Chaque année, c'est la même chose: qui dit baccalauréat dit polémiques à propos du maintien ou de la suppression des 25%. En effet, ce système introduit depuis 2002 n'a pas donné de bons résultats. Pour s'attaquer aux racines du problème, et sensibiliser la hiérarchie scolaire à cette dérive et redonner aux 25% de contrôle continu leur fonction pédagogique initiale, le gouvernement a décidé le remplacement des 25% calculés sur la moyenne annuelle par 20% et ce à partir de la nouvelle année scolaire 2014-2015. Les bénéficiaires du système des 20% doivent avoir une moyenne supérieure ou égale de trois points aux moyennes obtenues pendant l'année scolaire. Cette mesure s'inscrivant dans la réforme de l'enseignement supérieur est de nature à améliorer le niveau des étudiants que le ministère a qualifié de catastrophique et qui a nuit à la qualité de l'enseignement universitaire puisqu'il permet à des élèves d'accéder à des filières qu'ils ne méritent pas. Dans une enquête réalisée par M.H. Zaiem, Professeur à l‘Université de Carthage et actuellement conseiller au Ministère de l'Education, on lit ceci: « Tous les bacheliers ne réussissent pas grâce aux 25%. Mieux, plus de 12400 sur les 82748 bacheliers de l'année 2010 ont une moyenne au baccalauréat supérieure à la moyenne au lycée, la moyenne au bac est parfois de plus de six points supérieure à la moyenne obtenue au lycée et l'écart est pour plus de deux cents bacheliers supérieur à trois points. A l'autre bout, c'est-à-dire pour les bacheliers pour lesquels la moyenne au baccalauréat est très inférieure à celle du lycée, l'écart atteint parfois des sommets. Pour 24 bacheliers l'écart est supérieur à 10 points et pour plus de sept cents il est supérieur à 7 points. L'écart touche de manière plus accentuée les bacheliers «Lettres» et il est d'autant plus grand que la moyenne est faible. Il en ressort aussi que plus de 15600 candidats (au moins), soit environ le cinquième, n'auraient pas obtenu leur baccalauréat sans les 25% ». Une très grande majorité de professeurs ont vu d'un bon œil cette décision Tous s'accordent à reconnaître que le baccalauréat a moins de valeur aujourd'hui qu'il y a 20 ans mais qu'il reste utile pour réussir professionnellement. « L'élève réussit au bac avec une moyenne souvent gonflée au cours de l'année. L'écart est parfois énorme entre la moyenne de l'année et celle du bac. Certains écoles privées recrutent ces élèves qui une fois à l'université sont incapables de rédiger ou de lire correctement » souligne Mohamed Ali prof de maths. Nadia salue cette réforme car dit-elle l''introduction par le ministère de l'éducation des 25% était sans doute dictée en partie par des considérations purement «politiciennes». Le pouvoir de jadis n'ayant plus rien à offrir aux jeunes, leur a distribué des baccalauréats » Jalel prof de philo estime qu'il faut supprimer par étapes ce bonus « un bac réorganisé sous forme de contrôle continu serait synonyme de bac maison et ferait voler en éclats toutes les garanties d'égalité entre élèves. Les élèves les plus riches profiteront le plus de ce système. Personnellement il faut revenir à la formule ancienne car on n'a pas besoin de déchets dans nos universités. « Le bac sous sa forme traditionnelle, on ne sait pas très bien la valeur de son résultat final », déplore un prof de français qui ajoute « Le système éducatif tunisien est un système qui évolue à reculons. Si nous voulons l'améliorer, il faut commencer par le primaire car beaucoup de choses restent à faire » Sami prof de sciences estime que les lycées n'ont aucun intérêt à tricher sur le niveau réel de leurs élèves. S'ils le font, et qu'ils permettent à des élèves moyens ou faibles d'obtenir une admission dans l'examen, ces élèves vont s'effondrer en cours de la première année supérieure. À court terme, c'est donc mauvais ». Garder les 20% mais.... Pour d'autres profs, il faut bien garder ce taux de 20% « Le contrôle continu est pratiqué dans tous les pays européens. Le taux de réussite est très élevé. Selon les statistiques de l'Unesco, le taux brut de diplômés de fin du secondaire s'établit à 92% en Finlande, 73% aux Etats-Unis, 74% en Italie alors qu'il est de 49,5% en Tunisie. Alors pourquoi priver nos élèves de cette chance » De leur côté, les élèves se prononcent aujourd'hui en faveur du contrôle continu, dénonçant également la nature des épreuves du bac car « en une semaine, l'élève ne peut pas réussir toutes ses épreuves. Les 20% lui permettent au moins de garder l'espoir et de réussir » affirme Nejla une littéraire . Naceur élève en 4ème économie précise que l'option pour les 20% stimule l'élève à travailler plus. Trop d'échec tue le bac car ce diplôme n'est pas non plus une porte d'entrée pour les études supérieures. Tous les bacs ne permettent pas de s'inscrire en fac de médecine ou dans une grande école » Faux, rétorque son ami Mehdi « Plus de bacheliers, c'est en réalité plus de chômeurs en aval ».Bref garder ces 20% où les supprimer ne résout pas le problème. Il faudrait procéder à une réforme pédagogique du bac c'est-à-dire un contrôle continu qui valoriserait le travail de longue haleine, l'expérimentation et la créativité. Le jour de l'examen, l'élève apportera ainsi devant un jury le fruit de son travail de toute l'année. Il est temps de procéder à une grande consultation nationale sur le contrôle continu avec la participation des enseignants, des élèves, des parents. Aucune réforme ne peut se faire d'un seul coup, il faut savoir prendre son temps, mais tout de même faire les choses avec sérieux et détermination.