Ils sont venus, ils sont tous là,… les ‘'Wled Ammar'' débarquent. Ils passeront, aujourd'hui, au cinéma et feront l'objet d'un reportage documentaire. Les ‘'Wled Ammar'' prêtent leur nom au reportage documentaire du jeune Nasredine Ben Maati qui se revendique de la génération « perdu » des nés sous Ben Ali. ‘'Wled Ammar alias ‘'Génération maudite'', à tort ou à raison … En tous les cas, l'essentiel ici est qu'il y a parmi eux des jeunes qui font quelque chose au lieu de se poster à longueur de journée derrière un poste d'ordinateur. Et c'est bien meilleur que les bombes des commerçants de la foi. « A travers «Wled Ammar», je voudrais rendre hommage à toute une génération, la mienne, la génération Ben Ali. Cette génération souvent perçue par nos parents, les adultes, comme une génération bonne à rien, perdue, victime de la globalisation. La communication entre ces deux générations était totalement rompue. », commente le réalisateur du film qui continue dans la foulée « Au retour du lycée, chacun s'installait devant son ordinateur pour partager ses idées et s'exprimer dans un monde virtuel. Mais même là, la censure et les « vieux » du régime de Ben Ali, ont tout fait pour les faire taire, virtuellement. Mais ils n'ont pu taire le rêve enfoui dans leurs cœurs. » Il va sans dire que sous Ben Ali, la politique était pour l'anéantissement du savoir et l'annihilation de tout esprit critique. Pendant ces décennies de la honte, la compétence n'était pas un critère de promotion professionnelle et sociale… Il va sans dire tout autant, que la génération née sous Ben Ali, exception faite des rares ‘'illustres inconnus'' restés dans l'ombre du système, est faite de jeunes fainéants qui ne veulent rien faire sinon partager des informations essentiellement fallacieuses et par essence vaines sur les réseaux sociaux. Ces jeunes-là qui ne lisent jamais mais qui argumentent en se contentant de répéter ce qu'ils regardent par écrans interposés, informations manipulées à souhait par ceux qui veulent former la génération de la culture globalisée …sans repères et sans référents religieux et/ou culturels. Ces jeunes-là sont aussi les enfants de parents ayant raté le coche de l'éducation de leurs progéniture car débordés, ou dépassés, en tous les cas démissionnaires de leur rôle de parents responsables. Et c'est une autre question. Désillusions révolutionnaires Et puis c'était le 14 janvier 2011. Les damnés du système Ben Ali ont gagné en notoriété. Ils sont désormais lesdits « râleurs et tapageurs » de ladite Révolution. Les blogueurs, ceux ayant été formés par les soins des organisations américaines depuis 2008, étaient au devant de la scène médiatique et ont fait l'actualité des soulèvements dans plusieurs régions du pays pendant ces temps-là. « Avec la révolution, le regard de nos parents sur nous a changé. Nous sommes devenus des rebelles et des militants, des jeunes plus que respectables. », fait remarquer Nasreddine Ben Maati qui ajoute « J'ai voulu développer cette préoccupation à travers le témoignage de jeunes cyber-activistes qui ont combattu la censure et le Président déchu. » Et puis c'était les modérés de l'Islam et les années des désillusions révolutionnaires dudit printemps arabe. Ah le vent de liberté quand il tourne, l'allure du bateau aussi. « Malheureusement, aujourd'hui ces blogueurs qui étaient censés constituer un contre-pouvoir se divisent. Certains ont été récupérés par le gouvernement de transition, d'autres ont eu des ambitions politiques, pour d'autres la révolution est encore en marche et ils se considèrent comme des garde-fous. », fait signifier, non sans amertume, le réalisateur du documentaire ‘'Wled Ammar''. Alors ? Génération maudite ? A vous d'en juger. Le documentaire sera sur le grand écran à partir d'aujourd'hui. Mona BEN GAMRA ‘'Wled Ammar'' aujourd'hui au cinéma • 2 Novembre : Sortie en salles de Wled Ammar en Tunisie • Le film sera aux salles Cinémadart à Carthage et Hannibal à El Manar à partir du samedi 02 novembre. Il est distribué par Hakka Distribution sur tout le territoire tunisien.