Comme chaque année le Musée de la ville de Tunis (Palais Kheireddine) accueille l'exposition annuelle de l'Union des plasticiens tunisiens considérée par les artistes comme étant l'un des rendez-vous le plus importants de la saison culturelle. Jeudi dernier, de nombreux artistes et amateurs d'arts ont assisté au vernissage de l'exposition qui se poursuivra jusqu'au 31 mars. 154 œuvres dont 22 sculptures sont exposées dans le vaste espace du Musée. A première vue, la politique est au cœur de cette exposition. Jamais arts et politique n'ont été aussi proches. A ce titre, la thématique de la révolution domine l'ensemble des travaux. Deux années après le 14 janvier, les artistes plasticiens trouvent leur source d'inspiration dans cet événement historique. On retrouve cette idée dans les palettes d'Amel Zaiem (Révolution), de Mourad Harbaoui (Le Taureau), de Manoubi Bousandel (Tunisie-Révolution), de Khemais Néji (Tâche rouge), d'Alyssa (Salut à la révolution du jasmin) ou encore dans les sculptures de Houssem Khelil (les dictateurs), et d'Abdeljabar Naimi (les prisons tunsiennes). Chokri Belaid incarné Les arts plastiques n'ont jamais été aussi près de l'actualité politique. L'assassinat de Chokri Belaid n'a pas laissé indifférents les artistes. Certains ont transcendé l'événement douloureux dans leur toile pour rendre hommage au martyr à l'exemple de Majed Zalila (Tout Chokri Belaid) et Néjib Bousabah (Le départ du martyr Chokri Belaid. Ces peintres ont immortalisé ce triste moment où la victime est tombée sous les balles d'un tueur encore en fuite aujourd'hui. La politique occupe donc une place prépondérante dans cette exposition où les artistes prennent position vis-à-vis de certains grands événements actuels en Tunsie ou dans le monde arabe. C'est ainsi que la cause palestinienne est abordée dans deux toiles de Mohamed Melki (La cause palestinienne) et de Abdelaziz Zaier (hommage à la femme palestinienne). D'autres peintres s'intéressent à des sujets d'actualité à l'instar d'Abdelmajid Ayed (Le printemps de l'internet), Naima Ben Maiz (tryptique de la Troika), et Alia Kateb (Battle star). Les artistes exposent leurs visions en participant en tant que citoyens à ce qui se passe dans le monde politique d'ici et d'ailleurs. Pour exprimer toutes ces causes mais aussi leurs états d'âme empreints de pessimisme ou d'optimisme, ces artistes emploient un langage visuel allant du réalisme pour certains à l'abstraction pour d'autres en passant par des expressions diverses comme le collage, la photo et les techniques mixtes. D'autre part, les couleurs de la plupart des œuvres sont de tonalité chaude mettant en relief le sujet qui revient souvent et qui est la Tunisie dans tous ses états. Un pays qui renait de nouveau après les soubresauts de la révolution. Art et engagement Outre cette riche et féconde exposition qui réunit des peintres et des sculpteurs de différentes générations, un colloque scientifique autour du thème : « L'art et l'engagement » se tiendra les 9 et 10 mars à Hammamet. « L'indépendance des arts ou la lumière contre le terrorisme » de Ali Arissia, « L'art dans la construction de la citoyenneté » de Omar Ghedamssi, « Les arts plastiques et la possibilité pour la révolution d'une existence à sa hauteur » de Mohamed Ben Hamouda et « La problématique de l'engagement dans l'art arabe contemporain » de Hanen Ktata Rekik, constituent les interventions de la première séance de la première journée de ce colloque auquel participent un panel d'universitaires et de critiques d'arts. La deuxième séance comprendra les communications suivantes : « Quel sens à l'engagement et quel rôle social à l'art » de Habib Bida, « L'art contemporain entre engagement et domination du marché de l'art » de Sami Ben Ameur, « L'engagement entre l'obligation idéologique et la faiblesse politique » de Fateh ben Ameur et « Le langage de la beauté et le discours politique » de Yamna Jaray. La première séance de la deuxième journée du colloque sera axée sur : « L'art entre action et réaction : quand les artistes deviennent « Arteurs » de Selima Karoui, « Peut-on concilier entre art engagé et politique ? » de Rym Melki, « Polytics ou l'art de ne pas vouloir savoir » de Moez Safta et « Création et esprit de révolte : lecture dans « L'homme révolté d'Albert Camus » de Nizar Mouakher. La deuxiéme séance sera consacrée à « L'art et la politique dans les oeuvres de Chirine Nachat » de Hella Hedhili, « L'art : le devoir absolu ou l'éthique de la solidarité : Mouna Hatoum et Mounir Fatoui comme exemple » de Nabil Sawabi, « L'art engagé entre écriture poétique et communication : Samih Kacem comme exemple » de Narjess Manai, « La problématique de l'engagement dans certaines œuvres plastiques » de Mondher Mtibaâ et « Lecture dans le documentaire « Nous sommes ici » de Abdallah Yahia présentée par Néji Moncer.