Les femmes rurales, celles qui vivent à la sueur de leurs fronts, ces Tunisiennes, ces travailleuses qui se retroussent les manches pour travailler dans les conditions le moins qu'on puisse dire inhumaines, sont encore une fois sollicitées ... mais en tant qu'électrices. La classe politique qui ne daigne lui prêter attention en fait aujourd'hui l'objet de sa campagne. La société civile planche également comme toujours sur le sujet. Il faut dire que le phénomène n'est pas nouveau car depuis Ben Ali la femme rurale a servi les causes politiciennes et fait l'objet de débats émanant d'un activisme non désintéressée. Qu'en est-il aujourd'hui ? Rien ne montre que les choses ont changé, car la femme rurale est ce qu'elle était depuis des décennies. Une laissé-pour-compte de la politique et de la société et surtout objet d'instrumentalisation de tout genre. En espérant voir changer les choses on rappellera la tenue d'une manifestation à Tunis il y a peu. Le but était de discuter des mécanismes visant à encourager les femmes rurales à s'inscrire dans les bureaux de vote et de voter par la suite lors des prochaines échéances électorales, présidentielle et législatives. Le Centre des études de l'Islam et de la démocratie ‘'CSID'' qui organise cette rencontre a rassemblé autour du débat des associations féministes tunisiennes. Il était question de rappeler que la femme tunisienne d'une manière générale a participé à raison de 17 % aux élections de 2011. Le but est donc d'élucider les causes de son absence lors de ces grandes dates et de la convaincre à s'inscrire et à voter prochainement. Elire, un acte masculin Elire est-il propre à la gent masculine ? Voilà une question posée par l'une des intervenantes qui a considéré que parmi les causes de l'absence des Tunisiennes dans les bureaux de vote en 2011 est dû au fait que l'on croit à tort que « les élections sont l'apanage du chef de la famille. Lui seul qui subvient aux besoins de la famille et donc c'est à lui de décider des choix politiques de sa famille y compris ceux de sa femme ! » Complètement aberrante est cette déclaration qui montre un état d'esprit qui règne derrière des portes closes et une mentalité machiste qui ne changera pas sous peu. La femme rurale bien entendu n'est pas jusque-là consciente de sa citoyenneté, qui lui vaut des droits et des devoirs. La faute à qui ? «Aux médias et à l'environnement social de la femme» répondra à l'unanimité l'assistance. De point de vue logistique, l'accent a été mis sur l'éloignement des bureaux de vote des lieux de résidence de ces femmes. « Sans oublier que nombre de ces femmes ne vont pas voter vu qu'elles n'ont jusque-là récolté que des déceptions vis-à-vis de la classe politique qui ne s'occupe du sujet de la femme rurale que pour des raisons électorales et purement politiciennes. » commente-t-on. Parmi les recommandations formulées lors de cette rencontre on citera celles qui stipulent la création de bureaux de vote ambulants, et d'aller à la rencontre des femmes rurales chez elles en vue de les inscrire sur les listes électorales. Sans oublier la nécessité de vulgariser les programmes électoraux et l'opération électorale. Pour ce qui est des régions rurales, notamment, l'assistance a appelé l'ISIE à travailler de pair avec les chefs de tribus pour convaincre les femmes à participer à l'opération électorale et à multiplier les campagnes de sensibilisation ciblant cette catégorie de citoyennes.