La femme rurale en Tunisie vit depuis des lustres au gré de la versatilité économique et sociale qui touche la Tunisie. Elle est, pourtant, selon les dernières enquêtes et études effectuées sur le terrain, un des principaux acteurs de la micro-économie de la société tunisienne. Dans certaines régions, elle a même devancé l'homme et s'est imposée, bon gré mal gré, comme seule source de revenus de la famille. Avec l'arrivée des évènements du 17 décembre 2009 et le lendemain du 14 janvier 2011, la situation des femmes rurales tunisiennes ne s'est point améliorée et n'a toujours pas connu de jours meilleurs. Pis encore, les chamboulements politiques et économiques ont eu leurs retombées immédiates sur le quotidien de ces battantes qui luttent et travaillent d'arrache-pied dans des conditions de plus en plus inhumaines et primitives. Sexisme et marginalisation législative Si la société civile et les organisations internationales œuvrent à encadrer ces femmes et à leur assurer un avenir plus stables par le biais de programme de renforcement professionnel et financier, l'Etat tunisien quant à lui ne bouge toujours pas le petit pour leur apporter secours. Pourtant ces femmes travaillent dans tous les domaines et face à des maris de plus en plus peu enclins au travail agricole et manuel, elles n'hésitent pas travailler la terre pour arracher leur gagne pain et s'auto-protéger de la pauvreté. Le salariat agricole en Tunisie abuse de la main-d'œuvre féminine qui est doublement marginalisée, d'abord parce que c'est une femme rurale et elle subit le sort de tout travailleur agricole. Elles sont donc sous-payées et travaillent dans des conditions d'esclavagisme aberrant. Le même cas au Maroc, où le secteur agricole emploie 58% des femmes rurales. Quant au secteur industriel, il emploie à peine 14%. Pourtant, le travail agricole est une aubaine pour ces femmes dans la mesure où il leur garantie plusieurs privilèges telles que la mobilité territoriale, l'émancipation de leur statut de subalterne de l'homme, l'amélioration de leur situation socio- économique et celle de leurs progéniture. Elles sont d'ailleurs à la tête de 60 % des ménages en Afrique et 90% des besoins des familles (eau potable, alimentation, revenus, etc...) est garanti par le rendement de ces femmes. Néanmoins, elles ne bénéficient pas d'un statut qui leur permet de jouir d'encadrement professionnel et éducatif sérieux ou d'accéder aux financements tel que l'octroi de microcrédits qui pourraient pourtant leur garantir le renforcement financier et l'indépendance financière. En outre, elles souffrent de disparités sexistes flagrantes en termes de propriété foncière dans toute la région de l'Afrique du Nord. Elles sont moins de 5% de femmes à être des propriétaires fonciers agricoles. A l'échelle internationale elles sont 500 millions de femmes rurales vivant en-dessous du seuil de la pauvreté. D'ailleurs, selon le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), plus du quart de la population mondiale est composé des femmes rurales. Les Nations Unies pour l'autonomisation des femmes rurales en Afrique du Nord Selon le dernier rapport de la FAO sur la «Situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture, 2010-11 », presque 50% de la population de l'Afrique du Nord est issu du milieu rural et dont la majorité est gravement souffrante à cause de l'iniquité économique (disparité dans le développement régional, absence de financement, infrastructure désuète, etc.…) et des aléas climatiques tels que les sécheresses ou encore l'érosion. Ces contraintes vécues au quotidien touchent surtout les femmes rurales qui, se bataillant tous les jours pour gagner leur vie, sont terriblement affectées. Face à ce manque d'encadrement et d'octroi de financement à ces femmes déterminées à garder leur rôle d'acteurs essentiels au développement au sein de leur famille, la Commission économique pour l'Afrique, Bureau Afrique du Nord, organise un séminaire d'experts du 31 octobre au 1er novembre 2013 à Rabat. Cette réunion d'émérites a pour thème «Améliorer l'accès au financement pour renforcer l'autonomisation des femmes rurales en Afrique du Nord : Quelques bonnes pratiques et leçons à tirer». Elle se tiendra dans le cadre de la mise en exergue des recommandations de la 56ème session de la Commission de la condition de la femme (CSW 56) datant de mars 2102 dont le thème était: «l'autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l'élimination de la pauvreté et de la faim, le développement et le règlement des problèmes actuels.». La réunion se focalisera sur la réalisation d'une kyrielle d'objectifs dont l'échange interactif entre les représentants de la société civile et les responsables gouvernementaux en sensibilisant «les législateurs de la région quant à la nécessité de réviser les lois sur l'accès des femmes aux ressources productives» ; l'examen des lacunes et contraintes qui entravent le financement et l'autonomisation de la femme rurale en sensibilisant les institutions financières et le secteur privé dans la promotion de l'entreprenariat dans le milieu rural ; les défis d'accès aux ressources financières ; l'amélioration des opportunités économiques offertes aux femmes rurales en formant une communauté de pratiques (COP) dont le but est de favoriser la défense des droits socio-économiques et politiques des femmes rurales de l'Afrique du Nord. Au terme dudit séminaire, dont les partenaires sont la FAO/ Bureau Sous-régional pour l'Afrique du Nord et les divisions concernées de la CEA, il s'agira de répondre aux recommandations du Rapport du Secrétaire Général paru à cet effet, qui défend solidement l'écoute et l'intégration des femmes rurales. Pen outre, cette réunion se tient dans un contexte régional et international pour se préparer à la 5ème Conférence internationale sur les femmes « Beijing +20 ».