Chafik Jarraya condamné en appel à seize ans de prison    Hattab Ben Othman : aucun lien avec les affaires Belaïd et Brahmi, selon son ex-avocate    Décès de Hamadi Hachicha : un grand pionnier des assurances en Tunisie    PGH détient désormais près de 30% du capital de SAH-Lilas via JM Holding    Parmi 3600 étudiants de 90 établissements: Enactus TBS Champion de Tunisie    Tunisie : une application numérique pour déclarer vos devises avant le départ    La Biat renforce le développement à l'international des entreprises tunisiennes grâce à une garantie de 50 millions de dollars accordée par la BAD    Cérémonie de remise des diplômes 2025 : l'UPES célèbre l'excellence et la diversité    Une récolte céréalière prometteuse: les prévisions tablent sur une production dépassant 19 millions de quintaux    Italie: plusieurs blessés suite à une grave explosion dans une station service à Rome    Le club égyptien Al-Ahly en stage de préparation à Tabarka    Enfants à la plage : une proposition de loi sanctionne les parents négligents    Vers un durcissement des peines pour vol : les députés sortent l'arsenal pénal    Postes vacants dans les collèges pilotes: la moyenne de 14/20 refusée comme seuil minimum d'admission    Baignades : La protection civile met en garde contre les chocs thermiques    Pluies enregistrées en Tunisie : relevé des dernières 24 heures par gouvernorat    Les portes de l'enfer s'ouvrent au paradis : De l'épître du pardon d'Al- Ma'arrî, de la divine comédie de Dante    L'Iran rouvre son espace aérien aux vols intérieurs, internationaux et de transit    BEI : la moitié des PME tunisiennes exporte de façon irrégulière    Cette astuce rafraîchit votre voiture en 30 secondes... sans clim !    En vidéos : la joie des jeunes médecins après la conclusion d'un accord avec le ministère de la Santé    Vague de chaleur : L'heure à laquelle vous fermez vos volets peut sauver votre été    Dhafer Sghiri dénonce le blocage des travaux parlementaires    Californie : un incendie de forêt se propage rapidement dans le comté de San Luis Obispo    Festival de Hammamet : tolérance zéro contre la revente illégale    Le Festival international de Bizerte lève le voile sur les premières têtes d'affiche de sa 42e édition    Festival de Hammamet : tout ce qu'il faut savoir sur l'achat des billets    Séville : La Tunisie propose la conversion de dettes en projets de développement    Où étudier en France en 2025 ? Le top des villes pour les étudiants tunisiens    La Tunisie met en avant sa vision lors des dialogues approfondis sur l'éducation transnationale du British Council    Diogo Jota est mort : choc dans le monde du football    L'attaquant international de Liverpool Diogo Jota perd la vie dans un terrible accident de la route    Projet FEF Horizon Recherche : Vers une évaluation renforcée de la recherche scientifique en Tunisie    Météo en Tunisie : cellules orageuses au nord et centre et vent de sirocco au sud    USM : Faouzi Benzarti jette l'éponge et quitte le club    Glissements de terrain à Sidi Bou Saïd : Lancement d'un plan d'urgence    Recevant la Cheffe du gouvernement au Palais de Carthage : Saïed réaffirme l'indépendance totale des décisions tunisiennes    Nucléaire : l'Iran suspend officiellement sa coopération avec l'AIEA    Dougga le 5 juillet : NOR.BE et 70 musiciens en live dans le théâtre antique    Les Etats-Unis cessent la livraison d'armes à l'Ukraine : Kiev vacille, Moscou à l'affût    Spinoza, Dieu et la nature à l'épreuve du Big Bang: vers une métaphysique cosmique    Tournoi scolaire de football 2025 : l'école primaire Al Mansourah à Kairouan remporte la finale nationale    Décès de Mrad Ben Mahmoud : Un photographe de grand talent nous quitte    Il ne fait rien... et pourtant il est payé : le métier le plus déroutant du monde    Trump tacle Musk sur le montant des subventions qu'il touche    Vient de paraître - Paix en Palestine: Analyse du conflit israélo-palestinien de Mohamed Nafti    Wimbledon : Ons Jabeur contrainte à l'abandon après un malaise sur le court    Wimbledon 2025 : Ons Jabeur face à Viktoriya Tomova au premier tour    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Tunis – Kasserine en moins de deux heures
Publié dans Le Temps le 05 - 12 - 2014

La Tunisie, depuis l'époque carthaginoise a été divisée en deux régions et deux espaces complémentaires potentiellement sur le plan économique, mais en déséquilibre permanent sur les plans politiques et administratifs.
Carthage la punique et phénicienne, a été une civilisation « côtière » ou « sahélienne », maritime, basée sur le commerce. Rome après « Zama » et la fin des guerres puniques, a donné le statut de « proconsulaire », à la Tunisie ce qui équivaut à un statut de large autonomie interne avec une souveraineté extérieure limitée et une défense sous protectorat romaine. Mais, la Tunisie romaine était continentale et pas seulement maritime.
D'où ces chefs-lieus importants en Tunisie profonde et dont on peut citer Makthar (Maktaris), Bulla-régia du côté de Béja, Thuberbo-Majus (El Fahs), Douga (à Téboursouk), Sufeïtila (Sbitla, à Kasserine), El Jem, et Gafsa pour se prolonger en Numidie Libyenne et Leptis Magma la capitale de Caracalla Empereur de Rome.
Des empereurs comme les « sévères » ont largement doté l'arrière-pays, de routes carrossables du nord au sud, de pistes agricoles et de périmètres irrigués dont les traces sont encore ineffaçables. C'est cette famille romaine carthaginoise qui a construit le deuxième Colisée du monde romain et cet amphithéâtre splendide et majestueux d'El Jem.
Développement régional
Depuis, nous avons vécu des cycles de développement régional inégal et de centralisation de pouvoirs et de hiérarchies influentes dans les capitales côtières du fait de la nature, plus hospitalières au niveau climatique, et plus arrosée dans ces régions. Finalement, la Tunisie côtière et phénicienne a presque toujours été plus attirante à l'exception de la conquête arabe qui a fait de Kairouan, bien continentale, le siège du pouvoir aghlabide pendant un peu plus d'un siècle. Mais, encore une fois, l'exception confirme la règle !
La dynastie husseinite n'a pas dérogé à cette loi du climat et de la nature et a vécu en période de sécheresse et de disettes de nombreuses insurrections dont la fameuse révolte de Ali Ben Ghedhahom en 1864, puis celle de Omar Ben Othman en 1906 à Thala et Kasserine. A chaque fois qu'il y avait zèle dans la collecte des impôts, ou atteintes aux libertés et pouvoirs locaux, le pays se mettait à feu et à sang avec des répressions dramatiques et violentes. Même Kheireddine, général en disgrâce a été rappelé par Sadok Bey pour mater la révolte de 1864.
L'Etat national moderne après l'indépendance a tenté de circonscrire le phénomène en opérant une large extension du développement régional grâce au tourisme, à la politique hydraulique des barrages et des périmètres irriguées et une politique de décentralisation industrielle un peu plus timide certes, mais encourageante, avec la création de zones industrielles dans la plupart des gouvernorats.
Mais, cet élan, a été totalement freiné par le déficit des 23 années du pouvoir « Ben Ali ». Le modèle économique s'est rabattu sur le parasitaire et surtout l'immobilier et le commerce parallèle. Les régions sont entrées en phase, d'hibernation et de sommeil avancé avec l'accumulation de l'exode vers les villes côtières surtout la capitale qui est en passe de devenir aussi un modèle réduit de la Tunisie profonde dans ses quartiers périphériques surpeuplés, où le chômage est très prononcé et où l'infrastructure minimale du bien être collectif est défaillante.
La Révolution est partie de là et mais le pire, c'est que la transition qui a bouclé pratiquement ses quatre ans, n'a pas avancé d'un pouce pour changer l'amère réalité des régions.
Tribalisme
C'est pour cela que n'importe quel discours mobilisateur et passionnel, nous ramène forcément au point de départ du régionalisme, voire même du tribalisme d'autres époques révolues. Re-pire encore, certaines autres régions mieux loties ont connu une dégradation importante à tous les niveaux et comme le dit le proverbe arabe : Aujourd'hui, (Rabbouha... Wahed), et toutes les régions ont atteint un haut degré « d'égalité » par le bas et non vers le haut à savoir une détérioration quasi-généralisée.
Le prochain exécutif doit être solidaire au plus haut point, pour remettre à niveau le pays et engager des projets d'envergure dans les régions. Cela doit commencer par les routes, les chemins de fer et toutes les voies de communication pour fédérer l'Ouest avec l'Est et réconcilier la Tunisie punique avec la Tunisie romaine des profondeurs.
Pour cela, on ne peut qu'y aller à fonds « perdus » mais rentables sur le futur, pour redonner vie à des régions riches en terre et en eau, mais totalement, coupées de la mer et ses attraits. Imaginez des trains TGV qui relieraient le Kef à Tunis, Siliana à Nabeul, Kasserine à Kairouan et Sousse, Gafsa à Gabès et Remada à Jerba et Sfax, puis Tunis, la Tunisie respirerait et vivrait autrement. On peut travailler le matin au Kef et dîner à Sousse ou à Hammamet le soir même. Le train de Mulhouse et Strasbourg à l'extrême Est de la France vers Paris, couvre la distance de 600 km en moins de deux heures. Alors pourquoi pas Kasserine-Tunis, en moins de deux heures.
Le Bordeaux-Paris fait à peine 2h et quart alors pourquoi pas le Gabès-Tunis !
Entre Ben Ali et la transition c'est quelque part 27 ans, de déficit régional accumulé ! Avouez que c'en est trop !
Il est grand temps de faire redémarrer le train Tunisie... et au plus vite !
K.G


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.