordre assez remarquée. Les réunions se sont passées dans les meilleures conditions ». Notre interlocuteur, s'interroge pourquoi cette décision n'a pas été prise à Djerba ? « A Djerba, il n'y avait pas de décision de protéger suffisamment la réunion. Il y a eu la catastrophe. Nous félicitons et remercions les forces de l'ordre à Grombalia et à Ksar Hellal et disons aux décideurs que ce sont de bonnes décisions ». Rappelons qu'à Grombalia Ennahdha avait organisé un meeting le même jour. Mohsen Marzouk pense que c'est tant mieux. « Si c'est une nouvelle politique, chaque fois où nous organisons un meeting, ils tiennent un meeting parallèle, c'est de bonne guerre. C'est mieux que d'envoyer des milices pour nous attaquer. Espérons que ce qui s'est passé soit un signal prometteur pour une nouvelle approche du ministère de l'Intérieur. Les deux réunions ont prouvé que Nida Tounès n'est pas un phénomène médiatique, contrairement à ce que disent certains. C'est un parti qui a une assise populaire. Nous sommes au début. Nous sommes contre toutes les forces d'exclusion que ce soit aujourd'hui dans l'opposition, ou demain si le peuple nous donne l'occasion de gouverner. Nous agissons sans aucune rancune ni esprit de vengeance ». Chokri Belaïd, secrétaire général du Parti des Patriotes Démocrates Unifié et un des dirigeants du Front populaire affirme dans une déclaration au Temps que « le succès populaire et politique du meeting de Gafsa était prévisible, à l'instar des meetings de Sfax, Soliman et Tunis. Il en sera de même Samedi prochain à Sousse. Le Front populaire a son public et ses prolongements. C'est une grande force de mobilisation dans tous les rendez-vous. Nous nous attendons à un niveau de mobilisation plus grand. Le Front populaire, promet des surprises, à ce niveau. Les grands meetings auront lieu dans les quartiers populaires que certains essayent d'isoler de l'action politique et de monopoliser pour une partie donnée ». Concernant l'organisation de réunions sans violence, Chokri Belaïd, s'élève en disant : « c'est la règle. Il est demandé à l'Etat et au ministère de l'Intérieur de garantir la sécurité à toutes les réunions. La règle, c'est la liberté politique, la liberté de tenir des réunions sécurisées, le caractère civil et pacifique de l'action politique. La règle c'est protéger le pluralisme et le droit à la différence, barrer la route et mettre fin à la violence et aux milices, faire prévaloir la suprématie et la force de la loi. Nous pensons que ce qui s'est passé dernièrement est un pas positif. Il est le résultat de l'attachement des Tunisiennes et Tunisiens à leurs droits en l'action politique civile et pacifique. C'est le résultat de la solidarité politique et l'unité de toutes les forces démocratiques, civiles et progressistes contre la violence politique, les milices et ceux qui leur offre la couverture politique ». Est-on rassuré pour l'avenir ? A cette question, Chokri Belaïd répond en affirmant que « le combat continue. Il faut poursuivre la pression, pour dissoudre les milices d'Ennahdha appelées comités de protection de la Révolution et imposer la loi. Le deuxième anniversaire de la destitution du dictateur est une occasion pour dire que la Tunisie s'oppose à la violence et revendique la dissolution des milices. En tant que Front populaire ou en tant que parti, nous pensons que la violence est une ligne rouge à ne pas dépasser pour le pays et pour le processus révolutionnaire. C'est l'arme principale utilisée par les ennemis de la Révolution et du peuple. Endiguer la violence est l'entrée pour une vie réellement démocratique. C'est un combat qui intéresse toutes les forces civiles, partis politiques, associations, élites et citoyens. Contrecarrer la violence, c'est mettre en relief une dimension essentielle du processus révolutionnaire en Tunisie, à savoir son caractère civil, pacifique et de masse. C'est ce qui distingue le géni du processus révolutionnaire tunisien. C'est la raison pour laquelle nous soutenons le droit de toutes les forces politiques, toutes les organisations et associations à tenir leurs réunions dans un climat pacifique, civilisé basé sur le respect d'autrui et la consolidation du pluralisme, du droit à différence. »