Ouvrant mardi 5 août 2014, à Gammarth, les travaux de la Conférence nationale annuelle des compétences universitaires tunisiennes à l'étranger, le ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et des technologies de la communication, Tawfik Jélassi, a admis que le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique en Tunisie est dans l'impasse, devenant une machine à fabriquer les diplômés chômeurs, dans toutes les spécialités, et il a estimé nécessaire de repenser tout le système de fond en comble en toute urgence. Cette année, les organisateurs ont choisi d'axer les travaux de cette rencontre annuelle sur la contribution des compétences universitaires tunisiennes à l'étranger à la réforme du secteur de la recherche scientifique, en particulier. Elle fait suite à un séminaire sur la réforme du secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique organisé à Monastir du 20 au 22 juillet 2014 et qui avait débouché sur un ensemble de recommandations dans ce sens dont certaines à court terme, et les autres à moyen et long termes. Le ministre a indiqué que ces recommandations seront présentées au Conseil des Universités pour les discuter et les approuver et que les recommandations à court terme qui seront approuvées, seront, aussitôt, mises en application. Il a indiqué que le sort de ces recommandations ne dépend pas de celui du gouvernement actuel, car elles ont été aussi le fruit d'une large consultation à laquelle avaient participé toutes les parties prenantes dans le système de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. 242 mille diplômés chômeurs L'un des principaux thèmes examinés avait été l'employabilité des diplômes délivrés par les établissements d'enseignement supérieur tunisien, actuellement au nombre de 198 parmi lesquels 28 assurent la formation d'ingénieurs. A cet égard, Tawfik Jélassi a indiqué que 242 mille diplômés de l'enseignement supérieur se trouvent actuellement en chômage dont 13 mille dans le secteur des technologies de l'information et de la communication (TICs) et quelque 400 docteurs en biologie. « La situation de l'employabilité des diplômes de l'enseignement supérieur en Tunisie est alarmante, a dit le ministre, ajoutant qu'il ne sert à rien de former des diplômés pour qu'ils se trouvent ensuite en chômage. Aussi, a-t-il affirmé, la réforme doit prendre en considération cette dimension primordiale de l'employabilité, bien que pour certains, comme le ministre de l'emploi et de la formation professionnelle, c'est le modèle économique en vigueur en Tunisie qui est défaillant et ne répond pas aux exigences. Le ministre de l'enseignement supérieur a plaidé aussi en faveur de la décentralisation du système et l'octroi d'une autonomie plus grande aux Universités dans la gestion et la gouvernance des affaires universitaires, signalant l'exemple des ordres de mission à l'étranger pour les enseignants chercheurs qui doivent être signés par le ministre alors que le président de l'Université est mieux à même de le faire. La réforme des filières de l'enseignement revêt aussi un caractère urgent selon le ministre qui a souligné qu'il faut prendre du recul et de la hauteur. En matière de TICs qui constitue l'autre domaine de compétences du ministère, une stratégie quinquennale de promotion du secteur a été élaborée également de manière participative, sous le titre « la Tunisie digitale d'ici cinq ans » lors d'un séminaire national tenu les 30 , 31 mai et 1 juin 2014 à Korba et tendant notamment à déployer le très haut débit sur toute la Tunisie. Recherche et coopération internationale S'agissant de la recherche scientifique, des exposés sur la coopération entre la Tunisie et les autres pays dans ce domaine ont été présentés, montrant l'existence d'énormes potentialités de partenariat en la matière, sur le double plan bilatéral et multilatéral. Outre le Maroc, l'Algérie, l'Egypte, l'Afrique du Sud, la France et l'Union européenne, une coopération fructueuse a été établie avec l'Inde, la Corée du Sud, le Japon. Ces deux derniers pays vont ouvrir, en Tunisie, très prochainement des sections de quelques unes de leurs Universités, et établissements d'enseignement supérieur et de recherche scientifique, tandis qu'un accord cadre de coopération en matière de recherche scientifique devra être signé, dans les jours à venir, avec les Etats Unis d'Amérique. Des établissements d'enseignement supérieur allemands vont aussi ouvrir des sections en Tunisie, ainsi que des Universités américaines comme celle de Cornel. Le ministre a souligné que cette diversité permettra à la Tunisie de s'ouvrir sur de nombreuses écoles de pensée à la fois qui seront pour elle de précieuses sources d'enrichissement.