Je ne sais pas si dans vingt, trente ou cinquante ans, quelqu'un, en mal de nostalgie, ne rappellera pas ses contemporains, une certaine saison post-révolutionnaire à laquelle il trouvera peut-être un intérêt qu'on aura cherché vraiment à décrypter aujourd'hui. Pour le faire il évoquera sûrement à défaut d'un repère matériel ayant marqué l'histoire, la lente hésitation de la transition qui provoqua la rupture et ouvrit notre football sur d'autres perspectives. Et au-delà de cette belle éventualité il trouvera toujours le besoin de poser un jalon sur une époque qui aura fait partie de notre histoire. Car tout un chacun, une fois passés l'âge et le temps, a besoin de revoir une image sur laquelle il aurait aimé arrêter le temps. Image souvent futile toujours furtive qui lui permettra de bercer des souvenirs noyés dans le temps. Cette semaine encore des nostalgiques nous ont fait mesurer combien cette soif de se souvenir est nécessaire, à l'âme humaine. Trois remémorations d'inégales dimensions, loin d'être représentatives d'une quelconque unanimité sont venues nous rappeler cette vérité. La première presqu'enfantine, ne visait qu'à peser dans la balance d'une rivalité elle-même, à certains égards, puérile, rappelait une date qui marqua il y a vingt huit ans, l'esprit de jeunes clubistes parce qu'elle rimait avec le score de l'événement. Plus émouvante fut l'action menée par des volleyeurs de Sousse qui ont cru devoir rendre hommage à Zizi Belkhodja, qui, personnifia il y a quarante ans cette discipline dont ils sont aujourd'hui, avec d'autres, les porte-drapeaux. La troisième remémoration n'aurait provoqué que l'admiration sportive d'une équipe qui durant toute une saison a remporté tous les titres sans connaître le moindre faux-pas, si cet exploit, inique à notre connaissance, n'ait pas été réalisé l'année même d'une renaissance après une décision politique unique de radiation. D'où la commémoration décidée par les auteurs eux-mêmes, ou de ceux qui ont survécu, d'un souvenir qui sous des cheveux blanchis par les ans, des mémoires caressent encore avec une fierté douloureuse cinquante ans après.