Ansar Echaria est une organisation qui comprend, selon Laârayedh, une aile militaire et des réseaux actifs dans la collecte et la distribution d'armes et est liée à des organisations terroristes étrangères Le gouvernement de la Troïka n'a pas l'intention de démissionner avant la reprise des travaux de l'Assemblée nationale constituante et la réalisation des objectifs pour lesquels les représentants du peuple ont été élus, a annoncé, hier, à Tunis, le chef du gouvernement provisoire, Ali Laârayedh. Lors d'un point de presse tenu devant un large parterre de journalistes et communicateurs, le chef du gouvernement n'a pas mâché ses mots laissant entendre que la mobilisation de la rue pour l'impliquer dans des projets suspects ne sert en rien la démocratie. Dans la même perspective, il a noté que le sauvetage du pays de la crise qu'il traverse depuis pas mal de temps passe uniquement par quatre facteurs majeurs. Il s'agit, d'abord, de la reprise des travaux de l'Assemblée nationale constituante avec une feuille de route aux contours clairs. Laquelle feuille de route doit inclure l'achèvement du texte constitutionnel, l'élaboration de la loi électorale et la constitution de l'Instance supérieure indépendante pour les élections. S'agissant du deuxième facteur qui peut garantir une traversée saine des zones de turbulence, Laârayedh a indiqué que la présidence de la République doit jouer pleinement son rôle d'institution fédératrice pour réunir autour de la même table tous les acteurs politiques, les institutions syndicales et patronales et les différentes organisations de la société civile. Toutes ces parties doivent participer à un dialogue national susceptible de rapprocher les points de vue et de concevoir un plan d'action profitable à tous. Abondant dans le même sens, le locataire du palais de La Kasbah a ajouté que le gouvernement en place doit poursuivre ses fonctions en gardant les mêmes prérogatives afin de pouvoir trancher sur toutes les questions brûlantes. Par la même occasion, il n'a pas omis de rappeler que les quatre ministères souverains ont à leurs têtes des personnalités indépendantes, tout autant que 60% de l'équipe gouvernementale sont des compétences qui n'ont aucune appartenance partisane. « Seulement 26% des ministres et 10% des secrétaires d'Etat sont issus d'Ennahdha », a-t-il détaillé. Toujours dans le contexte des facteurs garants d'une transition démocratique réussie, Ali Laârayedh a fait observer qu'il faut lancer, dans les plus brefs délais, un dialogue national sur la formation d'un gouvernement d'élections. Un gouvernement qui doit prendre ses fonctions après l'achèvement par les constituants de l'ANC des missions pour lesquelles le peuple les a élus, dans un délai ne dépassant pas la fin d'octobre et au plus tard début novembre prochain. Force est de constater, par ailleurs, qu'en commentant son propre plan d'action, le chef du gouvernement provisoire a souligné qu'un gouvernement démocratiquement élu ne peut, en aucun cas, être renversé par la force, mais qu'il décide de son propre gré de démissionner dès qu'il constate des raisons légitimes pour la prise d'une telle décision et à l'heure qu'il faut. Une estimation pareille de la part d'un haut commis de l'Etat, sans doute conscient de tous les manquements du gouvernement de la Troïka, donnerait lieu à une question du genre: l'insécurité qui sévit dans le pays depuis un certain temps, le sang écoulé, les assassinats politiques survenus à l'ère du gouvernement en question et la grave dégradation du pouvoir d'achat des Tunisiens ne seraient-elles pas des raisons assez suffisantes pour que ce gouvernement cède la manœuvre de la barque avant qu'elle ne coule ? Ansar Echaria, une organisation terroriste S'attardant sur l'actualité sécuritaire, le chef du gouvernement provisoire a déclaré qu'Ansar Echaria est désormais classée organisation terroriste. Il a encore fait savoir que les enquêtes menées par les services des ministères de l'Intérieur, de la Justice et de la Défense nationale ont prouvé l'implication de ce groupe dans l'assassinat de Chokri Belaïd, de Mohamed Brahmi et des martyrs de l'armée nationale et des forces de sécurité. La même organisation terroriste compte exécuter, selon les aveux de certains détenus, ajoutait le même interlocuteur, d'autres assassinats et projette de s'accaparer du pouvoir afin de réaliser et de servir ses propres projets et idéologies. Ansar Echaria est une organisation qui comprend, selon Laârayedh, une aile militaire et des réseaux actifs dans la collecte et la distribution d'armes et est liée à des organisations terroristes étrangères, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). D'où la nécessité de conjuguer tous les efforts des forces vives en Tunisie afin d'y faire face, a-t-il ajouté. Sur un autre plan, il a noté que tous ceux qui ont adhéré à cette organisation en ignorant ses orientations terroristes bénéficieront des circonstances atténuantes par la justice, alors que ceux qui y ont adhéré tout en étant au courant de ses projets qui visent à porter atteinte à la sûreté nationale seront poursuivis devant la justice, quelle que soit l'ampleur des sacrifices. Clôturant son point de presse, l'orateur a appelé tous les Tunisiens, institutions de l'Etat comme citoyens ordinaires, à agir en synergie pour lutter contre l'hydre terroriste et les politiques à écouter la voix de la raison et à privilégier l'abnégation de soi afin d'épargner au pays une nouvelle descente aux enfers. Et l'observateur ordinaire peut se demander de quelle nature seront les sacrifices du gouvernement de la Troïka et d'Ennahdha afin de sauver une nation qui en a marre des phrases toutes faites, des manœuvres politiques et d'un verbiage qui ne mène nulle part ?