Deux millions d'élèves rejoindront ce lundi les bancs de l'école pour la rentrée scolaire 2014-2015. Des mesures ont été prises par le ministère de l'Education visant à améliorer les conditions de la scolarité et à rendre l'école plus performante. La rentrée est généralement synonyme de cris de joie des élèves qui retrouveront les bancs et leur excitation à retrouver leurs camarades de classe qui contrastent avec une détresse à peine audible : celle des parents qui après un été bien meublé doivent faire face à une autre épreuve : les fournitures scolaires, le transport, les cours particuliers. Un rendez-vous budgétivore lourd, qui pousse certains à s'endetter afin d'être à la hauteur de cet événement heureux. D'ailleurs pour faire face au coût élevé de la rentrée, 333.000 élèves bénéficieront d'une bourse de 30 dinars, et 40.000 étudiants d'une bourse de 100 dinars, soit une moyenne de trois élèves et deux étudiants pour chaque famille. La rentrée scolaire, de cette année, se déroulera sur fond d'achèvement du processus de la réforme dont le coup de starter a été donné, il y a quelques années. En revanche, le ministère de l'Education nationale a introduit des nouveautés dont l'enseignement de la langue française à partir de la deuxième année de base. Selon le ministère de l'Education, cette décision a été prise suite aux recommandations formulées dans les rapports des inspecteurs, des enseignants et des chercheurs qui avaient participé à la journée d'étude sur «l'évaluation de l'enseignement des langues étrangères dans le cursus scolaire» . Les participants avaient également conclu que cette réforme permettra d'élargir les horizons de nos enfants qui sont appelés aujourd'hui, non seulement à maîtriser, suffisamment, leur langue maternelle, mais à en apprendre d'autres. La Tunisie d'aujourd'hui peut se targuer d'être un pays à forte diversité culturelle et linguistique. Dans un contexte de mondialisation grandissante où toutes les frontières entre les langues et les cultures, tendent à s'effacer, la diversité linguistique constitue pour tous les pays, un atout de taille devant les grands défis auxquels ils font face. La langue étant le canal le plus sûr pour véhiculer les valeurs culturelles et les savoirs, tous les pays du monde s'orientent vers l'encouragement de l'enseignement des langues étrangères. Ainsi,la langue anglaise sera enseignée dorénavant à partir de la troisième année, et ce à compter de l'année scolaire 2015/2016 précise le ministère. Mais dispose -t-on d'un nombre important de personnel enseignant et de laboratoires de langues pour concrétiser ce grand projet ? On passe la sixième cette année Le concours de sixième année primaire abandonné depuis plusieurs années déjà est demeuré en effet le principal concours que les écoliers doivent franchir pour intégrer le cycle secondaire. Actuellement et avant le baccalauréat, les scolaires ne sont soumis à aucun examen national. La seule épreuve qui permet aux élèves une certaine auto-évaluation est le concours facultatif organisé à la fin de la neuvième année de base. Il y a pourtant des voix au sein même de la sphère éducative, essentiellement des enseignants, qui appellent à l'établissement d'un concours national au niveau du cycle primaire. Chose entendue par le ministère de l'Education qui a décidé de retourner de nouveau au concours de sixième qui sera obligatoire à partir de l'année scolaire 2014/2015. . Si certaines parties sont pour le retour de cet examen, d'autres contestent son utilité comme en témoigne Mastouri Gammoudi, secrétaire général du syndicat de l'enseignement de base relevant de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) pour qui, «le taux d'abandon scolaire passera au double avec le retour de l'examen de la sixième année del'enseignement de base étant donné que le ministère de l'Education a pris cette décision de façon unilatérale et sans avoir préparé le terrain favorable», et que le rétablissement de l'examen national de la sixième année était une mesure qui devait être prise en concertation avec toutes les parties concernées, notamment la partie syndicale. Quant à l'examen de la neuvième année, il sera obligatoire à partir de l'année scolaire 2017/2018, outre la généralisation progressive de l'année préparatoire. Baccalauréat : remplacement du système des 25% par 20% Le système des 25% introduit depuis 2002 n'a pas donné de bons résultats. Pour s'attaquer aux racines du problème, et sensibiliser la hiérarchie scolaire à cette dérive et redonner aux 25% de contrôle continu leur fonction pédagogique initiale, le ministère de l'Education a décidé le remplacement des 25% calculés sur la moyenne annuelle par 20% et ce à partir de la nouvelle année scolaire 2014-2015. Les bénéficiaires du système des 20% doivent avoir une moyenne supérieure ou égale par trois points aux moyennes obtenues pendant l'année scolaire. Cette mesure s'inscrivant dans la réforme de l'enseignement supérieur est de nature à améliorer le niveau des étudiants que le ministère a qualifié de catastrophique et qui a nui à la qualité de l'enseignement universitaire puisqu'il permet à des élèves d'accéder à des filières qu'ils ne méritent pas. Un bac réorganisé sous forme de contrôle continu serait synonyme de bac maison et ferait voler en éclats toutes les garanties d'égalité entre élèves. Les élèves les plus riches profiteront le plus de ce système. Kamel BOUAOUINA La phobie scolaire est une maladie psychique Chaque matin, en ce début d'année scolaire, on voit une foule de parents accompagnés de leurs enfants s'attrouper devant le portail des écoles primaires, attendant l'heure de l'entrée des classes. Ecoliers et écolières, en blouses, bleues ou roses, selon le sexe, contents d'entrer pour la première fois à l'école ou d'entamer une nouvelle année scolaire avec enthousiasme et confiance. Mais parmi ces gamins, il y a quelques uns qui se rebiffent et refusent d'entrer à l'école, malgré les supplications de leurs parents. Ils sont souvent pris d'une crise de larmes et vont jusqu'à simuler un malaise quelconquepour éviter d'entrer en cours. Cette phobie scolaire est reconnue par les psychiatres comme une maladie psychique. Le Temps : La majorité des enfants éprouvent une certaine angoisse à la veille de la rentrée des classes. Comment le préparez psychologiquement. ? Dr. Ridha Jemmali : L'angoisse à la veille de la rentrée des classes peut être expliquée de plusieurs façons. D'abord, même nous les adultes, éprouvons le même sentiment à la veille de la reprise du travail, surtout après un long et agréable congé de repos. Il est tout à fait naturel que les enfants scolarisés vivent cette période difficilement et l'assimilent à un cauchemar. Il nous appartient, nous les parents , ici aussi, à intervenir- en douce bien évidemment pour les « accompagner » afin qu'ils retrouvent petit-à-petit leurs habitudes studieuses. Que faut-il faire si un enfant refuse d'aller à l'école ? Je venais en fait de répondre à cette question relative au refus de l'enfant ou sa réticence par rapport à une reprise des cours. C'est une situation en fait exceptionnelle, mais elle demeure réelle et très envisageable surtout dans les rangs de certains élèves manquant de motivation, compte tenu de résultats scolaires non probants ou d'expériences ou de vécus scolaires désagréables. Je fais mention de la relation enseignant-élève, laquelle doit être basée sur le respect mutuel. Toute perturbation peut avoir des conséquences graves pour l'élève surtout ; elle peut notamment mettre son avenir scolaire en danger et ses perspectives professionnelles en péril. Faut-il l'emmener chez le psy ? L'intervention du psychologue n'est que rarement requise dans ces cas. Les raisons d'un éventuel refus de retour à l'école doivent être cherchées, comme il a été mentionné dans la réponse précédente, dans les casiers sociaux et/ou relationnels avec les camarades, les enseignants ou même les parents. Une relation carrément perturbée avec l'école ne peut pas dater de quelques jours ou quelques semaines ; elle nécessite l'intervention d'une équipe multidisciplinaire où le psychologue et l'assistante sociale à côté de l'équipe de soin et l'équipe enseignante travaillent étroitement en commun afin de convaincre l'élève en phase d'abandon scolaire.