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Nous devons oeuvrer pour éviter à nos jeunes d'être quelque part embrigadés
L'invité du Lundi: Pr Moncef Ouanès, universitaire et sociologue :
Publié dans Le Temps le 08 - 10 - 2007

Notre invité aujourd'hui est le Pr. Moncef Ouanès enseignant de sociologie à la faculté des lettres et des sciences humaines de 9 avril de Tunis. Titulaire d'une thèse d'Etat sur " l'anthropologie politique et auteur de nombreux ouvrages notamment " l'Etat et la question culturelle ",
" Militaires, Elites et modernisme ", Sociologie spécialisée du Maghreb " M. Ouanès nous parle ici de la situation de l'université, du niveau de l'enseignement, du chômage des jeunes diplômés et de l'encadrement de la jeunesse et d'autres questions

Interview

Le Temps : Comment se présente la situation à l'université aujourd'hui ?

Pr. Moncef Ouanès : l'université tunisienne se prépare à l'application du programme LMD (Licence -Masters - Doctorat) qui est un programme de réformes et de modernisation de l'enseignement supérieur. Mais on constate aujourd'hui que certaines structures universitaires sont déjà engagées dans ce processus, alors que d'autres ne le sont pas encore

- C'est-à-dire ?
- A notre sens un projet de réformes doit être total et généralisé. Car ce projet est à la fois sensible et délicat. Il nécessite une meilleure préparation pour avoir des meilleures chances de réussite. Toute fois l'université ne semble pas assez préparée pour pouvoir réussir la réalisation de ce projet. Il y a encore une certaine hésitation des enseignants au niveau de la conception et de l'application du projet. Ils ne sont pas totalement motivés.

- Dites-nous concrètement quelles sont les causes ?
- La consultation des départements et des universitaires quant à l'application de ce projet n'a pas pris apparemment le temps nécessaire.
Le projet était considéré comme étant une obligation d'une façon ou d'une autre.
En plus il y a une crainte de la part des enseignants que le projet LMD n'induise une faiblesse du niveau et une démobilisation des étudiants. Mais cette crainte ne semble pas être légitime surtout si l'on connaît que c'est la première année de l'application de ce projet.

- Mais concrètement qu'est ce qu'on reproche à ce projet ?
- Ce qui manque à ce projet c'est surtout le problème de la répartition du programme, la création de licences appliquées, la projection sur l'avenir des diplômés formés, le membre de matières enseignées, l'importance des modules

- Pourtant il a eu au préalable une consultation ?
- Oui, mais elle n'a pas engagé toutes les parties concernées

- D'après vous quels sont les problèmes majeurs qui se posent aujourd'hui à l'université ?
- Comme toutes les universités du monde, notre université a certainement ses problèmes.
Il y a en premier lieu le problème de la faiblesse du niveau surtout dans des disciplines des sciences humaines et des lettres.
Car nes étudiants ne sont plus motivés pour la lecture, la présence, l'assiduité et les dimensions scientifiques comme fut le cas pour leurs aînés. Nos étudiants se contentent actuellement d'apprendre les cours et de les reproduire machinalement dans les copies d'examens : pas d'angoisse scientifique, pas de réflexion et de motivation pour l'interrogation et le questionnement. L'enseignement des sciences humaines est de plus en plus difficile voir pénible car les étudiants sont de plus en plus démotivés et démobilisés ce qui alourdit la tâche de l'enseignent au sein de la classe. En effet, il a le sentiment de donner des cours à personne tellement le désintéressement des étudiants est total. Ils ne posent pas de questions et n'avancent aucune suggestion. Ce phénomène est paradoxal et reflète une certaine démission qui est due à notre sens à deux phénomènes remarquables : la massification de la réussite qui atteint quelquefois dans certaines structures universitaires plus de 80% d'une part ; et d'autre part l'absence de possibilités d'embauche. Face au chômage les étudiants sont de plus en plus déboussolés, angoissés et désorientés.

- Justement, il y a un paradoxe là d'un côté il y a la baisse du niveau et le désintéressement des étudiants et d'un autre côté un taux de réussite élevé ?
- Oui, mais cela s'explique d'un côté par la reproduction machinale des cours surtout que certains enseignants tolèrent ce phénomène anormal et n'exigent pas que leurs étudiants fassent preuve d'esprit de synthèse et d'analyser. Certains collègues acceptent la reproduction intégrale des cours et la notent largement ce qui constitue une atteinte à l'identité scientifique de l'université. D'un autre côté il y a certaines matières complémentaires qui gonflent les moyennes et permettent aux étudiants de réussir même s'ils n'ont pas de bonnes notes dans les matières de base. Cette situation exige à notre sens une consultation nationale approfondie de toutes les parties concernées sans exclusion.
La Tunisie est le pays de tous les Tunisiens ce qui exige donc le dialogue entre toutes les parties : partis politiques, syndicats et composantes de la société civile. L'avenir ne peut être préparé en ne se basant que sur une seule conception.

- Mais quelles sont les causes de la baisse du niveau ?
- Le niveau baisse lorsque la motivation régresse et nous pourrons affirmer que les étudiants sont de moins en moins motivés. Ils pensent plus à l'avenir et aux problèmes du chômage qu'ils ne pensent à leur propre formation. Il faudrait donc envisager des solutions adéquates aux problèmes du chômage. Des solutions même partielles, mais urgentes pour redonner espoir aux étudiants.
résorber le chômage est le défi principal et capital de la Tunisie d'aujourd'hui et de demain. En trouver des solutions c'est éradiquer le désespoir qui est le père de tous les vices

- Aujourd'hui, les étudiants et les jeunes en général vivent une situation difficile qui peut engendrer les conséquences parfois dangereuses pour leur avenir et même pour la société qu'en pensez-vous ?
- Nous pensons que pour pouvoir agir dans l'intérêt de la Tunisie, il faut poser les problèmes délicats et épineux avec lucidité et objectivité.
Rien ne sert à cacher les problèmes ou à les nier.
Car cette pratique ne peut nullement servir l'intérêt du pays. La jeunesse tunisienne souffre de plus en plus du problème du chômage et surtout les diplômés du supérieur. Nous avons actuellement environ 90 mille diplômés en chômage.
En plus cette jeunesse est sous encadrée elle est livrée à elle même face aux offres des fondamentalistes et des extrémistes. Il n'y a pas un travail en profondeur pour encadrer cette jeunesse et immuniser contre le désespoir et l'angoisse. Nous n'avons pas l'impression qu'il existe des programmes culturels, politiques et sociaux d'encadrement des jeunes.
Il n' y a pas non plus d'investissements matériels suffisants pour rémotiver les jeunes. Or la jeunesse est la garantie de l'harmonie de la société et de l'avenir. cette situation doit inéluctablement inciter l'Etat, les partis et les associations à penser à un partenariat politique et civilisationnel en faveur de la jeunesse. Ce partenariat peut-être concrétisé par une stratégie nationale qui cible les esprits et les cœurs de la jeunesse pour la rémotiver et l'immuniser contre le désespoir, la frustration et surtout l'embrigadement extrémiste. Abstraction faite de toutes les divergences idéologiques ou politiques entre le pouvoir et les partis, l'intérêt de la jeunesse et par là du pays, exige qu'il ait ce partenariat si l'on ne veut pas reproduire certaines catastrophes qu'avaient connues et connaissent certains pays voisins et lointains.

Interview réalisée par
Néjib SASSI

" Nos étudiants ne sont plus motivés pour la lecture et l'assiduité comme ce fut le cas pour leurs aînés "

" Une massification de la réussite qui atteint dans certaines structures plus de 80% "

" La résorption du chômage surtout des jeunes est le défi principal et capital pour la Tunisie d'aujourd'hui et de demain "


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