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Quand la télé nous plonge dans la psychose
Publié dans Le Temps le 05 - 07 - 2014

Ramadan est un mois qui ne laisse point indifférent. Qu'on l'aime ou qu'on le redoute, qu'on y jeûne ou qu'on y mange en cours de journée, qu'on soit un fervent pratiquant ou un simple croyant, ce neuvième mois du calendrier de l'hégire chamboule notre train-train quotidien et instaure de nouvelles règles, certes éphémères. Sept jours se sont déjà écoulés en ce ramadan 1435. Une semaine mouvementée qui a débuté par une bonne nouvelle, celle de la libération des deux diplomates tunisiens retenus en otage en Libye. Mais le bonheur n'aura pas duré bien longtemps avec l'explosion d'une mine antipersonnel au Kef qui a fait quatre martyrs parmi l'armée nationale mais aussi avec l'augmentation des prix des carburants, les incendies criminels dont le dernier a ravagé vingt hectares du mont Boukornine et les feuilletons ramadanesques interdits aux moins de douze ans.
Cette année pendant le ramadan, les téléspectateurs tunisiens ont l'opportunité de zapper entre pas moins de onze chaines de télévision qui se sont livré, comme d'accoutumée, à une course effrénée à l'audience à coup de feuilletons, de sitcoms, de caméras cachées, d'émissions culinaires et de programmes religieux. En tête de peloton, on retrouve les chaînes Ettounseya et Nessma, suivies de près par Hannibal et Wataneya 1. Si les petites dernières, comme Telvza TV et First TV peinent encore à enregistrer de forts taux d'audiences, leurs programmes n'en sont pas moins prometteurs, à l'instar de la sitcom "Bent Omha" qui retrace le quotidien houleux d'une maman, joué par Naïma EL Jéni et de sa fille adolescente, future bachelière, rôle campé par Oumaima Ben Hafseya. Beaucoup de sujets de société sont abordés, le tout sur un ton léger et drôle. Le jeu des comédiennes est déconcertant de naturel mais tout s'explique puisque les deux comédiennes sont mère et fille dans la vraie vie. Autre émission phare, la caméra cachée qui a connu son âge d'or avec Raouf Kouka, mais qui s'est transformée quelques années plus tard en rendez-vous d'épouvante, offrant des peurs bleues en leur faisant croire qu'elles sont victimes de kidnapping, de braquage ou encore d'un tremblement de terre... Pire encore cette année, toujours dans le cadre d'une caméra cachée, les téléspectateurs ont pu assister au lynchage verbal de comédiens supposés représenter la famille d'un martyr par une chanteuse tunisienne qui, excédée, a proféré moults injures et gros mots. Pour faire "rire" encore plus la compagnie, les acteurs n'ont pas hésité à répondre avec des insultes et des incitations à la violence pour provoquer encore plus la dame, le tout alors que les Tunisiens, attablés pour rompre leur jeûne, sont censés suivre une émission drôle et humoristique.
Dure réalité
Mais qu'en est-il des grosses productions ramadanesques, censées séduire le public et attirer les publicitaires? La Wataniya 1, chaîne tunisienne publique, a mis le paquet avec un feuilleton de 20 épisodes, intitulé "Naouret El-Hawa" (Moulin à vent). Un casting prestigieux et étoffé, des moyens de production énormes, un réalisateur de renom, pas moins de 1000 heures de tournage... Tout semblait bien parti sauf qu'il y a un sérieux bémol: il est interdit aux moins de douze ans. En le programmant, les responsables de le télévision nationale ont-ils oublié que le feuilleton ramadanesque est un rendez-vous annuel incontournable pour beaucoup de familles tunisiennes, qui seront obligées cette année de zapper sur une autre chaîne ou pire encore, ignoreront cette interdiction et regarderont quand même, quitte à laisser les enfants regarder des scènes de violence. Car dans ce feuilleton, certaines scènes font vraiment froid dans le dos et on ne peut s'empêcher de frissonner en regardant un enfant se faire battre par un adulte, une fillette subissant des attouchements sexuels par un vieil homme, un chirurgien s'adonnant à des opérations de greffe illégale, un policier corrompu impliqué dans les réseaux de prostitution, une propriétaire de clinique qui produit des stupéfiants dans le sous-sol de son établissement médical, des enfants kidnappés et obligés de travailler comme mendiants, une jeune fille qui meurt en subissant un curetage illégal... "Naouret El-Hawa" est un concentré pur de misère sociale, véridique, poignante et douloureuse mais peut être inadéquate pour une production ramadanesque, destinée au grand public et surtout dans le contexte actuel du pays. De point de vue technique, le feuilleton est pratiquement irréprochable avec un jeu d'acteurs impeccable aussi bien des professionnels que des débutants, des scènes plus que réalistes et un scénario qui tient la route. "Naouret El-Hawa" sensibilisera peut être quelques familles à certains dangers actuels mais il contribuera aussi à ancrer encore plus la peur et le désespoir qui rongent les tripes des Tunisiens depuis quelque temps déjà. "Trop triste, trop sombre, trop lugubre. Nous ne faisons que pleurer notre pays depuis trois ans. Alors, en regardant la télé pendant le mois de ramadan, nous avons plutôt envie de rire pour oublier, même pour quelques heures, nos soucis quotidiens.", explique une citoyenne. Si "Naouret El-Hawa" reflète crûment une partie de la dure réalité de notre pays, il aurait été appréciable de laisser percer des notes d'espoir en montrant des exemples de citoyens positifs, patriotes et engagés. Car oui, le mal existe mais le bien aussi...
Drôles de leçons
Autre feuilleton, autre univers: "Maktoub". Le feuilleton en est à sa quatrième saison et beaucoup s'accordent à dire que Sami Fehri y règle, aujourd'hui, quelques comptes avec d'anciens "amis" qu'il a côtoyés durant son séjour à la prison de la Mornaguia, qui a duré plus d'un an. C'est que le producteur de télévision est un témoin hors pair de la réalité carcérale en Tunisie. Si la plupart des anciens détenus subissent et se taisent de peur des représailles, lui a choisi de mettre en scène ce qui se déroule derrière les barreaux: violence, corruption, usage de portables, fouilles et humiliation... "Maktoub" n'a pas tardé à provoquer l'ire des gardiens de prison qui ont mené une grève générale privant les détenus ce jour là de couffins, de visites et de sorties aux tribunaux, en signe de protestation contre la mauvaise image qui leur est donnée dans le feuilleton. Ils ont également demandé à savoir qui a autorisé Fehri à tourner des scènes dans la prison de Zaghouan, officiellement fermée depuis un certain temps. Face à ses attaques, le staff du feuilleton a répondu, non sans une pointe d'ironie, que "Maktoub" est une oeuvre de fiction et que ce n'est un secret pour personne que les prisons tunisiennes sont des hôtels cinq étoiles où il y fait bon séjourner. En parallèle, on promet d'autres scènes encore plus percutantes... Mais qu'en est-il des autres sujets abordés par le feuilleton: tromperies conjugales, frime, trafic d'influence et corruption, chantages, amours illicites, vente illicite d'alcool... Rien de bien nouveau sauf qu'au cinquième épisode, les téléspectateurs assidus ont eu droit à une leçon bien particulière: comment rouler un joint ! La scène est explicite et pas moyen d'échapper à la technique. On peut alors se poser plein de questions quant à son utilité. Servira-t-elle à sensibiliser les jeunes quant à la consommation de cette drogue douce, à réduire les peines des 6500 détenus qui croupissent en prison pour consommation de cannabis ou encore à assouplir la loi 52?


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