Le chef du gouvernement, Ali Laarayadh, a donné, hier, au palais du gouvernement à la Kasbah, une conférence de presse au cours de laquelle il a indiqué que les enquêtes menées par la justice concernant les affaires de terrorisme en Tunisie, durant la dernière période, ainsi que les preuves réunies à cette occasion et les objets saisis dont des stocks d'armes, ont établi, de façon catégorique, l a responsabilité et l'implication de l'organisation « Ansar Echariaa » dans toutes les opérations terroristes commises en Tunisie, durant la dernière période, y compris l'assassinat de l'opposant politique Chokri Belaid et celui du député à l'Assemblée nationale constituante, Mohamed Brahmi. Sur cette base, il a été décidé de déclarer l'organisation non autorisée « Ansar Echariaa » comme une organisation terroriste avec tout ce que cette désignation implique de point de vue sécuritaire, judiciaire, médiatique, et sur le plan des relations internationales. Conception, planification et exécution Le chef du gouvernement a affirmé qu'à la lumière des données rassemblées, dont les aveux des suspects arrêtés dans le cadre des enquêtes signalées, ainsi que des armes et des objets saisis, et après plusieurs réunions sécuritaires de haut niveau dont la réunion du Conseil national de sécurité sous la présidence du président de la République, il a été établi que l'organisation « Ansar Echariaa » est impliquée dans toutes les opérations terroristes dont la Tunisie a été dernièrement le théâtre et que cette formation est responsable des assassinats politiques commis dont ceux de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, de sorte que l'organisation « Ansar Echariaa » a conçu, planifié et exécuté toutes les opérations terroristes , objets des affaires judiciaires instruites. L'organisation « Ansar Echariaa » se trouve, également, derrière les opérations de trafic et de stockage d'armes dans le pays, et elle planifiait pour attaquer et s'emparer de postes de polices et d'établissements militaires, dans le cadre d'un complot général visant la prise du pouvoir. Aile militaire Le chef du gouvernement a signalé que les forces de sécurité ont pu arrêter, en 2012 et 2013, plusieurs éléments de l'organisation « Ansar Echariaa » accusés de participation à des actes de violence et de terrorisme. Les enquêteurs ont cherché à connaitre la position exacte de ces éléments dans la direction de l'organisation, ainsi que la part de responsabilité revenant à la direction de l'organisation dans ces actes terroristes. De cette sorte, une masse de données a pu être rassemblée dont des aveux faits par les suspects arrêtés parmi les membres de l'organisation « Ansar Echariaa », outre les armes et les objets saisis, et qui prouvent , sans le moindre doute, l'implication de l'organisation « Ansar Echariaa » dans la vague d'opérations terroristes ayant secoué la Tunisie, au cours de la dernière période. Il a été également prouvé que l'organisation « Ansar Echariaa » possédait deux ailes, une aile politique et une aile militaire constituée d'un groupe important de paramilitaires dont certains ont été arrêtés tandis que d'autres sont en état de fuite. Cette aile militaire comportait une section chargée des renseignements et une autre section chargée du stockage des armes, en prévision de l'accomplissement de leur projet tendant à s'emparer des postes de police et d'établissements militaires en vue de baliser la voie à la prise du pouvoir. Le ministre de l'Intérieur doit donner ce mercredi 28 août une conférence de presse pour faire davantage de lumière sur la question, avec la présentation éventuelle de vidéos montrant des aveux faits par les éléments arrêtés. Feuille de route gouvernementale Mr Ali Laarayedh a exposé par ailleurs les grandes lignes d'une proposition de feuille de route gouvernementale pour sortir de la crise politique actuelle et qui converge avec d'autres plans de sortie déjà proposés comme le plan proposé par l'Union tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche. La feuille de route gouvernementale propose que le gouvernement actuel dirigé par le même Ali Laaraydh continue d'assumer ses fonctions, avec des prérogatives pleines afin de faire face aux défis affrontés par le pays sur le plan économique et sécuritaire et qu'un gouvernement chargé uniquement d'expédier les affaires courantes ne saurait relever, notamment face à la paralysie de l'Assemblée nationale constituante du fait du retrait des députés contestataires. Entre- temps, l'Assemblée nationale constituante reprend son travail pour achever les missions constitutionnelles qui lui sont dévolues, à savoir l'adoption de la constitution, la mise en place de l'Instance indépendante des élections et de la nouvelle loi électorale, et ce dans un délai ne dépassant pas le 23 octobre. Lorsque la date des prochaines élections sera annoncée, le gouvernement actuel démissionne au profit d'un autre gouvernement bénéficiant d'un consensus général, et qui sera chargé de l'organisation des prochaines élections et de l'aménagement de toutes les conditions afin que ces élections soient démocratiques, libres et intègres, en faisant appel, s'il le faut, à des dizaines de milliers d'observateurs internationaux pour les superviser. Le chef du gouvernement s'est déclaré hostile à la mobilisation de la rue pour régler les questions politiques alors que la démocratie commande de les résoudre dans le cadre des institutions légales et non pas en militarisant la rue. Il s'est déclaré convaincu que la Tunisie et le peuple tunisien qui refusent l'aventurisme réussiront dans le couronnement de la période transitoire par des élections libres et démocratiques à même de doter la Tunisie d'institutions démocratiques permanentes et d'illustrer, ainsi, le succès de l'expérience démocratique en Tunisie, conformément au vœu de tous ses frères et amis.