Abdelhamid Abou Zeïd n'est pas un héros, ce serait plutôt l'antithèse du héros ; aux antipodes de tout ce qui pourrait susciter, admiration ou envie, envers un personnage, loin d'être haut en couleur, mais qui donnerait plutôt l'impression d'être un falot, sans aucun charisme que celui que lui prêteront plus tard, ses tristes exploits, auprès d'autres terroristes de son acabit, qui semèrent la terreur dans le Sahara occidental et essaimèrent, au gré de louches circonstances, du côté de l'Algérie, de la Libye et du Mali, sous couvert de prédication et de Djihad islamique. Lorsque Mohamed Mokeddem, journaliste algérien, de son état, spécialiste de la question islamiste, entreprit de mener son enquête sur la naissance de l'AQMI et son essor dans la région maghrébine, l'Algérie avait déjà connue ses années sanglantes, et luttait avec tout ce qu'elle avait comme force, pour venir à bout, et de préférence, définitivement , contre cette « peste » qui a frappé un jour à sa porte, parée d'oripeaux trompeurs, avant de montrer son véritable visage, hideux et monstrueux, dont les Algériens n'en reviennent toujours pas. La manipulation fut aussi bien perverse que pernicieuse et, c'est bien de cela que traite cet ouvrage, paru en 2010 (Casbah Editions), sous l'intitulé : « Al Qaïda au Maghreb Islamique », contrebande au nom de l'Islam. C'est donc, à travers la figure de Abdelhamid Abou Zeïd, surnom donné à celui qui eût en charge la Katiba « Tarek Ibn Zied », que l'auteur entreprit de raconter, via divers témoignages, dont celui de la mère du terroriste, ou certains de otages européens, ou autres qui eurent le malheur de croiser son chemin un jour, les mille et une ramifications qui peuvent mener un jour au fondamentalisme le plus forcené, lorsque celui-ci et nourri par l'appât du gain, la haine et le ressentiment voué à tout ce qui représente cet « étranger » qui ne vous ressemble pas et dont l'ignorance appuyée sur une méconnaissance profonde de la chose religieuse, fait le lit du terrorisme, sans pitié ni remords, ce genre de personnages ne s'embarrassent pas de scrupules, pour piller, tuer, manipuler les jeunes recrues, jusqu'à ce qu'ils acceptent de servir de chair à canon, en Afghanistan, en Irak, en Syrie, ou ailleurs, au nom de l'Islam qui, du reste, ne leur a rien demandé, et qui se passerait volontiers de leur service puisqu'ils ne font que déconstruire son image jusqu'à la faire éclater en mille morceaux. Au bout du compte, le « p'tit » comme on l'appelait dans son village natal, restera « petit », mais devint féroce et sanguinaire, asservi à une seule cause : non pas la religion mais le trafic de cette dernière pour assouvir sa soif de pouvoir et d'argent. De la contrebande du thé, à celle des armes, il n'y a qu'un pas qu'il franchira. Et vogue la galère. Entre-temps, le rapt et le kidnapping à tout va, scellèrent son destin et celui de ses compagnons d'infortune, aussi obtus que lui, aussi déterminés que lui à nourrir la haine d'une population dont les jeunes sans ressources et sans repères, se laissent facilement embrigader. Son livre n'est pas sans rappeler une certaine actualité.