Le nouveau ministre de la Santé publique M.Mondher Znaïdi vient de recevoir le Bureau directeur de la Chambre nationale des industriels pharmaceutiques pour lui signifier que son département est disposé à développer des plates-formes de coopération d'intérêt national orientées principalement vers la mobilisation de toutes les capacités et ressources à même de conférer à la jeune industrie locale des médicaments un surcroît de vitalité dans un contexte de mondialisation des échanges économiques, de partenariat avec l'Union européenne et d'entrée en application de la réforme de l'assurance maladie. En écho, la profession s'engage à exploiter toutes ses capacités afin d'assurer continuellement la disponibilité du médicament dans le pays, et de conquérir de nouveaux marchés extérieurs. Il s'agit d'une conviction partagée que conforte le développement rapide et harmonieux de l'industrie du médicament en Tunisie vers laquelle ne cessent d'affluer d'importants investissements étrangers à la faveur de joint ventures entre partenaires tunisiens et firmes multinationales de renommée universelle. Qu'ils proviennent d'Europe , partenaire traditionnel de la Tunisie , d'Amérique du Nord ou encore d'Asie comme c'est le cas pour l'Inde, ces investissements viennent à point nommé pour valoriser l'industrie pharmaceutique tunisienne qui a déjà réussi à conquérir des marchés, spécialement en Afrique et dans les pays arabes. L'autre facteur contribuant à l'essor de ce secteur est la progression exponentielle de la consommation nationale en médicaments qui est passée de 346 millions de dinars en 1999 à 440 millions de dinars en 2003, soit une évolution annuelle moyenne de 6%. Au demeurant, les dépenses de santé par habitant sont passées de 76 dinars par personne en 1990 à 320 dinars en 2003, soit une progression annuelle de 12% durant 13 ans. En 2003, les importations ont été de 264 millions de dinars dont 89% ont été réalisées par la Pharmacie Centrale de Tunisie, soit 236 MTND. Cette évolution est clairement liée à celle du marché mondial dont la valeur est estimée à 492 milliards de USD, ayant enregistré un accroissement de 115% pendant la période 1993/2003. L'Amérique du Nord représente 49% du marché mondial contre 28% pour l'Europe, 11% pour le Japon et 12% pour le reste du monde.
Vecteurs de développement
Une stratégie de développement a été mise en place, se regroupant autour de 11 principales actions. Elle a pour objectifs de permettre à l'industrie pharmaceutique tunisienne de relever avec succès les défis posés par l'intégration de la Tunisie à l'espace économique européen. Elle vise également la mise en oeuvre progressive de nouvelles mesures pour accompagner une industrie naissante. La Tunisie s'est fixé pour objectif de développer une industrie pharmaceutique permettant de couvrir 60 % des besoins nationaux. Plusieurs laboratoires pharmaceutiques étrangers ont fait confiance à la compétence tunisienne pour sa main-d'œuvre qualifiée et compétitive, et à son marché florissant. Ont été encouragés par les avantages fiscaux, expliquant ainsi le développement rapide de ce secteur. Le nombre de producteurs locaux a triplé depuis1992 . La valeur ajoutée de la branche est estimée à 46 %. Les médicaments fabriqués sous licence représentent environ 60 % de la production, les génériques, 40 % et la tendance est à l'augmentation. Les opportunités de production sont nombreuses : médicaments génériques, anti-infectieux, anti-inflammatoires, cardiovasculaires, analgésiques, fabrication de vaccins. Et on assiste à la mise en place de structures de recherches et de développement de nouveaux médicaments. Plusieurs entreprises se tournent vers l'exportation, surtout celles qui n'utilisent pas la totalité de leur capacité de production. L'objectif qui leur est assigné consiste à atteindre un chiffre d'affaires à l'exportation d'ici 5 ans de 50 millions de dinars en produits pharmaceutiques. Dans la foulée, il va falloir réduire la capacité de production inemployée de 20% en deux ans, développer les ventes des laboratoires de 20% en trois ans et augmenter les ventes des produits génériques de 20% en volume et de 11% en valeur de la production nationale des médicaments.
La problématique de l'importation
L'acquis le plus important du système tunisien d'importation des médicaments est de maintenir aussi stable et bas que possible le prix de vente des médicaments en utilisant seulement les ressources générées par le système lui-même, c'est à dire sans intervention externe ni subventions étatiques. Le système repose sur l'étroite collaboration entre différents acteurs aux compétences bien définies et sur l'efficacité de cette collaboration. Ces acteurs sont les structures de réglementation et de contrôle, les douanes et les différentes structures opérationnelles d'approvisionnement et de distribution existantes. Ces différentes structures assurent la sélection et l'importation de médicaments de qualité, le groupement des achats, une véritable négociation sur les prix d'achat et une gestion raisonnée du mécanisme de la "compensation" du prix officinal du médicament importé. La centralisation des achats de médicaments permet d'acquérir une force de négociation certaine vis-à-vis des fournisseurs, et présente des avantages en termes de rentabilité, de coût et de planification des commandes. Le mécanisme de la compensation permet de maintenir stables les prix de vente aux grossistes et au public des médicaments disponibles en pharmacies d'officine. Ce mécanisme est basé sur la prise en charge de toute augmentation du prix du médicament importé par la structure chargée de la centralisation des achats. En effet, cette dernière réinjecte directement dans le système d'approvisionnement les bénéfices générés par l'ensemble de son activité commerciale d'importation dans le but de maintenir l'accessibilité des médicaments essentiels. Une répartition claire des responsabilités entre les institutions publiques de contrôle et de réglementation d'une part, et les établissements publics d'approvisionnement d'autre part, permet d'éviter une situation de monopole décisionnel et assure le bon fonctionnement du système centralisé d'importation des médicaments. Au reste,la présence du secteur pharmaceutique privé permet également un contrôle externe de l'efficience du secteur public grâce aux interactions entre les deux secteurs. Cependant, selon l'Organisation Mondiale de la Santé , la Tunisie a besoin de consolider et parfaire son système de santé afin de consolider l'équité de l'accès aux soins et aux médicaments et d'atteindre progressivement le niveau sanitaire et de protection sociale des pays de l'Union Européenne. Le système tunisien d'importation n'est certainement pas le seul élément d'une stratégie qui conduira à atteindre ces objectifs. Cependant, le démantèlement du dispositif actuel d'importation ne contribuerait pas à l'amélioration de la disponibilité, de l'accessibilité et de l'utilisation rationnelle des médicaments, estime encore l'OMS..