Le persil comme moyen de résistance politique fait sourire des Tunisiens et surtout la cagnotte de Tahar Ben Hassine le promoteur de la chaîne de télévision en difficulté financière Une idée si simple a crée l'évènement la journée d'hier. Eh bien les Tunisiens se sont dirigés vers le siège de la chaîne de télévision Al Hiwar Ettounsi pour s'approvisionner en persil. Le persil tel que acheté de chez Tahar Ben Hassine a valu un beau sourire de satisfaction affiché par bon nombre de Tunisiens qui ont répondu à l'appel de la chaîne de télévision. Il fera sourire à pleines dents la cagnotte de monsieur Ben Hassine qui se remplit plein les poches d'un argent sonnant et trébuchant. Et puis ça fera grincer bien des dents à certains. Bien entendu, ceux qui recevront les retombées de la campagne du persil en pleine gueule. L'idée était, en fait, d'amener les contribuables à faire des dons à la chaîne de télévision, en difficulté financière, en achetant une botte de persil bien fraîche moyennant un argent à partir de 20 DT. On reconnaîtra, cette fois, encore une qualité au persil connu pour ses vertus diététiques : la plante est désormais un moyen fort sympathique de résistance politique. Un commerce foisonnant Tout a commencé en fait lorsque la chaîne de Tahar Ben Hassine lança un appel pour collecter des dons. Histoire d'aider la chaîne de télévision privée qui menace de mettre la clef sous le paillasson. Chose qui a été perçue ironiquement par des internautes qui, sur le réseau social Facebook, ont « conseillé au prometeur de la chaîne de vendre du persil ». Il faut revenir aussi à l'origine de cette anecdote qui chez les Tunisiens a commencé lorsque Moncef Ben Salem, ministre nahdhaoui de l'Enseignement supérieur déclare avoir vendu du persil pendant les années de braise lorsque son fils Oussama lance juste après la Révolution une chaîne de télévision ‘'Zitouna''. Les Tunisiens qui ont le sens de l'humour ne se font pas prier pour agrémenter les pages Facebook de commentaires, parfois même désobligeants, sur les liaisons entre ce commerce foisonnant et le lancement d'une chaîne de télévision. Ça rapporte beaucoup, paraît-il. Les Tunisiens adhèrent à la cause du «persil» « On vient prendre notre persil chez Ben Hassine »déclare de tout sourire un citoyen qui s'offre un bon bain de foule avant de s'acheter un bouquet de persil si cher aux yeux de certains tunisiens. Mais l'idée n'est pas aussi simple que ça. Ce petit commerce apporte gros à Tahar Ben Hassine « qui s'en remplira plein les poches » dira un citoyen « à la barbe des paumés »... Et puis au niveau de la notoriété, la chaîne de télévision qui fait de la résistance en gagnera tout autant. « Ils ont fait des campagnes de boycott pour les entreprises privées. Ils ont donné des instructions à l'Entreprise publique aussi. Il y a une volonté délibérée d'étouffer la chaîne de télévision Al Hiwar C'est une manière de sensibiliser le payant qu'on a affaire à des gouvernants qui ne croient ni en Dieu ni en ses Hommes. Ce sont des gens qui n'ont jamais bataillé pour la liberté d'expression, et quand ils la trouvent, ils la considèrent comme une entrave à leur despotisme. Mais ils ne passeront pas. » commente Tahar Ben Hassine qui fait une déclaration à une chaîne de radio privée. « Ce même Tahar Ben Hassine a déclaré il y a quelques mois avant les élections du 23 octobre, ‘'ne pas conseiller sa chaîne de télévision aux femmes voilées'' » avance un passant qui se dit indigné « de voir une personne comme Tahar Ben Hassine dans les débats démocratiques, lui qui rejette les valeurs démocratiques en reniant une frange de la société à savoir la femme voilée. » Passons. Tiens, c'est Yad Dahmani, du parti Joumhouri qui s'achète une botte de persil à 100 DT. Pas mal hein ? Il a même appris qu'un citoyen s'est payé son bouquet de persil à 500 DT. Le persil, ce matin là, draine des personnalités politiques et médiatiques telles que Hamma Hammami et Kamel Jendoubi, etc qui se donnent même en photo accompagnés de leurs beaux bouquets verts. On quittera les lieux en laissant la voie libre à la voix du vendeur du persil qui mélange subtilement les slogans politiques à ceux d'un vendeur à la criée bien chevronné« « Aya ya wildi, il maadnouss » (Le persil, ô passant) ou encore « « Ahrar Ahrar, Kanet Al Hiwar » ( Libre, libre, la chaîne télévision Al Hiwar). On en rit, en fait, pour ne pas en pleurer. Une chose est sûre, pourtant : La chaîne de télévision Al Hiwar aurait réussi à nous faire rire de nos désillusions révolutionnaires et de nos rêves de liberté spoliée. On verra certainement d'autres médias en faire autant, ou peut être bien innover en vendant du «bkhour» (de l'encense). C'est paraît-il un commerce foisonnant dans la Tunisie de l'après Révolution.