Bientôt plus d'argent dans les poches : salaires et pensions en hausse !    Sfax : première greffe de rein par laparoscopie réussie !    Agenda fiscal décembre 2025 : tout ce que vous devez savoir    Bons plans: les logements ''Al-Riyadh'' bientôt distribués !    CAF dans le viseur : l'Espérance dépose une plainte officielle    Nuages et vent : un temps changeant    Mourouj: la STEG clarifie les causes de l'explosion    Mohamed Ali Nafti représente la Tunisie aux forums africains sur la paix et la justice    Jilani Benmabarek à Al Kitab avec les copains d'avant (Vidéo et Album photos)    Sous pression en Angola : un match crucial à suivre    Le Goethe-Institut Tunis présente Filmklub : Was ist neu? / Chfama jdid ?    Direct Club Africain – Stars d'Al Quds : chaîne TV et streaming disponibles    Matchs de la Tunisie lors de la Coupe Arabe Qatar 2025 et les primes en jeu    Red Sea International Film Festival 2025 : Le cinéma nord-africain à l'honneur    Rapport APT d'ESET : une guerre silencieuse entre puissances numériques (Avril-Septembre 2025)    Samsung Vision AI Companion : L'AI conversationnelle au service des ménages du monde entier    Inondations et glissements meurtriers frappent la région : des dizaines de morts    Météo en Tunisie : pluies orageuses sur plusieurs régions du nord    Choc : Trump réexamine les cartes vertes de migrants de 19 pays, dont 4 arabes !    Tunisie convoque l'ambassadrice des Pays-Bas pour ingérence    Kaïs Saïed répond fermement au Parlement européen : La souveraineté tunisienne n'est pas négociable    Tunisie Telecom, acteur clé d'une IA responsable et compétitive    nouvelair lance sa promo Black Friday: 30% de réduction sur tout son réseau    Sonia Dahmani libre ! Le SNJT renouvèle sa demande de libération des journalistes Chadha Haj Mbarek, Mourad Zghidi et Bourhen Bssaies    Chine: L'Orient du développement, modèle d'avenir pour le Sud ?    Météo en Tunisie : pluies éparses attendues jeudi et vendredi    Prix Abou El Kacem Chebbi 2025 : La Tunisie au cœur de la création littéraire arabe    L'artiste tunisienne Bochra Mohamed est décédée    Ghalia : la chanson qui secoue la Tunisie contre les violences faites aux femmes    Epson L11050: l'imprimante A3 multifonction pensée pour les environnements professionnels exigeants    Hommage à René Passet, pionnier de l'approche transdisciplinaire en économie et le développement durable    Elyes Ghariani: L'Union européenne à l'épreuve des nouvelles dynamiques sécuritaires    Ce vendredi à la librairie Al Kitab Mutuelleville: Jilani Benmbarek présente son nouveau livre «Lumière sur une aventure»    Météo en Tunisie : pluies orageuses attendues à l'extrême nord    Triomphe tunisien au Caire : Afef Ben Mahmoud sacrée meilleure actrice pour « Round 13 »    Les nouveaux ambassadeurs du Burkina Faso, du Liban et des Etats-Unis d'Amérique présentent leurs lettres de créances au Président Kais Saied (Vidéo et album photos)    Khadija Taoufik Moalla - Dépasser la notion de "race": vers une humanité réconciliée    Le jour où: Alya Hamza...    Alerte Technique : Cloudflare frappé par un ''pic de trafic inhabituel''    Le SNJT organise un mouvement national dans toute la Tunisie pour défendre la liberté et la dignité des journalistes    Ridha Bergaoui: Des noix, pour votre plaisir et votre santé    Match Tunisie vs Jordanie : où regarder le match amical préparatif à la CAN 2025 du 14 novembre?    Hafedh Chekir: Accroissement naturel de la population en Tunisie    Jamila Boulakbèche et Isra Ben Taïeb remportent 2 médailles d'or aux Jeux de la Solidarité islamique 2025    Secousse tellurique en Tunisie enregistrée à Goubellat, gouvernorat de Béja    Le CSS ramène un point du Bardo : Un énorme sentiment de gâchis    Ligue 1 – 11e Journée – EST-CAB (2-0) : L'Espérance domine et gagne    New York en alerte : décès de deux personnes suite à de fortes précipitations    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Mont de Matmata : au pays des Troglodytes
Promenade dominicale
Publié dans Le Temps le 03 - 11 - 2013

A la fin d'un article récent nous avions laissé nos lecteurs à la sortie de Gabès, au pied du massif des Matmata, en leur disant que nous allions bientôt poursuivre nos promenades dans cette région. Il est « normal » d'aller dans le Sud en cette saison.
Le rebond du Sahara
Les monts de Matmata, une succession de collines arrondies et de tables, ceintes de falaises verticales, émergeant de grands cônes, profondément creusés par des oueds énormes et profonds. Des arbres rarissimes, malgré les efforts de reboisement, émergent ça et là.
De tout temps, ces monts ont exercé sur l'homme un très fort pouvoir de séduction. Voulait-il échapper aux tribus qui avaient conquis la plaine côtière ? Avait-il envie d'y mener une vie d'arboriculteurs soigneux dont les traces subsistent dans maintes vallées où le ruissellement de l'eau des pluies, barré par des « Jessour » ingénieux et souvent bien entretenus encore, irriguent de petites parcelles disposées en escalier le long de la pente.
Les Carthaginois et les Romains ne se sont guère implantés dans ces monts. Si une résistance farouche a d'abord été opposée aux conquérants arabes, les Berbères acceptèrent la religion et la culture musulmane au point qu'il est difficile, actuellement, de pouvoir dire qui est d'origine arabe ou berbère. Il semble bien que l'occupation de la montagne soit davantage le reflet d'un choix économique que la conséquence de préoccupations défensives. Certes, l'arrivée des Arabes, bédouins éleveurs, Beni Hilel et Souleym, au XIème siècle, a poussé les Berbères autochtones à fuir la plaine envahie par la vie pastorale et à s'accrocher à la montagne où ils pouvaient s'implanter, trouver des moyens de subsister et s'attribuer un terrain.
Matmata : vivre sous terre
Ses habitants ont sans doute fondé la bourgade actuelle il y a environ deux siècles, dans un sol argilo-limoneux après avoir tenté de s'établir sur les sommets.
Leur habitat est le résultat de la convergence du travail de l'homme dans la multitude des vallées encaissées et de l'aspect de la nature. Il a adapté son habitat, dont la forme est déterminée autant par la nature, le relief, le climat et le sol que par des facteurs culturels.
C'est une architecture originale, spontanée, respectueuse de l'environnement, dirions-nous, parce qu'elle s'intègre au site et éminemment « stable » puisqu'elle a très peu varié dans le temps ainsi que l'aménagement intérieur des habitations.
La demeure s'organise en pièces creusées, souvent sur un seul niveau, au fond d'un puits de 10 mètres de profondeur environ sur 8 à 10 mètres de diamètre, foré à flanc de colline. On y entre d'abord par un couloir à ciel ouvert, qui avance dans le versant, puis on passe par un petit tunnel, en pente douce et souvent coudé pour fuir les regards indiscrets. Un renforcement creusé dans une des deux parois latérales, sert de logement à une bête de somme : un dromadaire. Au centre du « puits », sorte de cour circulaire, une fosse recueille les eaux usées. On y jette régulièrement, par souci d'hygiène, une certaine quantité de sel.
La cuisine et les chambres d'habitation, creusées autour de la cour sont dotées de plafond en carène pour éviter un éboulement éventuel. Les « mûrs » sont blanchis à la chaux et le sol est couvert d'un enduit de gypse, bien battu, et lissé qui assure une certaine luminosité à ces chambres qui ne reçoivent la lumière que par une ouverture fermée par une porte en bois de palmier ! Il arriv…ait assez souvent que la demeure entre dans le cadre d'une économie de subsistance de type familial et qu'elle se trouve à proximité des terrains cultivés et d'une citerne, elle regroupait alors plusieurs foyers et nécessitait l'exécution d'un nombre important, 6 à 7 pièces, cylindriques, cubiques ou parallélépipédiques. Les pièces principales pouvaient être dotées d'une ou deux petites chambrettes, creusées au fond ou latéralement. Les provisions pouvaient être rentrées dans une pièce spéciale creusée au même niveau que les chambres ou au-dessus. Elles étaient souvent entreposées dans la cour dans d'énorme « silos » en alfa tressée.
Parfois, dans les chambres, des étagères, composées d'un treillis de branches d'oliviers et de hampes de palmes enduites d'argile, d'une valeur esthétique certaine, étaient accolées aux murs. Elles facilitaient le rangement des affaires personnelles – peu nombreuses – de l'hôte de la chambre qui dormait sur une haute « banquette » que le creusement de la pièce avait laissé subsister.
Quelques fois, une hutte de branchages, située sur le sol, souvent au-dessus du petit tunnel d'accès à la cour, servait d'habitation estivale.
Réputées isothermes, c'est-à-dire tièdes en hiver – facile de le vérifier ! – et fraîches en été – qui veut essayer ? – ces pièces risquent de s'ébouler en cas de fortes pluies.
Mais aujourd'hui, la prolifération des constructions en dur est en train de modifier complètement la physionomie du bourg qui, par ailleurs, se vide peu à peu de ses habitants attirés par « Matmata – nouvelle » dans la plaine. Seul, un plan d'aménagement d'ensemble, qui réglementerait l'urbanisme et l'architecture serait capable d'endiguer le mal qui finira par tuer Matmata. Quand il n'y aura plus à voir que des « demeures-musées » qui exposent les objets artisanaux d'autrefois et un « hôtel » troglodytique concurrencé, fortement, par des bâtiments modernes et confortables, dotés de l'air conditionné et offrant une cuisine appétissante, certes mais passe-partout, qui voudra venir à Matmata et y rester un peu plus d'une heure : le temps de visiter une demeure « traditionnelle » et d'acheter un souvenir, à quatre sous, made in HongKong ?
Toujane : le coeur altier des Matmata
Autrefois, une piste infernale, un « escalier » géant reliait Matmata à Toujane. Aujourd'hui, c'est presque une autoroute. Mais si l'on part de Matmata – nouvelle et qu'on aille à Toujane, en passant par Beni Zelten et Aïn Tounine, l'étroitesse de la montée, en zigzags serrés et la beauté des paysages traversés rendent la promenade encore plus intéressante.
Le bourg actuel de Toujane est dominé par deux pitons rocheux, escarpés, nus et noirs, couronnés de ruines de fortifications. Il a été formé de trois bourgs : l'ancien, l'actuel et Dakhlet Toujane vers la plaine.
La fondation de Toujane remonterait à quatre siècles environ. Les habitants, bien que très attirés par la plaine, continuent à vivre selon un mode de vie traditionnel fondé sur une arboriculture, d'oliviers surtout, de vallées aménagées et un élevage d'appoint. Ils cueillent aussi l'alfa pour fabriquer ces grands « contenants » ou « silos » à grains appelés kambout ou rounya.
Les habitations traditionnelles, de pierres liées à la « torba », sont couvertes de toits en bois d'olivier ou de thuya, qui a l'avantage d'être imputrescible. Les greniers sont couverts de voûtes munies d'orifices permettant d'y verser le grain à ensiler. Ces plafond empêchent, paraît-il, la prolifération des insectes nuisibles. Mais les constructions « modernes » se multiplient.
La mosquée, un des bâtiments les plus anciens de Toujane, construite peut-être vers 1596 comme l'indique une inscription en relief sur un mur, découpe sa silhouette d'une blancheur immaculée sur le fond ocre brûlé de la montagne.
Pendant combien de temps, les demeures traditionnelles et originales par leur plan à cour centrale précédant des pièces excavées continueront-elles à offrir l'exemple d'un habitat utilisant, au mieux, les possibilités naturelles et apportant une réponse adaptée aux exigences d'un certain mode de vie ? La seule façon de sauver l'originalité de Toujane, en permettant aux habitants, qui voudront y rester, d'y vivre en y gagnant leur vie, c'est de mettre en place, avec leur assentiment, un programme de « tourisme chez l'habitant ».
Certes, comme dans tous les sites du sud tunisien, tout ne pourra pas être sauvé, conservé, mais un peu de tout, partout … peut-être. La création de l'Association de Sauvegarde de Douiret en est la première preuve.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.