Après la Journée Mondiale de la Danse le 28 avril au cours de laquelle l'Association Ness El Fen, dirigée par Syhem Belkhoja, a proposé un « Open dance floors » et le 29 avril « Opération feux rouges « lors de laquelle les danseurs ont réussi à attirer l'attention des conducteurs sur eux et à les faire participer à leur chorégraphie, hier, ont démarré Les rencontres Chorégraphiques de Carthage » d'abord au 4ème Art par la projection de film sur le statut du danseur, puis au Centre culturel Menzah 6 avec un atelier proposé par la compagnie française « Manifeste » auquel ont pris part les chorégraphes et danseurs : Ahmed Khemis, Seif Manai et Louis Clément. Les Rencontres chorégraphiques de Carthage sont ouvertes aux artistes dont les parcours singuliers portent un regard aigu et poétique sur notre monde et questionnent les formes esthétiques et l'hybridation des arts contemporains, traversés par de multiples horizons de la création d'aujourd'hui. Elles offriront au public jusqu'au 5 mai dans 5 espaces à Tunis : Théâtre Municipal, 4ème Art, Centre Culturel Menzah 6, Ness El Fen et Bab Bhar (Port de France), une vingtaine d'œuvres environ d'artistes de territoires culturels et géographiques différents. Ce panorama artistique présente une scène chorégraphique internationale qui dialogue sur notre environnement et notre temps tourmenté, et permet aux artistes de faire entendre, par le biais de la danse, leurs actes, leurs combats, leurs engagements pour éclairer nos expériences et nos sensibilités dans le but de construire un espace ouvert à la pensée et à la transmission de l'art chorégraphique. Le communicant et le poétique Au programme de la soirée d'aujourd'hui, « Slogans Quintette » de la Compagnie Hervé Robbe. Une pièce pour 5 danseurs qui s'empare d'une des formes les plus emblématiques de la communication contemporaine, les Slogans. L'auteur du spectacle met à mal ces raccourcis sémantiques en opposant leur efficacité synthétique à la variabilité des corps et des relations. Par un effet de télescopage, le sens des mots se teinte d'un brin d'absurdité, portant le spectateur à mentaliser la friction de 2 écoulements du temps : le communicant et le poétique. Hervé Robbe reconnaît à la danse autant son origine ancrée dans une tradition et une histoire, que son déploiement protéiforme, innovant et pluridisciplinaire, suivant lequel il axe son propre travail. « Les slogans naissent rarement de façon spontanée, ils sont souvent construits avec méthode par ceux qui cherchent à diffuser leur message. Outil de communication destiné à frapper les esprits, les slogans sont courts et répétitifs, souvent réducteurs et séducteurs. Publicitaires, politiques ou idéologiques, ils participent à la promotion de l'immédiat, rythment et signent la frénétique accélération de notre époque. Alors a contrario, parce que la vie est trop courte pour que l'on soit pressé et qu'il faut faire bon usage de son temps, imaginer et nommer une autre danse « Slogans ». Il serait temps de lever le pied et pourquoi pas les deux. Serions-nous devenus impuissants à force d'avoir peur de féconder l'ennui ? À l'immédiat de la jouissance, préférer la durée des préliminaires. Ne pas gober tout cru notre futur mais prendre le temps d'imaginer de nouvelles recettes. Cultiver son jardin raisonnablement c'est bien, ne pas oublier de le contempler c'est aussi nourrissant. L'action bonheur est en baisse, je croyais qu'elle n'était pas négociable. À force de spéculer sur la générosité et interdire la gentillesse, on gaspille ces deux énergies renouvelables. Si notre vraie richesse est notre bien-être, ne pas oublier de le mettre en partage... » signé Hervé Robbe.