. Sarkozy assouplit sa position sur la Turquie Le Temps-Agences- Nicolas Sarkozy assouplit sa position sur la Turquie. La France ne s'opposera pas à l'ouverture de nouveaux chapitres de négociation avec Ankara si une réflexion est lancée sur l'avenir du projet européen, a déclaré hier le président français dans son premier grand discours de politique étrangère depuis son élection. Ce discours prononcé en ouverture de la 15ème conférence des ambassadeurs, rendez-vous annuel de rentrée des diplomates français réunis à Paris jusqu'à après demain, était très attendu. Pendant près d'une heure, le chef de l'Etat a donc fixé le cap aux ambassadeurs. Avec une conviction: "la France a encore beaucoup à apporter au monde", à condition d'être "rassemblée derrière une vision et un volonté". "La marque d'un homme d'Etat, c'est la volonté de changer le cours des choses", a-t-il lancé d'emblée. L'homme de la "rupture" n'a pas prononcé une seule fois le nom de Jacques Chirac, prenant ses distances avec plusieurs aspects de la politique étrangère de son prédécesseur. Quatre ans après le "non" chiraquien à l'intervention américaine en Irak, M. Sarkozy, reçu le 11 août dernier par George W. Bush dans sa résidence d'été de Kennebunkport, a insisté sur l'importance de l'amitié franco-américaine, même si "alliés ne veut pas dire alignés". Il a ainsi déploré la "tentation du recours unilatéral à la force", et réaffirmé la demande française d'un "horizon clair" pour le retrait des troupes américaines d'Irak. Au passage, il marqué à plusieurs reprises son soutien au ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, contraint hier de présenter ses excuses au Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki pour avoir tenu dans la presse des propos appelant à sa démission. Alors que Jacques Chirac jouait la proximité avec Vladimir Poutine et les dirigeants chinois, son successeur a dénoncé la "certaine brutalité" dont la Russie fait preuve sur la scène mondiale et "la stratégie de contrôle" chinoise en Afrique. M. Sarkozy n'en a pas moins repris nombre de positions traditionnelles de la France, comme sur l'Iran, crise "la plus grave" menaçant selon lui le monde aujourd'hui, ou le Proche-Orient. La construction européenne, seule à même de répondre aux défis de la mondialisation, restera ainsi "la priorité absolue" de la politique étrangère française. Le président a notamment proposé l'élaboration d'une nouvelle "stratégie européenne de sécurité" pour "donner un nouvel élan" à l'Europe de la défense. Après l'accord de juin dernier sur la grandes lignes du nouveau traité destiné à remplacer le projet de Constitution, le président français a proposé la création d'ici la fin de l'année d'un "comité de 10 à 12 sages" pour réfléchir à l'avenir du projet européen à l'horizon 2020-2030. Evoluant par rapport à son opposition de principe à l'adhésion de la Turquie, Nicolas Sarkozy a lié le sort des négociations avec Ankara à la création de ce comité: "Si cette réflexion essentielle" est lancée par les 27, "la France ne s'opposera pas à ce que de nouveaux chapitres de la négociation entre l'Union et la Turquie soient ouverts dans les mois et les années qui viennent". M. Sarkozy a posé une autre condition: que les chapitres ouverts "soient compatibles" avec les deux possibilités qui doivent rester ouvertes à ses yeux, l'adhésion et l'association. Et a réaffirmé sa position en faveur de cette dernière formule. Tout au long de son discours, il a insisté sur le "risque de confrontation entre l'Islam et l'Occident", premier défi du monde à ses yeux. Dans ce cadre, il a rappelé son projet d'Union méditerranéenne, souhaitant qu'une première réunion de chefs d'Etat ait lieu au premier semestre 2008. Comme son prédécesseur, M. Sarkozy a plaidé pour un "nouvel ordre planétaire". Et donc proposé que l'Allemagne, le Japon, l'Inde, le Brésil et l'Afrique entrent au Conseil de sécurité et la transformation du G8 en G13. Réaffirmant la priorité donnée à l'Afrique, il a annoncé qu'il présiderait le 25 septembre une réunion du conseil de sécurité sur le continent noir, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.