Affaire de complot : des professeurs en droit appellent au respect de la loi et à la libération des détenus    Censure d'un reportage de l'émission “Les quatre vérités” traitant de sextorsion sur des enfants    L'URAP de Nabeul appelle à soutenir les producteurs de pommes de terre [Vidéo]    Brésil: Elle vient à la banque avec le corps de son oncle pour avoir un prêt en son nom    Fathi Ben Khalifa : le prix d'un mouton convenable atteint 1500 dinars sur le marché    Transports en commun : des citoyens contraints d'enjamber la porte d'un métro    Mseddi : nous avons lancé une pétition appelant le président à ordonner la déportation des migrants    Campagnes controversées en Turquie : retrait des enseignes arabes des commerces    Affaire de complot contre la sûreté de l'Etat : l'interdiction de traitement médiatique reste en vigueur    Donald Trump bénéficiera : Un milliard de dollars d'actions supplémentaires de son groupe de médias    Actuariat – Hatem Zaara: Un rapprochement banques-assurances s'impose    Ultimatum législatif aux Etats-Unis : TikTok doit être vendu sous un an ou disparaître !    Sousse : Arrestation de deux adolescents pour un braquage armé d'un étudiant en médecine    Tempête de sable en Libye : perturbations majeures et jours fériés décrétés    Météo: Sortez vos parapluies, le temps s'annonce gris et pluvieux    One Tech Holding : les indicateurs d'activité relatifs au premier trimestre 2024    Série de mesures pour assurer le retour des Tunisiens à l'étranger    Tunisie – Cinq ans de prison pour un ex-magistrat révoqué    Anne Gueguen sur la guerre à Gaza : la France œuvre pour une solution à deux Etats !    Ministre de l'économie et de la planification : « Le Gouvernement Tunisien est déterminé à soutenir l'industrie aéronautique »    Présidentielle : l'ISIE officialise les conditions, beaucoup de candidats vont tomber de très haut    Tunisie: Désormais, 24 mosquées arborent le nom de G-a-z-a en signe de solidarité avec la cause palestinienne    La Tunisie et l'Italie renforcent leurs liens militaires    Festival International de Théâtre au Sahara : 4ème édition du 01 au 05 mai 2024 à kébili    match Al Ahly vs MS Bousalem : live de la finale du Championnat d'Afrique des clubs    Pluies abondantes et chute brutale des températures pour les prochains jours    Le développement annuel des institutions touristiques est en progression    Déclaration finale de la première réunion consultative tripartite entre la Tunisie, l'Algérie et la Libye : Unifier les positions, protéger les frontières et faciliter la circulation des personnes et des biens    La CIN et le passeport biométrique attendus à partir du premier semestre de 2025    Initiative « CFYE» en Tunisie : Création de 10.000 emplois décents et stables    Observatoire National du Sport – 9e congrès international : Les activités sportives entre la recherche scientifique et la réalité du terrain    Les Indiscretions d'Elyssa    Nouvelle parution – «Al awj al facih» de Kamel Hilali, Sud Editions : Révélations et absences...    Aïd Al Adha : Le prix des moutons atteint des sommets à 1 500 dinars    Séance de travail avec des experts chinois sur la rénovation du Stade d'El Menzah    Le CA écarte l'USBG et prend le grand huit : Au bout de l'effort    Ons Jabeur coachée par Verdasco à Madrid : Dur, dur, mais...    Un pôle d'équilibre nécessaire    Dans un périple exploratoire et promotionnel pour les Chefs de Missions Diplomatiques accrédités en Tunisie : Les diplomates et leurs épouses découvrent le potentiel historique, civilisationnel, écologique et économique du Nord-Ouest tunisien    Chute de mur à Kairouan : Le tribunal rend son jugement    Hommage à Bayrem Ettounsi dans le cadre de la Foire Internationale du livre de Tunis 2024    La galerie A.Gorgi propose une nouvelle exposition collective intitulée "Moving Figures"    Olivier Poivre d'Arvor présente à Al Kitab son dernier ouvrage « Deux étés par an »    Le fondateur de Tunisie Booking, Khaled Rojbi décédé    Top10 des pays africains par nombre de millionnaires en 2024    Béja: 1200 participants au semi-marathon "Vaga Run" [Photos+Vidéo]    Ali Zeramdini : la menace terroriste doit être au centre du sommet entre la Tunisie, la Libye et l'Algérie    Au Palais d'Ennejma Ezzahra à Sidi Bou Saïd : La romancière Kénizé Mourad raconte les souffrances d'un peuple spolié de ses droits    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Jabbour Douaihy, une des grandes figures des lettres libanaises contemporaines
Littérature
Publié dans Le Temps le 02 - 06 - 2013

Etrange destin que celui de Nizam el-Alami, baptisé et circoncis à la fois. Sous la plume d'un des romanciers arabophones majeurs du Liban, ce nouveau roman sur le métissage, la guerre et l'impossible dépassement des « identités meurtrières », raconte sous la forme d'une parabole la tragédie d'un pays où le communautarisme a tué la douceur de vivre d'antan !
Jabbour Douaihy était l'un des grands oubliés des Belles Etrangères 2007. Organisée par le Centre national du livre en France, cette manifestation fait découvrir chaque année une littérature étrangère en accueillant sur le sol français, hommes et œuvres les plus représentatifs du pays sélectionné. Les organisateurs de l'édition 2007 consacrée au Liban avaient omis de faire venir l'auteur d'Equinoxe d'automne et de Rose Fountain Motel, considérés par la presse française comme des romans libanais les plus réussis de ces dernières années.
Ni chrétien, ni musulman
Auteur de quatre romans et professeur de littérature française à l'université de Tripoli, Douaihy est l'une des grandes figures des lettres libanaises contemporaines. Son regard singulier, sa sensibilité empreinte de poésie et d'ironie, donnent à voir à travers ses récits de guerre civile et de délabrement spirituel un Liban complexe, à la fois riche et malade de ses différences « irréconciliées » et peut-être même irréconciliables.
Le nouveau livre de Douaihy, Saint Georges regardait ailleurs, son cinquième opus qui vient de paraître en français, ne déroge guère à la règle. Au cœur de ce très beau roman (malgré quelques longueurs), l'écrivain a campé un héros lumineux dont l'errance identitaire se lit comme la métaphore du pays des Cèdres disloqué par la guerre, déchiré entre ses « identités meurtrières ».
Ni chrétien, ni musulman, ou peut-être les deux à la fois, le protagoniste Nizam incarne un monde idéal, une utopie où règneraient en maître la liberté, l'amour et le bonheur. Cette quête définit le héros de Douaihy, faisant de lui l'héritier du protagoniste mystique du Prophète, de Khalil Gibran, le poète qui plaça le Liban sur la carte des littératures du monde.
Dualité
Nizam naît dans une famille musulmane de Tripoli, mais ses parents qui ont trois autres enfants et des problèmes pécuniaires graves, le confient à un riche couple chrétien qui s'est pris de tendresse pour ce beau garçon blond, pas comme les autres. « Quand ils le trouvaient dans la rue ou dans l'épicerie du quartier, les voisins le dévisageaient sans la moindre pudeur. Certaines femmes allaient même jusqu'à le rattraper par le menton pour rapprocher sa frimousse et se pâmer devant ses jolis traits et ses yeux bleus. Quant à celles qui étaient enceintes, elles priaient le ciel de leur donner un enfant à son image. » Comment un musulman, peut-il être aussi blond, se demandent certains. D'autres croient qu'il est d'origine kurde. Toujours est-il que dans la vaste maison des Bou-Chahine, à l'abri des montagnes du nord Liban, le garçonnet grandit sans s'enfermer dans une identité singulière et limitée. Baptisé par ses parents adoptifs, il fréquente l'école chrétienne, tout en restant proche de sa famille biologique. Généreux, spontané, il erre au gré des circonstances et de ses désirs entre ses deux mères, ses deux familles, ses deux cultures.
Dans Beyrouth où il débarque plus tard, à la veille de la guerre civile libanaise, sa dualité déterminera jusqu'à ses amours qui le conduiront des bras d'une militante musulmane à celle de la superbe Janane Salem, chrétienne et peintre aux yeux « chacun d'une couleur différente, un bleu et un noisette ».
Saint Georges, le saint tutélaire
Arrivent les années soixante-dix. Pris au piège par la guerre civile, Nizam assiste impuissant à la dérive de son univers. Sous l'impact du conflit, sa double appartenance devient un handicap, une menace. Une menace pour lui-même, mais aussi pour les autres obsédés par la question identitaire. Pour ces puristes, on est musulman ou chrétien, druze ou juif, chiite ou sunnite. Les Nizam qui puisent leur singularité au carrefour de nombreuses identités, n'ont plus leur place dans ce nouveau Liban, devenu terre de confrontations et de violences.
« La guerre civile a duré quinze ans. Elle a fait 150 000 morts, 300 000 blessés et 17 000 disparus. Elle a brisé l'économie, poussé vers l'exil un million de personnes, et, loin de mettre à bas le système confessionnel, elle l'a renforcé », écrit Mohammed Kacimi, dans sa préface de l'anthologie publiée à l'occasion des Belles Etrangères 2007. Jabbour Douaihy ne faisait pas partie des auteurs inclus dans ce volume mais ses romans, comme toute la littérature moderne libanaise, sont nés de la catastrophe de la guerre civile. Elle se nourrit de la nostalgie inguérissable de l'époque précédant la guerre lorsque Saint-Georges, le saint tutélaire de Beyrouth, avait les yeux rivés sur sa ville « de miel et de lait » où les différentes communautés vivaient en harmonie et bonne entente. L'icône de Saint-Georges qui trônait sur le mur du bel appartement de Nizam à Beyrouth, avait les yeux tournés vers le monstre depuis qu'une balle est venue se loger dans l'oreille du saint. Ce fut un tournant dans la vie du personnage, comme dans celle de son pays ! (MFI)

Saint George regardait ailleurs, par Jabbour Douaihy. Roman traduit de l'arabe par Stéphanie Dujols. Actes Sud, 2013, 352 pages .


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.