A quoi était dû cet esprit juridique qu'avait Omar ? Sur les pas de son père, il avait, étant jeune, continué à pratiquer le métier de berger. Mais il était dès sa tendre jeunesse un écorché vif, refusant toute injustice et se rangeant inconditionnellement du côté des faibles. Etant fort et téméraire, il aimait faire le justicier n'hésitant pas à prendre la défense des opprimés par tous les moyens, y compris l'épée. Avant même d'embrasser l'Islam, il se révoltait contre l'esclavage et certains historiographes arabes affirment que c'était bien avant de devenir Calife, qu'il s'était exclamé : « Depuis quand, vous faites des esclaves de personnes que leurs mères ont mis au monde libres ? » Du vivant du Prophète, il intervenait pour inciter à l'application des préceptes de l'Islam à la lettre. En l'occurrence, il était intervenu concernant le « hijab » uniquement auprès des femmes du Prophète. Celles-ci bénéficiant d'un statut particulier, tel qu'il est précisé dans des versets coraniques notamment dans la Sourate « Al Ahzab » Il est clair que ce sont les femmes du Prophète qui sont essentiellement concernées à travers les versets précités. Il avait lourdement insisté auprès de certaines femmes du Prophète, dont notamment sa fille Hafsa, une des épouses du Prophète, en lui reprochant durement sa réticence au départ ainsi que d'autres épouses à porter le hijab. Intervenant auprès de Om Salama, celle-ci n'a pas apprécié qu'il s'immisce entre elle et son époux, sur un ton réprobateur. Etant Calife, il n'était plus revenu sur la question du hijab. Par contre, il a été intransigeant en ce qui concerne l'interdiction de l'alcool, et ce, dès que le Prophète a confirmé cette interdiction absolue, en énonçant le dernier verset en ce sens. Il n'épargnait personne même pas l'un de ses fils du châtiment prévu à la base par le Prophète soit la flagellation. Toutefois, les Califes avaient délaissé les coups de branches de palmiers au bénéfice des coups de fouet. Il n'y avait pas à proprement parler de punition précise décrétée par le Prophète. Cependant, il n'infligeait pas de sanction avant de réunir le maximum d'éléments lui permettant de connaître la vérité. La fameuse lettre qu'il adressa à Abou Moussa Al Achaâri, en dit long sur sa détermination à agir dans l'intérêt de la justice et du justiciable. Il lui arrivait parfois de prendre des décisions à la hâte ou d'agir avec précipitation. Il ne manque pas dans ces cas de se ressaisir pour réviser son attitude et revoir sa décision. C'est ce qu'il conseilla dans ladite lettre à Abou Moussa Al Achaâri, qui fut un compagnon du Prophète et occupa la fonction de gouverneur de Basrah et de Koufa. « La révision d'un droit vaut mieux que la persistance dans l'erreur », dit-il à Al Achaâri et d'ajouter : « Les Musulmans sont tous des justiciers les uns envers les autres ».