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Révolu le temps où Hédi Nouira (1978) lui refusait ce rôle
L'UGTT et la politique
Publié dans Le Temps le 28 - 08 - 2013

A la question consistant à reprocher à l'UGTT de se mêler à la politique au détriment de sa mission syndicale, question posée par la troïka, disons une fois pour toutes que cette organisation a été, dès sa constitution une organisation ouvrière à revendications sociales et politiques. Elle était née de la lutte ouvrière qui était conditionnée par la situation politique de l'époque, pratiquée par les autorités coloniales qui n'accordaient aucune importance aux droits des travailleurs tunisiens.
Le leader Farhat Hached a donc pris l'initiative, de créer un syndicat purement tunisien, qui défendait les droits des travailleurs autochtones.
Le congrès constitutif de l'UGTT qui eut lieu le 20 janvier 1946 au siège de l'institution Al Khaldounia, a réuni des syndicalistes tels que Habib Achour, Ahmed Ben Salah ou Bechir Bellagha, mais aussi des militants politiques dont notamment Fadhel Ben Achour, Sahbi Farhat et tant d'autres.
Les revendications présentées à l'époque par Farhat Hached, premier secrétaire général de cette organisation était à tendance politique et ouvrière, ces tendances étant liées. En fait c'est en fonction du système politique en place que seront traitées les revendications ouvrières.
En tout état de cause, à cette période du colonialisme, durant laquelle la répression était à son paroxysme, la lutte syndicale était indissociable de la lutte politique.
Ce fut la raison pour laquelle, Farhat Hached était devenu un élément gênant pour les autorités coloniales, car il était un leader aussi redoutable que les autres leaders politiques tels que Bourguiba, Ben Youssef et tous les autres militants qui n'avaient d'autres buts que de libérer le pays du joug du colonialisme.
Bien plus il représentait la classe ouvrière qui constituait une force assez considérable. Son assassinat en décembre 1952, commandité par les autorités coloniales de l'époque, représentées par un résident général sanguinaire et pro-colonialiste, était une sorte de mise en garde contre tout mouvement de lutte pour la libération du pays.
A l'avènement de l'indépendance, l'UGTT, a continué à mener son rôle syndical tout en intervenant auprès de l'Etat pour inciter à une politique favorable aux intérêts des travailleurs, lesquels sont indissociables de ceux du pays d'une manière générale.
L'UGTT s'était, pour cette raison, affrontée au gouvernement à plusieurs reprises sous Bourguiba, à chaque fois qu'il avait estimé que la politique était susceptible de nuire à l'intérêt général du pays.
Ce qui avait tourné aux tensions voire aux émeutes, notamment en janvier 1978, lors des événements inoubliables du jeudi noir, ou en 1984 lors des émeutes du pain. Habib Achour, qui fut le compagnon de lutte syndicale de Farhat Hached, avait pris la relève à ce dernier, en pratiquant la même politique que lui dans la lutte syndicale laquelle est menée en fonction de la politique du gouvernement. Ces deux politiques sont en fait indissociables
Sur les pas du vieux lion
Le syndicat fut pris d'une certaine torpeur sous Ben Ali, mais ce n'était qu'une accalmie temporaire. Il est à signaler que les émeutes des ouvriers du bassin minier à Gafsa ont éclaté en juin.
A la Révolution, l'UGTT part à l'action menée par les membres de la composante sociale en vue de consolider la transition démocratique dans le pays.
Le 12 janvier 2011, il y eut appel à la grève générale dans la région de Sfax et le 13 janvier dans les régions de Kasserine, Kairouan, Sousse et Monastir et le 14 janvier dans la région du grand Tunis.
Les syndicalistes qui ont pris part au premier gouvernement d'union nationale, avaient vite fait de démissionner, étant donné la présence dans ce gouvernement de ministres représentant l'ancien RCD.
Le 4 décembre 2012, à la veille de la commémoration de l'assassinat de Farhat Hached des syndicalistes sont attaqués et violentés par les manifestants ,, membres de la ligue de protection de la révolution, organisation qui pratique la violence au nom de l'Islam.
La réaction du Syndicat et son secrétaire général Houcine Abassi ne se fit pas attendre. Il appela à une grève générale en pointant du doigt le parti au gouvernement, lequel ne faisait rien pour endiguer la violence perpétrée par la ligue en question.
Dès lors, et devant la recrudescence de la violence, les crimes politiques soldés par les meurtres de Chokri Belaïd puis Mohamed Brahmi, ainsi que les tueries du mont Chaâmbi, l'UGTT représente désormais une force qui pourrait jouer un rôle important à côté des autres membres de la composante civile dont les partis politiques et les organisations de défense des droits de l'Homme.
Médiation
Depuis la suspension des travaux de l'ANC, une « campagne du départ » est menée contre la troïka, aussi bien par des représentants de partis politiques que des membres de l'assemblée qui se sont retirés, et ce pour amener le gouvernement à démissionner, en vue de son remplacement par un gouvernement de salut, composé par des membres n'appartenant à aucun parti politique.
La médiation proposée par l'UGTT, a été en fin acceptée du moins sur le principe, après moult rencontres entre Houcine Abassi et Rached Ghanouchi.
Le communiqué officiel du parti Ennahdha a fait préciser cependant qu'il s'agit seulement d'une acceptation de principe de la médiation de l'UGTT, mais juste en tant que point de départ du dialogue visant à parvenir à une sortie de la crise.
Ce communiqué a surtout révélé la pensée profonde du parti à savoir que la Troïka ne démissionnera pas jusqu'à ce que le dialogue national parvienne à un choix consensuel garantissant la transition démocratique et permettant l'organisation d'élections libres et transparentes.
Certains membres du parti Ennahdha sont allés jusqu'à appeler le Cheikh Ghannouchi, à ne pas discuter des affaires du gouvernement, et se contenter de s'occuper de son parti.
La déclaration de Ghannouchi était-elle, semblable à un coup d'épée dans l'intention de noyer le poisson et surtout de gagner du temps ?
C'est la conclusion qu'avait tirée la plupart des observateurs et surtout les représentants des partis politiques.
Stratégie ou stratagème ?
Son voyage pour aller rencontrer Beji Caied Essebsi, à Paris n'a pas révélé quelque chose de clair et précis , du moins pour le citoyen Lambda.
A vrai dire, la dernière déclaration du chef d'Ennahdha, laisse certains observateurs assez dubitatifs. Ils n'en croient pas leurs yeux.
C'est ce changement d'attitude subit de Ghannouchi qui a étonné plus d'un.
Naguère il n' était pas question pour lui de tendre la main au Chef de Nida Tounès ; aujourd'hui, il était « prêt à le rencontrer même au Guatémala » (sic).
Mais il n'a aucunement éclairé les citoyens sur cette rencontre du 14 août dernier avec CBE BCE.
Il a seulement parlé de délai de 15 jours avant la démission du gouvernement.
Est-ce stratagème auquel il recourt sans cesse afin de gagner du temps.
Ce dont on peut être sûr, c'est que cette rencontre n'a pas abouti au résultat escompté. Quelles propositions a-t-il pu faire au chef du parti Nida Tounés ?
Quoi qu'il en soit, Caied Essebsi a déclaré qu'il oeuvrerait dans le sens d'une large coalition démocratique, et qu'il n'en démordrait pas. L'UGTT qui exige pour sa part la démission du gouvernement illico et sans délai. La médiation qu'il entreprend est dans ce sens. en tout état de cause il faut parvenir à des accords qui répondraient essentiellement aux attentes socio-économiques, dans la conjoncture actuelle, où l'économie est sérieusement menacée.
L'étau se resserre
Malgré les multiples rencontres entre Abassi et Ghanouchi la situation semble être au statu quo, mais elle n'est pas pour autant désespérée.
De son côté, Houcine Abassi continue à multiplier les rencontres avec d'autres membres de la composante civile ainsi que certains chefs de partis politiques d'autant plus que la « semaine du départ a été entamée ».
Ce qui implique qu'il ne restera longtemps tributaire des tergiversations du parti Ennhdha.
Une troisième force
L'UGTT pourrait agir également en tant que force, en assumant un rôle qui a été le sien depuis sa création, tant durant l'ère coloniale que depuis l'indépendance.
C'est ce qu'a affirmé, dans une interview à un journal de la place, Gilbert Achkar, politicologue franco-libanais lors de son passage à Tunis, à l'occasion de la conférence de l'Université d'été, organisée conjointement par l'université de la Manouba et l'université de Bruxelles, et qui s'est déroulée du 18 au 24 août dernier.
Il précisa notamment que : « Pour sortir, il faut un changement de cap radical, qui suppose un bouleversement social ,économique et politique, beaucoup plus profond que ce qui a été réalisé jusqu'à maintenant. »
L'UGTT est la plus à même de réaliser ce changement selon le politologue précité
Les contacts entrepris par le chef du syndicat, avec d'autres chef de partis, voire avec Mustapha Filali , ancien syndicaliste et membre de la première constituante, sont-ils dans cette optique ?
Pourvu que l'UGTT y parvienne sans recourir au grand moyen à savoir l'appel à la grève. Celle-ci étant un droit reconnu aux travailleurs pour dénoncer les abus dans toute conjoncture politique qui s'avère contraires à leurs intérêts.
En l'occurrence ce sont les travailleurs qui sont les plus touchés par la crise économique, devant la dévaluation du dinar, la baisse du pouvoir d'achat, la hausse des prix et la prolifération des marchés parallèles et le banditisme économique. C'est là le fond du problème. Ghannouchi a reconnu lui-même que ce qui intéresse le citoyen c'est de pouvoir subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille « avoir de l'eau potable et de l'électricité chez lui ».
Il faut donc qu'il y ait un consensus général, loin de toute considération partisane, et dans l'intérêt du pays, qui est pour le moment bien menacé car « le drapeau flotte sur la marmite ». La solution idéale est la démission immédiate de gouvernement qui sera remplacé par un gouvernement de salut ou de gestion d'affaires courantes, composé de membres neutres sans aucune appartenance politique afin d'œuvrer pour l'intérêt général.
Le délai demandé par Ghannouchi ne sert à rien sauf peut-être à pourvoir régulariser certaines situations particulières.
Le temps n'est plus aux tergiversations et c'est dans ce sens qu'œuvre l'UGTT, en accord avec d'autres partis qui ne demandent qu'à faire sortir le pays de cette crise
Au fait la situation n'est pas désespérée car la solution est à la portée de tous les membres de la composante civile, à condition de laisser de côté toutes les considérations partisanes qui n'intéressent en rien le citoyen.
Ne soyons pessimiste et il faut imaginer Sisyphe heureux malgré tout ce qu'il endure et tout ce qu'il sera appelé à endurer.


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