Quant aux élections, ce sera à la Saint glin-glin On ne sait plus qui croire aujourd'hui à propos du remaniement ministériel qui continue à se faire attendre. Il était prévu pourtant d'en faire le cadeau du Gouvernement à l'occasion du deuxième anniversaire de la Révolution. Après avoir avancé la date du 12 janvier pour l'annoncer, on parle désormais du 21 du même mois. Jeu plaisant qui consiste comme vous voyez à intervertir les chiffres 1 et 2, question de jeter quelque « os » aux nombreux amateurs de scoops. On s'amuse beaucoup avec les échéances depuis qu'Ennahdha est au pouvoir, et depuis l'avènement de sa désastreuse Troïka. Le brouillon du Destour se promène à travers le pays et personne n'a de certitude quant à la date de sa mise définitive au propre. Pour les prochaines élections, nous ignorons tous si elles se tiendront à la fin juin 2013, au début de l'automne prochain ou à la Saint Glin-glin! De nombreux procès sont indéfiniment reportés tandis que des ministres de Ben Ali ainsi que des salafistes jihadistes attendent désespérément qu'on fixe une date pour les juger. Cependant, le 14 janvier n'est pas une date à prendre à la légère. C'est pourquoi nous considérons qu'il est de l'intérêt du Gouvernement de trancher le plus vite possible la question du cadeau d'anniversaire à présenter au peuple dans moins d'une semaine à l'occasion de l'An II de la Révolution ! Encore faut-il que ce présent soit au goût de ses destinataires. Jebali, Ennahdha et la Troïka ont-ils d'autre offrande que le prochain remaniement ? A moins de surprendre les Tunisiens à la dernière minute en leur annonçant un nouveau président de la République et à un degré moindre, un nouveau Premier ministre, sans quoi le cadeau risque de les décevoir, voire même de les faire sortir une fois de plus de leurs gonds. « Egleb » ou la deuxième Révolution A ce propos, les facebookers mécontents du Gouvernement se mobilisent les uns les autres pour sortir dans une manifestation monstre le 14 janvier à 10 heures du matin : objectifs principaux, demander le départ de l'actuelle équipe dirigeante et revendiquer la dissolution de ce qu'ils appellent l' « Assemblée de la honte ». Le mouvement protestataire s'est baptisé « Egleb », ce qui signifie en termes relativement plus polis « Pars », « Va-t-en », « Du vent », « ouste » ou tout simplement « Dégage » ! C'est désormais à une formule bien tunisienne que les néo- révolutionnaires ont recouru pour exprimer leur ras le bol des atermoiements du pouvoir. Le soulèvement « Egleb » partirait du perron du Théâtre Municipal de Tunis en direction sans doute du Ministère de l'Intérieur, comme il y a deux ans. Allez savoir cependant si les cordons sécuritaires qui les ceintureraient les laisseraient agir à leur guise ! D'autre part, nul ne peut écarter l'hypothèse que la campagne « Egleb » échoue à l'instar du mouvement du 23 octobre dernier ! Le souvenir du revers syndicaliste du 13 décembre est également vivace dans les esprits ! En tout cas, la commémoration du deuxième anniversaire de la Révolution ne se présente pas sous les meilleurs auspices, à Tunis comme à l'intérieur du pays ! A Ben Guerdène, à Kerkennah, à Redeyef, au Kef, à Thala, la colère est à son comble à la veille du 14 janvier. Quel cadeau la Tunisie offrira-t-elle à ses gouvernants ? Le scénario de Sidi Bouzid se reproduira-t-il à une plus grande échelle ? Il y a de la violence dans l'air, des deux côtés paraît-il ! Comment s'y prendre si l'on veut désamorcer la bombe à temps ! La valse des cadeaux Certains partis politiques qui ne faisaient pas partie de la Troïka la rejoindront bientôt ! Ennahdha qui tient à récompenser ses alliés contre Essebsi et Nida Tounès a déjà désigné des portefeuilles pour ses nouvelles recrues lesquelles recevront leurs cadeaux à l'anniversaire de la Révolution. On réserve le plus « beau » à Ahmed Néjib Chebbi, nous dit-on : mais ce dernier hésite, semble-t-il, à l'accepter ! Le coup serait dur pour Essebsi si Chebbi lui faussait compagnie ! D'autre part, la surprise ne laisserait pas indifférent Moncef Marzouki, l'actuel Président de la République, qui ne l'accueillerait certainement pas avec le sourire aux lèvres. Mohamed Abbou, le secrétaire général du C.P.R., parti du Président, a menacé d'entrer dans l'opposition si Ennahdha démettait Marzouki ! On en tremble déjà du côté de Montplaisir. Quant au Front Populaire dont les leaders sont actuellement en pourparlers avec Rached Ghannouchi, il leur faut, à eux aussi, des cadeaux d'anniversaire : Hamma Hammami se contenterait-il d'un ministère ou d'un secrétariat d'Etat ? Personne ne peut l'admettre ! Les députés de l'Assemblée Constituante, pour leur part, ont pris les devants et se sont offerts eux-mêmes des majorations de primes assez substantielles susceptibles de les faire renoncer à un poste au Gouvernement. Pourquoi attendre le 14 janvier ? Il faut battre le fer pendant qu'il est chaud ! Balivernes contre spéculations Autres cadeaux d'anniversaire : les journées d'études, colloques, conférences, séminaires et tables rondes organisés en marge de la commémoration du 14 janvier : nous avons tantôt reçu une invitation à assister à l'une de ces manifestations organisée par un centre d'études et de recherches intermaghrébines et parrainée par le Ministère de la Culture et les Archives Nationales. Thème central : l'An II de la Révolution tunisienne, bilan et perspectives ! Cela fait des décennies qu'on nous rabâche ce titre « binaire » : bilan et perspectives ! Quelle supercherie! A qui de telles rencontres profitent-elles d'ordinaire ? Qui tient compte de leurs conclusions et de leurs recommandations ? Qu'en retiendra-t-on en dehors des séjours d'hôtel gratuits, des buffets de midi et de la soirée et des pâtisseries des pauses-café : rien d'autre que les discours à dormir debout qui plus est rémunérés en dinars et en dollars s'il le faut ! La manifestation que nous évoquions s'est ouverte hier à la maison de la culture Ibn Khaldoun, journée pendant laquelle on ne fera rien d'autre que disserter sur la Révolution. Les exposés se suivent et se ressemblent dans pareilles journées, elles n'apportent rien de nouveau aux Tunisiens, par contre elles régalent les amateurs de parlotte et de baratin qui ne se font guère prier lorsqu'il s'agit de vendre leurs balivernes à la première institution venue et au premier public venu. Et pendant que messieurs les conférenciers discutaillent, pendant que les politiques vendent aux enchères les portefeuilles ministériels, pendant que les Constituent se font augmenter leurs primes, des commerçants sans foi ni loi et des spéculateurs implacables sucent le sang du citoyen moyen. Voilà le meilleur cadeau d'anniversaire proposé aux Tunisiens ! Il faut arroser ça, le 14 janvier prochain ! Soit ! Mais l'arroser avec quoi !