Le Temps-Agences- Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a jugé nécessaire que l'armée américaine ait un plus grand contrôle sur les sociétés de sécurité privées qui opèrent en Irak, souvent à l'insu du commandement militaire. Le Pentagone a envoyé une équipe de cinq experts en Irak pour examiner les activités des sociétés privées, quelques semaines après la fusillade impliquant des agents de la firme Blackwater qui a fait 11 morts le 16 septembre à Bagdad et déclenché une polémique sur l'immunité dont bénéficient ces "sous-traitants" au regard des lois locales. A l'issue de son enquête, l'équipe d'experts a recommandé que le commandement militaire américain en Irak soit mieux informé des activités des milliers d'agents de sécurité privés opérant en Irak, a dit Gates. Elle préconise une meilleure coordination entre le commandement des forces de la coalition - Multi-National Forces-Iraq (MNF-I) - et les sociétés de sécurité privées, qui gardent notamment les bâtiments et protègent les convois transportant des officiels américains. "Environ 30% des appels à l'aide, demandant des forces de réaction rapide, viennent de convois dont le MNF-I ignoraient la présence", a déclaré Gates à la presse alors qu'il se rendait au Chili pour une tournée en Amérique latine. "Donc l'idée c'est, comment vous coordonnez tout cela de manière à ce que le MNF-I ait une meilleure connaissance de ce qui se passe sur son propre terrain", a-t-il ajouté. Le Pentagone emploie au moins 7.300 agents de sécurité privés en Irak, mais aucun de la société Blackwater. Le département d'Etat en emploie des milliers d'autres. Des responsables militaires américains se sont plaints des pratiques plutôt expéditives de ces sociétés et ne sont pas toujours sûrs d'avoir autorité sur elles. Pour répondre à leurs inquiétudes, le Pentagone a publié un mémo la semaine dernière à l'attention des commandants militaires pour rappeler qu'ils ont autorité sur ces sociétés. L'équipe d'experts a également recommandé que l'armée applique, dans certains cas, le droit militaire contre des agents privés ayant commis des actes répréhensibles. Gates a toutefois précisé qu'il existait sur ce point un certain nombre d'interrogations, notamment sur la question de savoir dans quelle mesure le droit militaire peut s'appliquer à un civil. La Chambre des représentants est sur le point de voter un texte qui permettrait d'appliquer le droit pénal américain à tous les agents de sécurité. Cette proposition de loi vise à étendre le Military Extraterritorial Jurisdiction Act, qui ne s'applique actuellement qu'aux sociétés travaillant pour le département de la Défense, à tous les civils travaillant pour le gouvernement américain. Malgré la polémique, Gates et les responsables militaires estiment que ces sociétés de sécurité doivent rester en Irak car elles permettent aux soldats américains de se consacrer à d'autres tâches. Si le gouvernement irakien décidait, comme il l'a annoncé, de restreindre l'activité de ces sociétés ou d'interdire telle ou telle firme sur son territoire, l'armée américaine serait obligée d'intervenir ou les civils américains travaillant en Irak seraient contraints de limiter leurs déplacements. Selon Gates, cela aurait un effet "contre-productif" compte-tenu de l'important effort de reconstruction mené en Irak par les civils du département d'Etat.