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Un corps divisé, des positions contradictoires et un engagement timoré !
Les universitaires et la violence politique
Publié dans Le Temps le 13 - 02 - 2013


Mises en garde contre l'algérisation de la Tunisie
L'ambiance parmi les enseignants du Supérieur est aujourd'hui à l'image des dissensions et des tiraillements qu'on relève à l'échelle nationale aussi bien à propos de la transition démocratique que des derniers développements successifs à l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd. Mercredi dernier, juste après l'attentat, certains établissements universitaires ont évacué leurs salles et fermé leurs portes. Parmi les enseignants, il y en avait qui étaient extrêmement émus et qui ne purent donc pas assurer leurs cours.
D'autres les interrompirent immédiatement et rejoignirent la manifestation spontanée de l'Avenue Habib Bourguiba. Plusieurs collègues femmes pleuraient le martyr tout en criant les slogans contre ses assassins. Sur face book, on lisait toutes sortes de commentaires que l'actualité inspirait aux professeurs du Supérieur. Tour à tour passionnées, décalées, aigries, alarmistes, défaitistes ou euphoriques, leurs réactions reflétaient la diversité de leurs opinions au sujet de la violence en général et de l'assassinat politique en particulier. On remarque d'autre part que si la majorité d'entre ces enseignants condamne l'attentat contre Chokri Belaïd et désigne Ennahdha comme possible commanditaire de l'assassinat, des voix (politiquement marquées) se laissent entendre un peu partout pour lire autrement le crime et lui proposer d'autres auteurs et d'autres bénéficiaires. Ceci sans compter que, comme dans tous les corps professionnels, la masse silencieuse n'est pas insignifiante à l'Université.
Beaux prêches, et après ?
Cependant et en dépit de cette disparité dans leurs réactions face à la violence politique, les enseignants du Supérieur tentent de s'unir autour d'une position commune et de proposer une action collective efficace contre cette forme de criminalité quasiment inédite dans nos mœurs politiques. La Fédération Générale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (FGESRS) a, depuis lundi dernier, appelé les professeurs à consacrer une partie de leurs séances à un débat sur l'attentat politique et sur la tournure tragique que prend la rivalité politique sous nos cieux. On souhaite également que des réunions se tiennent dans tous les établissements au cours de cette semaine afin de proposer des réponses concrètes aux discours des chantres de la violence. Sur le plan régional, on prévoit d'autres rassemblements pour recueillir un maximum de suggestions sur le même sujet. Autre recommandation du syndicat du Supérieur: la sauvegarde de l'union du corps enseignant, seule condition pour l'efficience de ses combats.
C'est un beau prêche que ce discours ! Or, en assistant hier à une réunion syndicale sur la question, nous avons constaté que les professeurs présents étaient conscients que leur unité est, depuis quelque temps, sérieusement ébranlée. Les syndicalistes d'entre eux ne parlent déjà pas le même langage. Bien avant l'assassinat de Chokri Belaïd, les violences à propos du niqab les avaient divisés. Hier, on a déploré les positions ambiguës ou franchement discordantes de certains responsables syndicaux de l'Université de Sfax, plutôt proches d'Ennahdha et défenseurs des Ligues locales pour la Protection de la Révolution. D'après M. Houcine Boujarra, Secrétaire générale de la FGESRS, ces syndicalistes accusent la Fédération d'enfreindre le principe de la neutralité politique de l'Université tunisienne et de contribuer à attiser les dissensions en son sein. M. Boujarra et certains intervenants ont appelé à l'exclusion de ces responsables syndicaux pour qui l'intérêt partisan prime l'appartenance corporatiste.
Esprits éclairés contre têtes bornées
Les autres interventions ont déploré leur désunion et ont dénoncé l'isolement dans lequel se confinent les universitaires qui par sentiment de supériorité, qui par naïveté, qui par paresse, qui par opportunisme ou lâcheté. On dénonça avec la même véhémence les nouveaux arrivistes du Supérieur et les enseignants volontairement ou involontairement désengagées dans l'espace public. Sur un autre plan, les mises en garde se multiplient contre « l'Algérisation » de la Tunisie. Passant en revue plusieurs agressions commises contre les intellectuels, les enseignants ont évoqué les « années de plomb » vécues chez le voisin maghrébin, là où la violence politique se déclencha d'abord contre les penseurs et les universitaires. En bref, les professeurs mirent l'accent sur la nécessité de passer à l'action pour contrecarrer l'avancée de l'esprit rétrograde et des ennemis de la liberté et de la démocratie. La Fédération syndicale du Supérieur propose de consacrer un des ateliers du prochain Forum Social Mondial (qui se tiendra en Tunisie du 26 au 30 mars 2013) à l'étude des origines de la violence et de ses remèdes. A la suite de l'initiative de l'Université de Carthage, on recommande aussi d'organiser des séminaires et des colloques pour prévenir contre les ravages de la violence politique. C'est donc l'arme de l'esprit éclairé et de l'intelligence que l'Université tunisienne brandit contre les projets barbares et obscurantistes. Cependant, ne nous voilons pas la face : nos facultés, nos instituts supérieurs et nos grandes écoles couvent malheureusement bien des têtes bornées et bien des ignares perméables aux idées et aux discours les plus anachroniques. Non pas seulement parmi les étudiants, mais surtout, et c'est là le plus grave, parmi leurs « maîtres à penser » !


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