Au mois de mars de l'an 2002, Salahedine Zahaf alors nouveau président du club " Noir et Blanc " depuis quelques mois seulement nous dévoila en " exclusivité " son grand pari. C'était à l'occasion d'un long entretien que nous avons eu avec lui à l'époque. Ce pari était ni plus ni moins, de faire du CSS la meilleure équipe du pays dans les cinq ans à venir. D'aucuns ont perçu cette confidence comme une simple boutade destinée à la consommation publique. S Zahaf sans qu'il le dise explicitement projetait tout simplement de supplanter l'ogre espérantiste de Slim Chiboub et Youssef Zouaoui, ce cavalier seul qui faisait table rase et raflait tout au presque à chaque but de saison. S Zahaf n'a pas pourtant préché dans le désert et pour cause ! le CSS qu'il a échafaudé patiemment allait escalader le sommet atteint en 2005. Il culmina au niveau national en décrochant un titre de champion et une coupe de Tunisie. Il plana sur le plan de la compétition arabe en glanant la Champion's League tout en disputant l'année d'après la finale qu'il a perdue dans des circonstances douteuses. L'année d'après il a failli trôner sur le toit de l'Afrique sans le tragique destin qui le priva d'une victoire en finale qui lui tendait la main jusqu'à moins de deux minutes du temps additionnel. A l'évidence aucun autre club tunisien n'a, à l'époque (entre 2005 et 2006) fait mieux que le CSS. S Zahaf dans l' entretien qui suit persiste et signe en évoquant avec l'abord de l'actuelle saison un nouveau cycle tout aussi prometteur. Un nouveau groupe composé de joueurs talentueux a pris la relève et qui fera autant sinon mieux que son prédécesseur. Le président sfaxiens tiendra- t-il encore une fois parole? C'est l'avenir qui répondra mais cédons lui la parole.
Le Temps: Tarak Dhiab dans une interview accordée il y a quelques semaines à un hebdo de la place a dit que la perte de la finale de la Champion's League a fait revenir le CSSfaxien dix ans en arrière...
S. Zahaf: C'est tout à fait faux. Malgré la forte déception ressentie par tout le pays et particulièrement par la famille élargie du CSS (dirigeants, joueurs et public) nous avons réussi à panser la plaie. Nous avons tourné la page de cette triste soirée du 12 novembre et nous avons essayé de redémarrer en misant sur le championnat. Nous étions encore dans la course au titre. Mais les instances fédérales de l'époque ont cherché par tous les moyens à nous freiner et nous écarter de la course. Les médias (presse écrite et audio-visuelle) ne nous ont pas soutenus en cherchant à garder les injustices arbitrales dont nous fumes l'objet au cours de trois matches disputés contre l'EGSGafsa, le CA et le ST. Les arbitres ont tout fait pour nous empêcher de gagner, délibérément . Les points perdus arbitrairement nous ont coûté de se faire irrémédiablement distancer par le peloton de tête (CA, USMo et ESS). •Et en quoi, la presse y était-elle incriminée? -Elle n'a pas dénoncé ces injustices. Certains organes (TV) ont cherché le camouflage. •Et pourquoi l'auraient-ils fait? -Tout simplement parce qu'ils ne nous ont pas pardonné la perte de la Champion's League . Tous les Tunisiens ont espéré que le CSS donne au pays un titre qui le fuyait dans sa nouvelle édition . Le CSS au lendemain de la perte de la finale a été l'objet d'un accablement général. •Un autre club dans les mêmes circonstances aurait subi le même acharnement de la presse que vous prétendiez? -Je vous répondrai en ces termes: Pourquoi ces mêmes plumes sont si indulgentes avec les autres clubs tunisiens qui quittent régulièrement les compétitions continentales et arabes prématurément, aux premiers paliers des escaliers? •Vous évoquez la constitution d'un nouveau groupe au CSS, alors qu'une majorité de l'ancien effectif est toujours là, renforcés il est vrai par de nouveaux éléments... -Je vous rappelle que de l'équipe qui a disputé la finale de la Champion's League ne figurent plus que trois éléments seulement qui sont Fateh Gharbi, Amir Hadj Messaoud et Karim Nafti. Les autres ne sont plus là. •Mais nous relevons encore les Karim et Aymen Ben Amor, Chaker Bergaoui, Houcine Jabeur, Chadi Hammami entres autres.... -Ces éléments , des jeunes étaient dans l'effectif mais qui ne jouaient pas ou presque . Ils faisaient leur apprentissage avec leurs aînés, se préparant à la relève. Il a été décidé de les promouvoir après que nous fumes, vers la fin de la précédente saison écartés de la course au titre. •Quels sont les objectifs avec ce nouveau groupe? -Ils sont les mêmes à savoir gagner des titres dans les différentes compétitions où nous sommes engagés. •Ce groupe donne l'impression de n'être pas tout à fait mûr pour ces perspectives... -Au contraire le CSS dispose à l'heure actuelle de solides arguments pour réaliser ses ambitions. Il se comporte bien en Coupe de la CAF, une épreuve qui n'a rien à envier cette saison à la Champion's League de par le haut niveau qui la caractérise et la valeur des clubs qui y sont engagés . Notre début de championnat est aussi satisfaisant avec deux victoires et deux matches nuls. Mais le vrai visage du CSS vous allez le découvrir dans trois semaines au plus tard. •Qu'est ce qui va changer d'ici là? -Les automatismes , la cohésion et l'homogéneité qui sont encore perfectibles. Il y a en effet pas moins de sept éléments nouveaux dans l'équipe et qui font que l'entente dans le jeu n'est pas encore du niveau escompté. Cela viendra avec la compétition. Decastel fait de son mieux pour améliorer ce volet mais il ne dispose pas d'une baguette magique pour réaliser cela du jour au lendemain. •Vous donnez l'impression d'instaurer une discipline de fer au sein du groupe. Plusieurs joueurs en ont payé les frais à l'image de H. Mrabet, Jaouachi, Hamza Younès, Zoubeir Essafi et récemment Fateh Gharbi. Cet endurcissement a causé le départ et la perte donc de Jaouachi, la perdition d'Essafi et probablement celle de F. Gharbi. •Jusqu'à quelles limites comptez-vous mener cette purge et quelles sont les raisons qui vous l'ont dictée? -Le départ de Jaouachi à l'ESS n'est pas une perte. C'était dans l'intérêt du club. Mrabet, H. Younès ont retenu la leçon et sont toujours là pour redémarrer su des bases saines. Ceci étant je vous dirai que nous maintenons la même politique en matière de discipline. Nous avons sévi avec Abdi et Mardassi quand ils ont dérapé. Les supporters ont tendance à dénoncer, à tort un problème de discipline quand les résultats ne répondaient pas à notre attente. •Le CSS n'a pas réussi à se dégager de ses difficultés financières. Cette situation risquerait de se répercuter négativement sur la marche du club et mettre ainsi en cause les objectifs que vous venez d'évoquer... -Notre bilan est malheureusement régulièrement passif et l'état financier du club est difficilement gérable à cause de la faiblesse des recettes qui ne couvrent qu'une partie des dépenses. •L'on prétend que vous avez fait le vide autour de vous en éloignant les personnalités aisées susceptibles en d'autres circonstances d'aider financièrement le club. -Au contraire, j'ai toujours tendu la main à tout le monde et en tant que président du CSS je n'ai pas intérêt à avoir des problèmes avec quiconque. Seulement il y a des gens qui ne sont pas nombreux qui ne savent que critiquer à tort et à travers pour justifier leur refus d'aider le club. •Et la haute commission de soutien sa contribution est-elle au niveau de vos aspirations? -Ella a contribué la saison précédente pour 315 mille dinars, un chiffre qui n'est pas certes énorme mais cette instance fait ce qu'elle peut et j'espère qu'elle améliore encore sa contribution. •Les recettes du stade, plutôt modestes, sont bien loin de soutenir la comparaison avec les autres grands, vos traditionnels rivaux tels que l'EST, le CA et l'ESS? -Les recettes provenant de la vente des billets et des abonnements sont en effet bien modestes. Cela est dû surtout à la faible capacité du stade Mhiri et aussi à la nature d'une bonne partie du public sfaxien qui ne consent à aider son club que lorsque les résultats sont brillants. •Mais cela ne peut expliquer l'endettement chronique d'un club qui a touché environ neuf millions de dinars, durant les dernières années , provenant de la vente ou de prêt des joueurs. -La situation aurait pu être pire encore sans ces recettes. Les chiffres sont là qui font dégager un découvert actuel de cinq millions de dinars. Durant les six dernières saisons, le CSS a dépensé aux environs de 35 millions de dinars tout en enregistrant durant la même période 15 millions de recettes stables et autant des recettes exceptionnelles (le montant des transferts, les primes gagnées en Coupe arabe et en Champion's League africaine). •Mais ce que l'on ne comprend pas très bien c'est que en matière de transfert vous avez tendance à mettre la barre très haut, privant ainsi le club de recettes supplémentaires et les joueurs concernés de réaliser leurs ambitions... -Cela est aussi complètement faux. La preuve c'est que tous les joueurs qui ont eu des offres réelles sont partis. Citez-moi un joueur qui a reçu une offre et qui est resté au club malgré lui? •Par exemple Karim Nafti qui a reçu une offre de l'ASSaint Etienne au cours de la précédente intersaison... -Il n'a pas eu d'offre de ASSaint Etienne à ce joueur. La seule offre qu'il a reçu est venue du club saoudien Ennasr qui a proposé 600 mille dollars au CSS et 300 mille dollars au joueur pour un prêt d'un an et K. Nafti a refusé l'offre saoudienne. En tout cas comme je l'ai noté lors de notre dernière A.G évaluative, la vente des joueurs fait partie de nos choix stratégiques en matière de gestion du club. Nous nous soucions d'éviter de porter atteinte aux équilibres généraux du groupe qui doit disposer d'un potentiel le prédisposant à jouer constamment pour les titres. Nous veillons donc à ce que notre groupe soit régulièrement renforcé par des recrues ciblées et des jeunes issus du cru de notre centre de formation. •Mais le comportement des catégories des jeunes dans les différentes compétitions nationales sont en deçà des attentes. -Nous ne jugeons pas les résultats à travers le comportement de nos catégories des jeunes mais en se référant aux joueurs que nous avons formés. La précédente vague comporte les Tafa Bâ, Karim Ben Amor, Chadi Hammami, Houcine Jabeur, Aymen Ben Amor, Chaker Bergaoui, Abbès. Une autre se prépare... Elle renferme dans ses rangs les Bouzidi, Moez Aloulou, Med Ben Salah , Fires, El Ghoul , Souleymanou, Taha Antir. Cela prouve que notre centre fonctionne bien malgré l'absence de terrains gazonnés. C'est pourquoi nous cherchons à vendre l'ancien complexe pour parachever le nouveau, infrastructure sportive comprise (3 terrains gazonnés). Pour avoir de bon élèves, il doit y avoir nécessairement des salles de classe. •Et pour terminer? -Je dirai à notre public que si vous aimeriez voir le CSS demeurer un grand de l'Afrique et du monde arabe, il faut le soutenir constamment . le CSS lui appartient et il est indispensable qu'il veille non seulement à le préserver mais aussi à améliorer les acquis. Le public sait ce qu'il doit faire , c'est la bonne volonté qui manque parfois.